mardi 12 mai 2009

Grey Daturas / Barren Planet























Battons le fer tant qu’il est encore chaud : le souvenir de l’énorme concert donné par les Grey Daturas est encore tellement vivace et fort qu’il est impossible de résister à la tentation de le prolonger de manière quelque peu artificielle en se jetant sur les enregistrements du groupe. Tentative vouée à l’échec disons le tout de suite, rien ne semblant pouvoir restituer toute l’intensité des australiens sur scène. On s’enfile un gramme de paracétamol pour le mal de tête, on fait passer la dose avec une bonne rasade de schnaps pour en même temps noyer son chagrin et on jette malgré tout son dévolu sur le single -trois cents exemplaires numérotés à la main- mis spécialement en vente pour la tournée européenne de Grey Daturas par Heathen Skulls, le propre label du groupe (on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, etc).
Le visuel reprend celui du poster officiel lequel se retrouve également sur le t-shirt créé pour l’occasion (il y a de la suite dans les idées) c’est à dire une belle datura bien épanouie, la datura étant une plante réputée vénéneuse et chargée en alcaloïdes -un truc vachement plus efficace que le paracétamol, nous y revoilà. La face B de ce single n’est pas gravée : on y trouve uniquement le logo en lettrage gothique de Grey Daturas et -la bonne blague- on peut lire sur le verso de la pochette : side b - Grey Daturas (de la suite dans les idées peut être mais surtout un humour de 2).
On s’en fout, on retourne la galette pour écouter Barren Planet (littéralement planête désertique ou stérile, un hommage au Mer Morte de Monarch! ?) enregistré peut on lire encore une fois sur le verso de la pochette au mois de mars 2009 c'est-à-dire peu de temps avant que les Grey Daturas n’embarquent pour cette tournée. Le rythme est lent, la basse est d’une lourdeur infaillible et la guitare shootée à la fuzz satanique fait inlassablement tourner le même riff de derviche drogué avant de partir à une vitesse consciencieusement ralentie mais sûre d’elle-même -c’est comme dans L’Homme Qui Valait Trois Milliards : lorsque le bioman de service se met à courir comme un dingue derrière le gros méchant qui tente de fuir au volant d’un bolide lancé bien au delà des limitations de vitesse imposées par la loi, l’image passe automatiquement au ralenti pour donner au téléspectateur l’illusion de ce sentiment d’ivresse surhumaine provoquée par un pouvoir à la fois hors normes et scientifique- oui, donc, la guitare s’envole vers de nouveaux horizons stratosphériques avec la grâce d’un somnambule réfractaire à toute psychothérapie en route vers le prochain accident corporel domestique et, franchement, qu’est ce que c’est bon. Bon mais beaucoup trop court, cette tranche de vie distillée par les Grey Daturas s’arrêtant tout net ou comme si. Taille et vitesse (45 rpm) de la galette oblige. A écouter absolument très fort et plusieurs fois de suite si les symptômes persistent.