mercredi 22 avril 2009

Brutal Truth / Evolution Through Revolution























Voilà. On vient à peine de se remettre d’un premier trimestre 2009 passé sous la domination inflexible et sans faille du Time Waits For No Slave de Napalm Death que Brutal Truth pointe déjà le bout de son nez. On pensait avoir eu son compte de grind, de death machin truc, de blasts et de hardcore supersonique et on se retrouve avec Evolution Through Revolution entre les mains, entre les oreilles. Et on en redemande. Cela fait dix ans que les américains n’avaient rien publié (excepté des rééditions et trois ou quatre titres prometteurs sur la compilation This Comp Kills Fascists à l’automne dernier). Brutal Truth est désormais bel et bien reformé, redonne des concerts depuis deux ans et s’est trouvé un nouveau guitariste en la personne d’Erik Burke (Kaliba, Sulaco -ce dernier groupe existant encore) en remplacement de Brent McCarthy.
En publiant Evolution Through Revolution, Relapse redore au passage considérablement un blason quelque peu émoussé par ses récents choix artistiques contestables pour ne pas dire lamentables (le label semble d’ailleurs en pleine crise : lorsque on commande un disque directement à son mailorder, on a droit à un deuxième disque gratuit à choisir dans le back catalogue…) et va même pouvoir bénéficier d’une doublette infernale puisque Agorapocalypse d’Agoraphobic Nosebleed est sorti le même jour.
Dès l’attaque de Sugardaddy, on comprend que Brutal Truth dans sa version 2009 est dans une forme resplendissante, plus puissant (on parle de metal là), plus brutal (sic) et plus en colère que jamais. Les papys font de la résistance. Les textes de Kevin Sharp sont à l’avenant, autant de crachats à la gueule de tout le monde qui en prend pour son grade et question voix, notre barbu n’a jamais été aussi vindicatif et enragé, reléguant Barney de Napalm Death au rang de roquet hystérique (OK j’exagère un peu : on peut regretter que le chant de Sharp soit désormais aussi linéaire et qu’il n’utilise plus du tout les alternances entre growls et hurlements de troll castré).
Mais si Brutal Truth est en si grande forme, c’est surtout parce qu’il ne manque rien aux vingt compositions formant Evolution Through Revolution -dont une reprise à se pisser dessus de Bob Dylan Wrote Propaganda Songs des Minutemen. Tout y passe avec ce groupe de grind deuxième génération (premier album Extreme Conditions Demand Extreme Responses publié en 1992, une éternité, faut il le rappeler) qui à son époque avait redonné un sérieux coup de jeune à un genre déjà limité dans son essence même. Ici c’est un vrai festival, que ce soit au niveau des rythmes imposés par ce fada de Rich Hoak (les amateurs de ralentissements s’il y en a iront directement voir du côté de Detached et surtout de Grind Fidelity) que des structures (le plan très death au milieu de Powder Burn). Les riffs en montagnes russes sont énormes, comme celui très hard core de la deuxième partie de Fist In Mouth, un titre sur lequel Brutal Truth démontre toute son habileté à générer le chaos (il y a un break stupéfiant juste avant le riff précité) et à s’en sortir, plus aiguisé que jamais.
C’est ça le son grind de Brutal Truth, l’alliage du hard core tout ce qu’il y a de plus intransigeant avec des influences metal tranchantes -à l’image du bassiste Dan Lilker qui n’est quand même qu’un gros métallurgiste et il est amusant de constater qu’au contraire il passait toujours pour le pounk de service dans les groupes de thrash (ou autre) dans lesquels il jouait. Le grind moderne d’il y a quinze ans de Brutal Truth est logiquement devenu un grind nostalgique -nostalgique comme les vieux fans du groupe- mais une nouvelle fois, avec un genre aussi codifié et balisé, comment aurait il pu en être autrement ? Nostalgique ou pas, rabâché ou non, tout ceci fonctionne parfaitement : brutal as fuck.