Numbness. Littéralement engourdissement ou paralysie. C’est le nom qu’a choisi Nadja pour son nouveau disque. Ou plutôt pour l’un de ses nouveaux disques puisque après la compilation de reprises (When I See The Sun Always Shine On TV) et avant la parution d’un Clinging To The Edge Of The Sky que l’on nous annonce déjà comme très différent de ses prédécesseurs (hum), Nadja propose une compilation de raretés et/ou d’inédits sur le label japonais Happy Prince. Je vais avoir du pain sur la planche si je veux un jour chroniquer tous ces disques, d’autant plus que parallèlement Aidan Baker a multiplié les (bons) enregistrements en solo.
Dans un format cartonné plutôt réussi -que les techniciens du disque dénomment avec cette horrible appellation de digisleeve- Numbness est très loin d’être un album bouche-trou pour fan only. Six titres, une heure de Nadja pur jus et presque rien à jeter. Evidemment le collectionneur moyennement enragé (mais tout de même consciencieux) des enregistrements du duo canadien connaîtra déjà trois titres sur six mais qu’importe. C’est parti pour l’inventaire des forces en présence.
Dans un format cartonné plutôt réussi -que les techniciens du disque dénomment avec cette horrible appellation de digisleeve- Numbness est très loin d’être un album bouche-trou pour fan only. Six titres, une heure de Nadja pur jus et presque rien à jeter. Evidemment le collectionneur moyennement enragé (mais tout de même consciencieux) des enregistrements du duo canadien connaîtra déjà trois titres sur six mais qu’importe. C’est parti pour l’inventaire des forces en présence.
Veil Of Disillusion est initialement paru sur la compilation Shadows Infinitum chez Crucial Bliss/Crucial Blast en 2004 et c’est un titre honnête de Nadja, à l’attaque lourde et pesante, chargé de nappes de saturations grésillantes mais qui ne surprend pas. Du Nadja 100 % vrai de vrai qui finit par décoller paresseusement. Autre titre issu la même année d’une autre compilation (The Holidays Masterpiece sur Blod records), God Rest Ye Merry Gentlemen est un second instrumental assez simpliste (un riff en boucle peu à peu contrarié par les surcouches stratosphériques déployées par Aidan Baker) et efficace, plus rentre dedans que son prédécesseur. Avec le troisième titre Long Dark Twenties on est dans le vif du sujet. On a déjà longuement parlé de cette chanson publiée en single au cours de l’année 2008 et reprise sur When I See The Sun Always Shine On TV - ici les notes nous indiquent une slightly extented 7’’ version et j’ai vérifié, tout est vrai, il y a près de deux minutes répétitives de plus à la fin et de pop song avachie Long Dark Twenties passe au stade de séance d’hypnose judicieusement alourdie, on ferme les yeux mais pas pour dormir.
Alien In My Own Skin est un titre complètement inédit (il en fallait au moins un) qui poursuit la veine metal et brosse à chaussures que Nadja se plait à explorer de plus en plus, sorte de My Bloody Valentine avec ce nigaud de Justin Broadrick à la place de ce branleur de Kevin Shields. Time Is Our Desease est un extrait d’un split à trois - oui ça existe - partagé avec Atavist et Satori et publié à l’occasion de concerts en commun. On reprend la même formule que sur Alien In My Own Skin mais en y ajoutant l’épaisseur et la part d’ombre qui manquaient. Résultat Time Is Our Desease (dont on jurerait qu’il a été enregistré à l’aide d’un batteur) se transforme en déambulation crépusculaire - celle qui nous impose de porter une petite laine parce qu’il fait un peu froid - avant un final à rebours avec la voix de Baker qui prend ses airs de gros monstre enroué (fallait pas oublier l’écharpe en plus de la petite laine) et un alourdissement significatif des guitares s’éternisant dans un final maximal et métallo-psychédélique comme je les aime. Fais tourner. Dernière plage, Numb est un long titre à l’origine disponible en format digital uniquement (beurk) mais repris comme bonus track sur la récente et excellente réédition de Corrasion par le non moins excellent label Basses Fréquences. Magie du mastering ou autre (pressage du vinyle de piètre qualité ?), les vingt minutes hypnotiques de Numb prennent ici un sens tout différent - sur Corrasion le titre manquait de dynamique et peinait à dépasser le stade de l’exercice de style. On redécouvre donc ce Numb dont le riff de base se décale imperceptiblement, foutrement voyageur alors que quasiment identique tout du long. La ligne de basse (?) est énorme et on finit par focaliser dessus, comme si rajouts électroniques, crissements de guitare et enluminures diverses rebondissaient sur sa surface sans jamais pouvoir l’atteindre. On comprend donc mieux pourquoi cet album a été intitulé Numbness : Ce dernier titre finit par s’embourber (dans le bon sens du terme) ou plus littéralement s’engourdir dans un flot magmatique de saturations qui est l’éternel marque de fabrique de Nadja. Toute la magie du duo fonctionne une nouvelle fois à plein.