samedi 6 octobre 2007

Black metal : prétention et intellect

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Parlons un peu de metal (sans blague) avec le treizième -c’eux eux qui le disent- album de Darkthrone. L’illustration de la pochette est une véritable calamité, on dirait presque un vieux disque de Broken Bones et d’ailleurs le titre F.OA.D. a été emprunté au groupe de l’ancien guitariste de Discharge. Fuck Off And Die, donc. Vraiment les mecs ? Si on ajoute à ces références évidentes (même pour les sourds et les aveugles) que le second titre du disque s’intitule Canadian Metal (avec comme il se doit des paroles à la stupidité revendiquée) on ne peut que penser à Venom et son Canadian Assault. Voilà pour le folklore. Côté packaging on remarquera aussi l’édition spéciale avec poster et cartes postales des deux protagonistes, Fenriz et Nocturno Culto -on n’est pas très loin des bondieuseries vendues à Lourdes ou des assiettes à soupe en porcelaine avec la tête d’Elizabeth II dans le fond.
Cet album confirme tout le mal que Darthrone pense de son public -le côté rassurant c’est que s’ils continuent comme ça la réciproque sera vraie et définitive- puisque nos deux trolls des forêts norvégiennes s’imaginent que torcher un album puisant aussi bien dans Venom et Mötorhead que Discharge ou Bathory tout en affirmant prétentieusement leur suprématie sur le genre black metal suffit à faire d’eux des héros immortels. Hey les gars, c’est vous qui allez vous faire enculer.






















On poursuit avec SPEKTR (comme ça se prononce) et un mini album Mescalyne (comme ça s’écrit) faisant suite à deux albums publiés chez Appease Me et particulièrement remarqués : du black metal façon SPK ou Whitehouse, si c'est possible, du mouvant et de l’instable traversé aussi bien par des fulgurances dark que laminé par du poison industriel. Souvent passionnant, parfois longuet et décousu. Toujours maniéré.
Ce quatre titres est autrement plus condensé que ses prédécesseurs, il s’agit d’un mini album je l’ai déjà dit et il ne dure que vingt-deux petites minutes ce qui est largement suffisant. Suffisant ET nécessaire. Je m’explique : en écumant son bouillon -c'est-à-dire en limitant les plages ambiantes, en ne s’appesantissant pas trop sur les samples, en laissant de côté les passages faussement improvisés- Spektr a considérablement resserré son propos. Du coup d’autres défauts apparaissent comme cette complaisance vis-à-vis de la technologie, faire joujou avec les effets stéréo a vraiment du amuser le groupe mais à la longue c’est un peu fatigant.
Il y a aussi la référence encombrante à Henri Michaux et à ses écrits à propos de la mescaline (on s’en serait douté), je connais assez peu le sujet mais ce genre de procédé -que d’aucun appelle concept album- a tendance à me frisouiller le bulbe rachidien d’énervement. L’écrivain/poète/peintre est même dûment samplé et échantillonné sur la deuxième plage du disque, un comble pour un homme qui a toujours refusé de se laisser enfermé et catégorisé.
Mais tout ceci n’est que détails sans importance. A la différence de Blut Aus Nord qui sur son dernier album Odinist nous a fait le coup vieux comme le monde du retour aux sources, Spektr a préféré creuser son sujet et alourdir son propos. C’est assez captivant (donc) pour faire fi des remarques ci-dessus -auxquelles j’ajouterais un jeu un peu péniblement démonstratif de la part du batteur- cela suscite déjà des réactions vénérées comme des rejets excommunicateurs et c’est toujours assez amusant de voir comment certains essaient absolument de donner un sens, même abscons, à leur musique. En plus j’aime beaucoup ce son de guitare, très sec.