Je n’avais au départ aucunement l’intention de parler du dernier album de Sonic Youth. Dernier et non pas nouveau parce que cela me ferait particulièrement mal au cœur d’affirmer qu’il y a quelque chose de nouveau dans The Eternal. Quelle importance me direz vous puisque il y a tant de groupes qui ont bâti toute leur carrière sur les deux ou trois mêmes idées. Oui mais ça c’est juste bon pour un vulgaire groupe de rock’n’roll or voilà Sonic Youth n’a jamais été et ne sera définitivement jamais un groupe de rock’n’roll (même s’ils avaient essayé de nous le faire croire à l’époque de Goo et de Dirty). Thurston Moore and C° n’ont jamais eu cette intention en choisissant ce nom ridicule qui leur allait si bien parce qu’il résumait parfaitement la posture arty du groupe lors de sa création en 1981 -en résumé des ex étudiants en art alors âgés de 23 à 28 ans (presque des papys et mamies au milieu de tous les jeunes hard coreux de l’époque) avec un concept terroriste directement issu de la no wave et de ses errances (genre la grandiloquence d’un Glenn Branca). Tout comme ce nom a continué à coller à Sonic Youth lorsque celui-ci s’est aventuré du côté de l’épure puis de l’épique avant de plonger tête la première dans ses racines velvetiennes. On ne peut pas en vouloir à un groupe qui de son premier et très moyen disque sans titre (en 1982) à l’indigeste Washing Machine (1995) n’a pas publié deux fois de suite le même enregistrement tout en faisant évoluer une identité. Il y a un immense fossé entre Confusion Is Sex (1983) et Washing Machine mais cette évolution était cohérente, lumineuse et nourrissante. A prendre ou à laisser.
L’idée généralement acceptée qui affirme que Sonic Youth a continué d’évoluer et de se bonifier et le continuera parce que le groupe a eu la présence d’esprit d’opérer la scission entre son côté pop et clair et son côté expérimental et obscur est complètement fausse. La série des enregistrements estampillés Sonic Youth records a débuté en 1997 et depuis le groupe multiplie -et publie- toujours plus les collaborations avec improvisateurs doués (Mats Gustafsson) ou bruiteurs émérites (Masami Akita). D’un côté nous avons donc les gentils Sonic Youth, bons parents et voisins fréquentables, et de l’autre les méchants Sonic Youth, terroristes sonores citrouillés jusqu’à minuit tapantes, après il faut retourner se coucher little trouble girl. Le problème est que cette schizophrénie musicale ne fonctionne pas. Les albums classiques de Sonic Youth sont de plus en plus redondants et plats. Les enregistrements expérimentaux du groupe sont très rarement bons. Les new-yorkais sont depuis trop longtemps dans une impasse bien trop confortable pour qu’ils puissent souhaiter en sortir. Pas grave me direz vous. Non, effectivement, ce n’est pas très grave. Les mécontents comme moi peuvent toujours aller se faire récurer les oreilles ailleurs.
Et ce The Eternal alors ? Il comporte son lot de gimmicks comme Mark Ibold (un ancien Pavement) dans le rôle du bassiste sympathique qui pallie au départ du nain Jim O’Rourke (1999 - 2005) ou cette grande idée d’inclure des harmonies vocales -comme si Kim Gordon et Thurston Moore n’avaient jamais chanté ensemble dans leur cuisine en faisant la vaisselle. Admettons que The Eternal inclut un songwriting largement au dessus de la moyenne actuelle dans la catégorie indie pop, exception faite des deux derniers titres, le très ennuyeux Walking Blue (chanté par un Lee Ranaldo sous prozac) et l’(inter)minable Massage The History. Si cet album s’était arrêté après son onzième titre (No Way), The Eternal aurait peut être obtenu la moyenne générale*. Ce disque laisse une impression très désagréable d’avoir sa dose de Sonic Youth light en intraveineuse. Il laisse également cette impression qu’historiquement il ne sera pas le dernier album du groupe et que malheureusement Sonic Youth est encore capable de nous en pondre quelques autres comme celui-ci. Rendez vous est pris dans deux ou trois ans à la terrasse d’un bistrot pour la désormais traditionnelle menthe à l’eau.
Et ce The Eternal alors ? Il comporte son lot de gimmicks comme Mark Ibold (un ancien Pavement) dans le rôle du bassiste sympathique qui pallie au départ du nain Jim O’Rourke (1999 - 2005) ou cette grande idée d’inclure des harmonies vocales -comme si Kim Gordon et Thurston Moore n’avaient jamais chanté ensemble dans leur cuisine en faisant la vaisselle. Admettons que The Eternal inclut un songwriting largement au dessus de la moyenne actuelle dans la catégorie indie pop, exception faite des deux derniers titres, le très ennuyeux Walking Blue (chanté par un Lee Ranaldo sous prozac) et l’(inter)minable Massage The History. Si cet album s’était arrêté après son onzième titre (No Way), The Eternal aurait peut être obtenu la moyenne générale*. Ce disque laisse une impression très désagréable d’avoir sa dose de Sonic Youth light en intraveineuse. Il laisse également cette impression qu’historiquement il ne sera pas le dernier album du groupe et que malheureusement Sonic Youth est encore capable de nous en pondre quelques autres comme celui-ci. Rendez vous est pris dans deux ou trois ans à la terrasse d’un bistrot pour la désormais traditionnelle menthe à l’eau.
* je vais faire comme les webzines, magazines et blogs qui notent les disques comme à l’école : The Eternal = 4.5/10