dimanche 17 mai 2009

Agoraphobic Nosebleed / Agorapocalypse



















Le label Relapse prétend qu’Agorapocalypse est seulement le deuxième album d’Agoraphobic Nosebleed en dix ans. Un rapide tour sur la page discographie du site officiel du groupe permet de se rendre compte que Frozen Corpses Stuffed With Dope date déjà de 2002 et que Honky Reduction date effectivement du siècle dernier (1997). Il ne faudrait donc pas prendre en compte l’énorme Altered States Of America (2003) qui est considéré comme un mini album (pressé en CD sur un format 3 pouces ou en vinyl 10 pouces) bien qu’il ne contienne pas moins de 99 titres -oui : quatre vingt dix neuf et ça ne dure que 20 minutes… C’est d’ailleurs là l’une des deux marques de fabrique d’Agoraphobic Nosebleed. On ne peut à ce niveau même plus parler de trépidation compulsive, d’hystérie maladive, d’hypertension supersonique, non Agoraphobic Nosebleed a été le groupe le plus rapide et ne même temps le plus dense du monde, frôlant le millier de bpm, donnant la nausée avec tant de débordement de violence digitale. Ce genre d’acrobaties étant bien sûr rendues possibles uniquement grâce à l’utilisation d’une boite à rythmes (deuxième marque de fabrique d’Agoraphobic Nosebleed, ce qui a valu au groupe l’appellation peu scrupuleuse de cyber grind par tous les mecs qui portent des lunettes).
Deuxième album en dix ans, soit. Pourtant les étagères du grindeux fanatique du groupe en sont pleines de disques d’Agoraphobic Noisebleed, puisque le groupe n’arrête pas de publier singles, split, mini LP en tous genres. Une vraie débauche d’activité là aussi. C’est justement avec ces dernières parutions (le décevant split album avec Apartment 213, le single partagé avec les excellents Total Fucking Destruction) que l’on a commencé à se rendre compte qu’Agoraphobic Nosebleed était en pleine mutation, mutation dont on peut dater les premiers symptômes à partir d’A Clockwork Sodom. Agoraphobic Nosebleed n’est donc plus tout à fait ce groupe qui réussissait à faire rire en faisant peur. Le band de Springfield (dans le Massachusetts, le même bled que Killswitch Engage ou Onslaught -hum) a changé la donne, s’est assagi (presque), a au bout du compte perdu une part certaine de son originalité dévastatrice. Pourtant Agorapocalypse n’est pas un mauvais album, loin de là.
A de rares exceptions près, l’utilisation d’une boite à rythmes n’apporte plus rien de différent à la musique du groupe. Avec les progrès techniques et surtout en ce qui concerne le metal et ses dérivés, une boite à rythmes sonne parfaitement comme un batteur d’autant plus que maintenant les batteurs sonnent comme des boites à rythmes (et ne parlons pas de ceux qui utilisent des triggers, suivez mon regard…). Donc Agoraphobic Nosebleed aurait un vrai batteur que cela ne changerait pas grand-chose -et il y a même un pseudo solo de batterie très étonnant à la fin de Question Of Integrity.
Agorapocalypse
ne contient que treize titres pour une petite demi heure de musique. C’est fini l’outrance carnassière, c’est fini les blasts inhumains, fini les breaks thermonucléaires, Agoraphobic Nosebleed a dilué son grind hallucinogène et déviant vers un metal certes hors normes mais plus axé sur le développement à tiroir des titres -c’est plus abordable, plus propre voire plus mélodique (!) même si cela reste complètement foutraque sur de nombreux passages. Dans cette entreprise de reconstruction le duo/noyau dur du groupe composé du guitariste/producteur Scott Hull et du Hurleur Jay Randall est épaulé par le bassiste (?)/chanteur Richard Johnson (également membre de Enemy Soil) et par la chanteuse Katherine Katz (que l’on retrouve chez les doomeux de Salome). Pour se faire une idée de la virulence employée par celle-ci, on peut directement se rendre à la neuvième piste, Trauma Queen.
Alors que retient-on de ce Agorapocalypse ? Un metal ultra colérique, chaotique, débordant d’énergie hard core, amoureux de ce bon vieux thrash (Timelord Zero qui démarre comme Hit The Lights) et surtout de Slayer (cité à de nombreuses reprises), des soli de guitares aussi pourris que ceux de Kerry King et toujours un nombre impressionnant de riffs et d’idées au mètre carré, celles-ci sont juste mieux exploitées sur la longueur. Et que l’on se rassure, les splits et singles mentionnés au début montraient un ralentissement de la musique d’Agoraphobic Nosebleed mais ici -certes les rythmiques sont extrêmement variées- l’adrénaline est toujours au rendez-vous.
L’artwork est dans le plus pur style de Florian Bertmer tandis que chaque titre a été illustré par José Carrasquillo -un tatoueur de Springfield lui aussi- avec un humour parfois assez proche de celui d’Anal Cunt (Flamingo Stuff).