Après une petite poignée de singles bien sentis Future Of The Left publie son premier album chez Too Pure et même si j’ai tendance à trouver que les petits formats conviennent mieux au groupe, Curses peut sporadiquement faire diablement du bien par où il passe : du rock simple, direct, mélodique (mais pas putassier) qui cependant ne s’inscrit pas totalement dans la lignée de McLusky. De ces derniers on retrouve le chanteur/guitariste et le batteur, ils se sont adjoints un troisième larron, bassiste et également chanteur -ce qui fait que les voix sont partagées sur ce disque, souvent elles sont même doublées. On y retrouve également un peu des mêmes influences musicales, quoique de façon beaucoup moins flagrante : il y a fort heureusement moins de Pixies dans la musique de Future of The Left, mais il y a aussi moins de Jesus Lizard. Dommage.
Je n’ai jamais été un grand fanatique des Pixies, une des très grosses influences de feu McLusky, influence nettement en retrait dans la musique de Future Of The Left, mais paradoxalement je préfère quand même l’ancien groupe au nouveau -malgré donc l’ombre de l’autre gros couillon de Franck Black et de ses pop songs soi-disant surréalistes. Qu’est ce qui a réellement changé entre les deux groupes ? Peut être un peu plus de pub-rock braillard et potache (ces garçons sont gallois, et alors ?), des claviers discrets mais efficaces, des influences seventies plus que fin eighties/noisy et sûrement une moindre capacité à pondre la bonne mélodie qui tue dès la première écoute, la suite d’accords qui emballe sans préavis et envoie directement l’auditeur visiter le nirvana des rockers sans prétention. Curses est un album qui a ses fulgurances (ce sont souvent les titres des singles déjà parus tels The Lord Hates A Coward ou l’éternel Adeadenemyalwayssmellsgood) mais aussi ses gros points noirs et ses trous d’air (le très pop punk Suddenly It’s A Folk Song) qui irritent un peu. Plusieurs écoutes sont donc nécessaires avant de se laisser persuader que Curses est bien ce qu’il prétend être c'est-à-dire un disque d’honnêtes faiseurs qui travaillent dur et utilisent quelques recettes classiques et éculées -les voix doublées, donc, mais aussi un son de basse bien en avant et bien ronflant- mais qui se révèlent toujours aussi efficaces (Plague Of Onces).
Il y a un certain parfum de sueur et d’alcool chez Future Of The Left, du punk et du poil mouillé mais dès que l’attention (la tension?) retombe tout ce qui pouvait être pris pour des qualités commence à sentir le rance et le fatigué -qui dit transpiration dit forcément auréoles sous les bras. Heureusement cela ne dure jamais longtemps et peut même varier d’une écoute à l’autre : j’ai testé ce disque au lendemain de l’une de mes plus mémorables beuveries -une gnôle mystérieuse découverte dans le double fond du buffet de cuisine d’une grand-mère qui avait du en oublier l’existence secrète- et la musique de Future Of The Left m’est apparue aussi laide que mon état de délabrement physique était avancé. J’en ai déduit que Curses était de ces breuvages qui étourdissent plus qu’ils n’enchantent, libèrent un mauvais goût de reviens-y quand même mais ne laissent aucun souvenirs impérissables -j’ai directement repris un cachet qui fait pchitttt avant de remettre ma pauvre cervelle trouée sous un oreiller à l’abri de la lumière du soleil.