Le désamour profond entre Nick Cave et ses vieux fans -voir l’insupportable Dig!!! Lazarus, Dig!!!- n’empêche pas de conserver une oreille discrète sur les nouveaux (?) méfaits du bonhomme. Ainsi Mute records entreprend de rééditer l’intégrale des albums des Bad Seeds en commençant par les quatre premiers : From Her To Eternity (1984), The Firstborn Is Dead (1985), Kicking Against The Pricks (1986) et Your Funeral… My Trial (1986). On est en droit de trembler -autant de bonheur que d’appréhension- car avec ces quatre albums nous tenons le carré d’as de Nick Cave & The Bad Seeds, des enregistrements séminaux, les Tables De La Loi, rien que ça. From Her To Eternity, premier album, celui des tâtonnements et des tentatives qui se sont vite révélées géniales. Un véritable cauchemar de noirceur et de désespérance. The Firstborn Is Dead et sa relecture de l’essence blues ou Nick Cave reprenant à son compte quelques idées de génie de Jeffrey Lee Pierce et du Gun Club sans jamais lui avoir rendu la monnaie de sa pièce. Kicking Against The Pricks, l’album de reprises aussi disparates qu’inattendues, alliant la pure sauvagerie (I’m Gonna Kill That Woman de John Lee Hooker) et balades sirupeuse (Something’s Gotten Hold Of My Heart, une sucrerie pop so british de la fin des années 60), préfigurant dès 1986 ce qu’allait devenir les Bad Seeds des années 90, un backing band de luxe pour un crooner de moins en moins destroy. Your Funeral… My Trial, enfin, le plus beau de tous et finalement le plus sombre. Le premier album des Bad Seeds que j’ai acheté et écouté (mais on s’en fout).
Comme toutes les rééditions -définitives, ultimes, deluxe, bref…- qui fleurissent depuis ces dernières années sur le marché du disque et dont le but avoué est de relancer un peu les ventes dans un secteur même plus en crise tellement il semble s’être définitivement effondré, celles des Bad Seeds sont en deux CDs. Sur le premier on retrouve l’album original dans une version remasterisée (?) et sans aucun bonus. C’est le grand avantage de telles rééditions : les titres supplémentaires ont cette fâcheuse tendance à dénaturer l’intention première d’un disque… c’était particulièrement vrai dans le cas des premières éditions CD de From Her To Eternity coupées en plein milieu et encadrées par le single In The Ghetto b/w The Moon Is In The Gutter -deux titres certes excellents mais n’ayant rien à voir avec cet album, pas le même son ni la même production déjà, et publiés à l’origine entre celui-ci et l’album d’après The Firstborn Is Dead (la version maxi 45 tours de Tupelo, single tiré de The Firstborn Is Dead, comprend d’ailleurs In The Ghetto et The Moon Is In The Gutter ce qui était bien plus logique). Avec cette réédition on a à nouveau le plaisir d’écouter From Her To Eternity sans cet ajout malencontreux, comme à la bonne vieille époque du LP que rien ne pourra certes remplacer question restitution sonore.
Comme toutes les rééditions -définitives, ultimes, deluxe, bref…- qui fleurissent depuis ces dernières années sur le marché du disque et dont le but avoué est de relancer un peu les ventes dans un secteur même plus en crise tellement il semble s’être définitivement effondré, celles des Bad Seeds sont en deux CDs. Sur le premier on retrouve l’album original dans une version remasterisée (?) et sans aucun bonus. C’est le grand avantage de telles rééditions : les titres supplémentaires ont cette fâcheuse tendance à dénaturer l’intention première d’un disque… c’était particulièrement vrai dans le cas des premières éditions CD de From Her To Eternity coupées en plein milieu et encadrées par le single In The Ghetto b/w The Moon Is In The Gutter -deux titres certes excellents mais n’ayant rien à voir avec cet album, pas le même son ni la même production déjà, et publiés à l’origine entre celui-ci et l’album d’après The Firstborn Is Dead (la version maxi 45 tours de Tupelo, single tiré de The Firstborn Is Dead, comprend d’ailleurs In The Ghetto et The Moon Is In The Gutter ce qui était bien plus logique). Avec cette réédition on a à nouveau le plaisir d’écouter From Her To Eternity sans cet ajout malencontreux, comme à la bonne vieille époque du LP que rien ne pourra certes remplacer question restitution sonore.
Les bonus sont donc ailleurs. Sur le deuxième disque. Mais le gros hic c’est que ce deuxième disque est un DVD ! Quel intérêt ? Sur ce DVD on retrouve l’intégralité de chaque album mixé en 5.1, ouais le son qui va bien sur ton home studio avec l’effet dolby surround comme au cinéma, le bonheur de l’autisme des spectacles modernes. Inutile de dire qu’écouter des disques au son aussi cru et fort que celui de From Her To Eternity, The Firstborn Is Dead ou Your Funeral… My Trial avec une technique de mixage/restitution de son digne d’un live stadier de Pink Floyd ou de Coldplay est un non sens complet en plus d’être une arnaque supplémentaire à la consommation. Sinon, tous les titres bonus présents auparavant sur les précédentes éditions CD -en plus de ceux dont nous avons déjà parlé à propos de From Her To Eternity il y avait The Six Strings That Drew Blood sur The Firstborn Is Dead, Black Betty et Running Scared sur Kicking Against The Pricks et enfin Scum sur Your Funeral… My Trial- sont également présents sur le DVD. On ajoute quelques vidéos d’époque parfois à hurler de rire (comme celle de In The Ghetto) et on a presque fini le tour.
Presque parce qu’il y a également un documentaire intitulé Do You Love Me Like I Love You divisé en autant de parties qu’il y a d’albums et constitué d’interviews de personnages plus ou moins célèbres parlant de l’importance qu’a eu pour eux chaque album concerné. On comprend parfaitement la présence de Mick Harvey, de Rowland S. Howard ou de Jim Thirlwell. On comprend un peu moins celle de Dave Gahan qui à part raconter qu’il avait failli se foutre sur la gueule avec les mecs de Birthday Party lors d’un concert n’a pas vraiment grand-chose d’intéressant à dire. Jamais non plus je n’aurais reconnu Gavin Friday (non il n’est pas mort) et Flood -ingénieur du son et producteur sur les quatre albums- apparaît sous un jour inédit, loin du faiseur de son boursouflé pour U2 ou Depeche Mode, la lueur qui s’allume au fond des yeux de ce gars là lorsqu’il parle de Nick Cave et de ses Bad Seeds donne chaud au cœur. Certain(e)s autres intervenant(e)s me sont totalement inconnu(e)s, visiblement des adolescent(e)s à l’époque et interviewé(e)s uniquement au sujet de leurs jeunes émois musicaux ou des membres du following des Bad Seeds (une tour manageuse, un photographe prétentieux). En résumé il n’y a rien dans ces quatre tronçons d’un quart d’heure qui ne relève pas de l’anecdotique ou de la nostalgie. Il est aussi amusant de constater que beaucoup y parle de Nick Cave indirectement, à la troisième personne du singulier, sans le nommer, comme s’il était Dieu. Heureusement que les Dieux sont comme les rois que l’on décapite : il est parfaitement autorisé de brûler leurs effigies. Mais pour l’autodafé il faudra attendre encore quelques albums. Disons jusqu’à Let Love In, premier disque des Bad Seeds à mériter le lance-flammes.
Presque parce qu’il y a également un documentaire intitulé Do You Love Me Like I Love You divisé en autant de parties qu’il y a d’albums et constitué d’interviews de personnages plus ou moins célèbres parlant de l’importance qu’a eu pour eux chaque album concerné. On comprend parfaitement la présence de Mick Harvey, de Rowland S. Howard ou de Jim Thirlwell. On comprend un peu moins celle de Dave Gahan qui à part raconter qu’il avait failli se foutre sur la gueule avec les mecs de Birthday Party lors d’un concert n’a pas vraiment grand-chose d’intéressant à dire. Jamais non plus je n’aurais reconnu Gavin Friday (non il n’est pas mort) et Flood -ingénieur du son et producteur sur les quatre albums- apparaît sous un jour inédit, loin du faiseur de son boursouflé pour U2 ou Depeche Mode, la lueur qui s’allume au fond des yeux de ce gars là lorsqu’il parle de Nick Cave et de ses Bad Seeds donne chaud au cœur. Certain(e)s autres intervenant(e)s me sont totalement inconnu(e)s, visiblement des adolescent(e)s à l’époque et interviewé(e)s uniquement au sujet de leurs jeunes émois musicaux ou des membres du following des Bad Seeds (une tour manageuse, un photographe prétentieux). En résumé il n’y a rien dans ces quatre tronçons d’un quart d’heure qui ne relève pas de l’anecdotique ou de la nostalgie. Il est aussi amusant de constater que beaucoup y parle de Nick Cave indirectement, à la troisième personne du singulier, sans le nommer, comme s’il était Dieu. Heureusement que les Dieux sont comme les rois que l’on décapite : il est parfaitement autorisé de brûler leurs effigies. Mais pour l’autodafé il faudra attendre encore quelques albums. Disons jusqu’à Let Love In, premier disque des Bad Seeds à mériter le lance-flammes.