jeudi 25 octobre 2007

A Clockwork Sodom

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Agoraphobic Nosebleed a tout de l’antithèse d’un groupe comme Kongh (par exemple) puisque le but de ces braves gens est de jouer le plus vite possible en un minimum de temps : le mini album (?) Altered States Of America (formidable jeu de mots et critique féroce à la fois) n’atteint pas les vingt deux minutes et ne comporte pas moins de 99 -oui, quatre vingt dix neuf- titres, ouch, gravés sur un minuscule CD de trois pouces. C’est vrai que pour ça ils trichent puisque pas mal de morceaux qui s’enchaînent ne pourraient au demeurant n’en constituer qu’un seul et puis surtout la batterie n’en est pas une mais une boite à rythmes, d’ailleurs si un jour un groupe arrive à atteindre le stade mythique du 666 bpm ce sera bien Agoraphobic Nosebleed et sa machine à beat, le groupe qui a sûrement inventé le grind core cybernétique et digital.
Le label hollandais Garden Of Exile, spécialisé dans le gros qui tache, a publié cette année un nouveau single d’Agoraphobic Nosebleed, A Cloclwork Sodom : un vinyle blanc qui ne comporte que quatre morceaux, le tout est proposé dans une pochette et avec un titre qui détournent Orange Mécanique de Kubrick -nos amis espèrent peut être une fois de plus jouer dans la démonstration de l’ultra violence musicale.












Pourtant le label a prévenu : attention les gars, c’est un nouveau visage d’Agoraphobic Nosebleed que vous allez entendre maintenant, avec des morceaux longs qui dépassent les deux minutes, des constructions alambiquées, du cérébral et du définitif, soit. Donc si je compte bien cela fait en tout huit minutes de musique puisqu’il y a quatre titres. Mais si j’en crois aussi ce que j’ai entendu la première fois que j’ai posé le disque sur la platine, Agoraphobic Nosebleed a plutôt viré laborieux, pataud, pâteux, bas du cul et tétraplégique, en clair je me suis emmerdé et même la boite à rythme avait l’air d’avoir été programmée par les mecs de New Order. J’espérais un peu en fait du Altered States Of America mais au lieu que cela soit découpé en trente six tranches de grind inoxydable je pensais découvrir du monobloc avec compartiments de rangement à l’intérieur pour tous les plans de guitare hallucinants que Scott Hull nous lâche habituellement.
La réponse est non, Agoraphobic Nosebleed a tapé dans l’agonisant pathétique et c’est en remettant le disque dans sa pochette -avec la ferme intention de ne pas le réécouter de sitôt- que je me suis rendu compte que le pathétique c’était bien moi : sur l’étiquette était imprimé 45 rpm et non pas, enfin bref, j’ai tout de suite remis ce disque à la bonne vitesse pour ne pas mourir idiot, quel aveu. Et alors ? Sans aller au delà des extrêmes auxquels Agoraphobic Nosebleed nous a déjà habitué, le groupe -qui montre tout de même un sacré effort dans la construction de ces quatre titres, pour un peu je jurerais qu’ils ont trop écouté de rock progressif ces derniers temps- ne lâche rien de sa violence coutumière, libératrice comme on dit (oui, c’est un cliché) et donc là c’est moi qui en redemande. Encore ? C’est presque chose faite puisque Agoraphobic Nosebleed a également un nouveau split en compagnie de Total Fucking Destruction (ça promet) et encore un autre avec Apartment 213 -il n’y a pas à dire, la boite à rythme, ça conserve.