jeudi 18 octobre 2007

Maninkari

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Maninkari : une nouvelle formation composée de deux frères -ils jouaient auparavant dans un groupe du nom de Bathyscaphe (jamais écouté)- et un premier EP publié par Conspiracy records, on a déjà fait pire. Tout ça en attendant l’album, Le Diable Avec Ses Chevaux, prévu pour le 21 novembre toujours sur le même label. Soit une première fusée éclairante lancée dans le ciel pour illuminer le paysage alentours et donner quelques indications sur les intentions du duo, deux titres plutôt longs au programme (Psychoïde et Participation Mystic) et là soudain je me sens terriblement dans l’embarras, comment dire, qu’est ce que c’est que ça ? A priori (mais les a priori ce n’est pas mon genre, hein) Maninkari accumule tous les défauts qui vont me faire hurler de dégoût. J’ai toujours beaucoup de mal avec les polyrythmies tribalo-ethniques, la world musique mystique -tout ce qu’ont pu pondre les affreux Dead Can Dance une fois leurs débuts vaguement goth oubliés et après leurs vaines tentatives de pop médiévale- et l’usage de vieux instruments percussifs à cordes -le cymbalum originaire de l’Europe de l’Est comme son frère le santoor indien- ne m’inspire que méfiance. N’est pas Harry Partch qui veut.




















Ces deux titres sont indéniablement de toute beauté. Ils arrivent à conjuguer à la perfection bizarrerie musicale (aussi étrange qu’étrangère), répétitivité, violon fulgurant et tribalisme (mais sans le côté ethnographique du terme). Un peu comme si Tuxedomoon se mettait à faire des reprises de Zoviet France. Ou si Tony Conrad avait enregistré Outside The Dream Syndicate avec Harry Partch (décidément) et Arnold Dreyblatt plutôt que Faust comme backing band. Oui, je sais que j’y vais un peu fort dans les comparaisons, surtout en ce qui concerne Tony Conrad, alors parlons d’un résultat imagé et voyageur comme certains enregistrements de Narcophony ont pu l’être. Avec ses rythmes incompréhensibles et sa montée irrémédiable Psychoïde est le plus direct des deux titres et donne tout de suite le frisson, de plus le final est particulièrement inquiétant. Participation Mystic est plus latent et aérien (et plus long aussi, presque seize minutes) mais s’impose d’emblée, serpentant inlassablement et se retournant sans cesse sur lui-même tout en prenant de l’ampleur, une sorte de psalmodie répétitive principalement à base d’instruments à cordes et de percussions inhabituelles.
Pour finir, quarante deux minutes c’est pas mal comme longueur pour un EP même si celle-ci est malheureusement atteinte grâce à l’adjonction de deux remix. Le premier est signé Robin Rimbaud (aka Scanner et également guitariste au sein du très dispensable Githead aux côtés de Malka Spiegel et Colin Newman). Le garçon nous a emballé tout ça avec des violonades supplémentaires, cela devient vite indigeste et grandiloquent -Robin Rimbaud est aussi designer sonore (mais qu’est ce que cela veut dire ?) et depuis qu’il a prêté ses services pour une comédie musicale adapté d’un célèbre dessin animé, je trouve qu’il file un mauvais cotton. Le second remix est signé Justin Broadrick/Jesu qui lui a opté pour l’ajout d’un beat lysergique et de basses groovy. Il n’y a pas de révélation dans cette formule éculée mais personnellement j’apprécie assez ces transformations en musique pour drogués.