mercredi 8 juillet 2009

Burmese - Potop / split LP























Historiquement ce split album est sorti avant le 25 centimètres Colony Collapse Disorder. Et il est tout aussi bon, du moins sur sa face Burmese. Publié grâce à deux labels aussi obscurs l’un que l’autre -le macédonien Fuck Yoga records et l’allemand Crucificados Pelo Sistema- ce disque est vraiment un curieux objet, à la pochette taillée n’importe comment dans du gros carton et retenue par un obi avec des inscriptions en alphabet cyrillique (?). Dessus on croit même pouvoir déchiffrer une indication dont on devine qu’elle nous révèle que ce disque est un tirage limité à 600 exemplaires (цєна : 600 дєнари). La photo qui s’étale sur le recto et le verso est granuleuse au possible et d’un morbide oscillant entre une salle d’attente dans un sanatorium pour petites vieilles anorexiques ou l’antichambre du laboratoire d’analyses expérimentales du professeur Josef Mengele.
La face Burmese est tout aussi horrifique que cette image de mort. La musique y est déconstruite, passant du punk braillé (à la Drunk With Guns) du premier titre à quelques surprises chargé d’un faux silence inquiétant avec quand ça redémarre toujours ce sens du grind du pauvre comprenant blasts au rabais et ambiance fond de garage. Du cru et du dru dont les variations d’intensité et de propos rendent la musique de Burmese de plus en plus passionnante, instinctivement dangereuse et à la limite de l’inécoutable. A la limite seulement puisque après ces huit titres de no wave grind, industrielle, tribale, dissonante, fracassée et apocalyptique on arrive à se relever d’entre les morts pour écouter la deuxième face de ce split LP.
De l’autre côté Potop (originaire de Macédoine) se contente de deux longs morceaux. Une longue intro chargée de larsens de guitares grésillantes, une batterie dont on espère qu’elle ne va pas conduire tout ça sur un énième plan doom/sludge des cavernes… l’accélération semble arriver lentement, se transformant elle-même en seconde intro : la musique de Potop est construite par paliers non sans une certaine grandiloquence digne d’un groupe de black metal au ralenti (un groupe de post hard core obscurantiste ?) et avec un son tout dégueu et violemment acide qui donne mal à la tête. Descriptif certes encourageant mais on s’emmerde rapidement face à tant de tergiversations et d’hésitations -ira ? ira pas ?- et finalement Potop fait du surplace. Sympathique et trop attendu/entendu. Et ça ce n’était que le premier titre. Le second est plus direct et classique mais tout aussi banal et fade, les salades racontées par ces macédoniens ne intéressent vraiment pas. Burmese = 10/10 ; Potop = 4/10.