samedi 11 avril 2009

Nadja / When I See The Sun Always Shines On TV























Impossible de savoir ce qui passe par la tête d’un chanteur/groupe lorsqu’il décide d’enregistrer un album de reprises alors que jusqu’ici il ne se consacrait qu’à ses propres compositions. Entre l’hommage appuyé et la perte d’inspiration aucune réponse n’est satisfaisante, disons que la réponse est aussi facile que le (faux) problème est insoluble. Cette question c’est encore le symptôme du complexe d’infériorité du rocker face au jazzeux ou au musicien de musique classique qui sont avant tout des interprètes. Le rocker n’est qu’une merde sauf s’il arrive à déballer ses tripes sur un parterre de notes dont il a lui-même accouché. Ah bon. Pourtant il y a bien des gugusses incapables d’imaginer un accord et/ou un mot et qui battissent toute une carrière en interprétant ceux des autres. Il y a bien au sein d’un même groupe des musiciens qui composent et d’autres qui se contentent de jouer, tout le monde est content, s’engueule et éventuellement se tape dessus et ça roule très bien ainsi. Non, la vraie question c’est le résultat et dans 90 % des cas le résultat est une catastrophe, que ce soit un album de reprises d’origine diverse enregistrées intégralement par un même groupe ou l’épineuse question du tribute album avec différents contributeurs où là on frise presque systématiquement le grand n’importe quoi.
Lorsque Aidan Baker a annoncé que Nadja publiait un album de reprises intitulé When I See The Sun Always Shines On TV sur The End records, cela n’a strictement rien eu de surprenant. La discographie du groupe regorge de reprises (exemple récent : celle de One Hundred Years de Cure sur Coal Fire, désastreuse compilation/hommage au groupe de Robert Smith publiée par Fear Drop et sauvée in extremis du naufrage par Nadja et Savage Republic reprenant The Hanging Garden) et tout le monde sait bien qu’Aidan Baker est un grand fan de musique. Non seulement il n’arrête pas d’en jouer -et d’en enregistrer…- mais surtout il n’arrête pas d’en écouter. When I See The Sun Always Shines On TV est donc à prendre comme la compilation d’un mec qui a mis dedans quelques uns des morceaux préférés de ses groupes favoris d’adolescent. Après, ça fonctionne ou pas.
Faisons quelques statistiques. Il y a huit titres sur ce disque. Je connais (et aime) quatre d’entre eux dans leurs versions originales : Only Swallow de My Bloody Valentine, No Cure For The Lonely des Swans (existe déjà en version live), Dead Skin Mask de Slayer et Faith de The Cure. J’en connais et déteste un : The Sun Always Shines On TV de A-HA. Je ne connais pas et n’ai pas envie de connaître davantage Pea de Codeine et Needle In The Hay d’Elliot Smith. Reste la reprise de Long Dark Twenties déjà enregistrée par Nadja et publiée en single, sympathique mais anecdotique. Après écoutes, le résultat est inversé ou presque. Seule la reprise de Slayer -ralentie, étirée, évaporée- est excellente. Celles d’Elliot Smith, de My Bloody Valentine et de Long Dark Twenties suscitent un minimum d’intérêt. Celles de Codeine, Swans et A-HA sont totalement dispensables. La version enregistrée de Faith est décevante mais on y revient quand même. Non seulement parce qu’à la base ce titre est tout simplement formidable mais surtout parce qu’on se demande pourquoi Nadja rate le coche, passe à côté d’une réinterprétation magique et se contente de shoegazer la musique des Cure tout comme ce cher Robert se crêpe la touffe avec de la laque monoprix. Alors on imagine ce que Faith aurait pu donner.
A partir de là, When I See The Sun Always Shines On TV est un disque agréable, une parenthèse, une pochade, la marotte/lubie d’un musicien redevenu gamin. On pense également aux titres des chansons que Nadja aurait pu reprendre à son compte, les chansons avec lesquelles Aidan Baker aurait pu commettre quelques éclats (pas des éclats de voix, la sienne est toujours aussi diaphane et plate) ou réussir quelques exploits. Moi, j’aurais bien vu son groupe reprendre How Soon Is Now ? -la prochaine fois peut être.