samedi 20 octobre 2007

Monarch!, Abronzius et affichage libre (la suite...)

.
Le concert de cette semaine, du moins celui jusqu’auquel j’ai réussi à me traîner, avait pour affiche Abronzius et Monarch!. La seule et unique raison pour laquelle j’ai fait le déplacement vendredi soir était pour le groupe de Bayonne : Monarch! est capable de remplir un double CD avec seulement trois titres, a des disques sur des labels aussi bons que prestigieux (Throne, Crucial Blast, Rise Above…) et utilise des visuels enfantins qui épaississent un mystère bien entretenu. C’est aussi l’un des groupes actuels les plus lents et les plus lourds que je connaisse -du moins sur disque et justement j’étais assez curieux de voir et d’entendre comment ces quatre jeunes gens s’en sortaient en concert, in vivo veritas.
Comme d’habitude, lorsque j’arrive à la salle, les Monarch! eux ne sont pas encore arrivés, je comprends qu’ils tournent depuis une heure en ville et qu’ils se sont perdus -la malédiction continue. Ils débarquent bientôt en même temps que quelques caisses de disques, une distro indépendante va tenir un stand pendant le concert avec des disques (vinyle ou CD) au prix moyen de cinq euros -il n’y a pas que les gens pauvres qui téléchargent leur musique sur internet.
Le premier groupe est un duo -composé de Marion d’Overmars et de Tiphaine d’Overmars lui aussi et ex Sun God Motel- électro/bidouille très dark et finalement assez goth. Ils utilisent quelques vieux synthés (dont un magnifique Moog fraîchement et finement restauré), un peu de matériel plus contemporain (pour les rythmes, assez rares et les samples) et il y a également des voix, saturées, noyées sous une tonne d’effets, braillées. Cela me fait penser à beaucoup de (vieilles) choses à la fois mais à rien de précis non plus, ce qui veut dire qu’il y a une réelle volonté d’originalité, du dépoussiérage de vieux poncifs eighties, de l’implication et du rentre dedans mais je reste à l’extérieur, de moins en moins attentif et démotivé par un son qui n’arrive pas à s’extraire de la brouillasse et dans lequel j’ai du mal à discerner les différents éléments -je regrette surtout qu’il n’y ait pas plus de basses qui me donnent des fourmis dans les pieds avant de remonter le long du dos.






















Des basses je vais en avoir avec Monarch!. Entre les deux groupes la sono ne diffuse que des vieilleries (le premier album de Davy Jones Locker par exemple), puis c’est au tour du Slam King de Zeni Geva (sur l’album Maximum Money Monster) et des Swans avec Body To Body/Job To Job -je me demande si c’est fait exprès, peut être histoire de mettre avec humour un peu la pression sur Monarch! mais en tous les cas je constate qu’il faut toujours que j’aille à un concert pour pouvoir réécouter des vieux disques.
Les quatre de Bayonne installent leur matériel, deux tonnes d’amplis de chaque côté sur le devant de la scène, le batteur au fond, guitariste et bassiste jouant à même le sol devant la scène tout comme la chanteuse. Même en étant au troisième rang je n’arrive pas à tout voir en même temps, c’est que ces jeunes gens sont encore plus petits que moi et que quelques têtes devant me donnent de récurrentes envies de tronçonneuse -mais avec les habituels mouvements de concert tout s’arrangera rapidement. Les Monarch! font un live check, commence un titre puis s’arrêtent, reprennent, etc et cela semble durer une éternité. La salle est déjà plongée dans le noir et le public est massé devant la scène. J’ai cette impression qu’ils vont finir par se barrer, que c’est une blague. Le début du concert est très lent, plein de fréquences résonnantes, du drone de guitare et de basse pimenté par quelques larsens assassins qui vrillent les oreilles, Monarch! instaure une sorte de liturgie très dense pleine de gestuelle. Lorsque cela semble s’accélérer un peu et que le batteur se met en action, la musique du groupe se mue en une force libératrice et explosive, atteignant un pallier dont elle ne bougera plus -c’est un peu la limite de ce groupe qui, une fois passée la montée en puissance du début, n’arrive pas à passer à un stade encore supérieur mais je sais m’en contenter et apprécie cette fin de concert univoque et solidifiée avant un arrêt brutal du son. Il n’y a pas de rappel.

Quelques nouvelles concernant l'affichage libre à Lyon : les personnes gérant le Sonic ont reçu une convocation du tribunal de justice pour le 20 décembre. L’audience concernera une plainte déposée par la mairie de Lyon à propos de trois affiches collées en avril 2007. L’amende maximum encourue est de 500 euros par affiche. D’autres plaintes seraient en cours, pour beaucoup plus d’affiches, collées après avril 2007. Si le Sonic est condamné à tout payer il sera purement et simplement contraint de fermer ses portes et de déposer son bilan. Ainsi disparaîtra l’un des rares lieux lyonnais où on peut diffuser et entendre de la musique qui sort des sentiers battus. La mairie de Lyon -en se contentant du strict minimum légal prévu par la loi française au sujet de l’affichage libre (mise à disposition de panneaux…)- continue sa politique de nivellement culturel par le bas et de consommation de produits de masse à rayonnement de pacotille. Il est de plus en plus difficile de faire entendre sa voix dans une ville (un pays ?) où l’uniformisation culturelle rejoint les préoccupations sécuritaires et populistes. Au mois de mars auront lieu les élections municipales : est ce que la mairie de Lyon va également porter plainte contre les militants socialistes qui colleront sur tous les murs de la ville des portraits géants de Gérard Collomb alors candidat à sa réélection ? Ville propre, sombre époque.