Abonnés aux CDr démos et autres cassettes live depuis de nombreuses années, les quatre Headwar ont mis du temps avant de publier leur premier album. Celui-ci, amoureusement intitulé Hôpital Torture Punition IV, revêt la forme d’un LP monoface gravé dans un beau plastique rouge nervuré et agrémenté d’une pochette qui sent bon la France des prolos en sursis de caniveau – celle qui se fait toujours insulter, mépriser puis courtiser et finalement avoir par les oligarchies. L’objet est alléchant, un peu comme l’était la pochette du Elle Avait Peut-être 19 Ans Mais Pour Moi Elle En Aura Toujours 12 d’A.H. Kraken à laquelle celle de Hôpital Torture Punition IV fait curieusement écho, pour ne pas dire qu’elle est soit son reflet inversé soit une image prise à un moment différent d’une même séquence, d’une même histoire. C’est Label Brique, le propre label d’Headwar, ainsi que Les Potagers Natures qui ont publié Hôpital Torture Punition IV. Fidèles à leur credo, les deux labels permettent en outre de télécharger librement et intégralement ce disque et bien d’autres choses encore.
Comme l’indique la toute petite photo superbement floue au recto de la pochette, le line-up d’Headwar comprenait cinq personnes pour cet enregistrement et cette cinquième personne est celle qui accompagnait (accompagne toujours ?) Nico et Karine d’Headwar sur le J’aurais Voulu Lui Dire Soyons Amis d’Hâche Tendre. A en croire les bruits de couloir les plus fous et les inévitables ragots qui circulent toujours dans les milieux autorisés à trainer sans rien faire et surtout à parler pour ne rien dire*, Headwar aurait mis un temps infini (une année) rien que pour mixer Hôpital Torture Punition IV, pourtant enregistré de longue date (en septembre 2009 comme semble également l’indiquer le recto de la pochette). Maniaquerie ? Sens du détail exacerbé ? Tout cela n’a pas grand intérêt… Ce qui compte, à l’écoute du résultat, ce sont les différences entre le Headwar qui nous scotche violemment en concert (comme il y a une année au Grrrnd Zero de Lyon et comme ce mois d’avril au Fuckfest à Mains d’Œuvre) et le Headwar dont on peut désormais écouter un disque, enregistré et pensé comme tel. Il y a évidemment de nombreux points communs : on reconnait les cavalcades frénétiques chères au groupe, les hurlements démentiels, les guitares inspirées par la no-wave, l’amour des dissonances, le tribalisme martelé mais Headwar semble avoir bien compris que ses enregistrements ne pourront jamais être les reproductions exactes de performances en concert complètement folles – et, à défaut d’avoir déjà vu le groupe en live, on vous conseille d’écouter ses différentes cassettes ou (mieux) d’aller faire un tour sur la page de Label Brique réservée aux téléchargements, il y a plein de concerts récents d’Headwar dont certains captés lors d’une tournée américaine cet hiver/printemps 2011.
Cela ne signifie pas que Hôpital Torture Punition IV soit un disque sage ou même plat. Bien au contraire. On tient un disque qui privilégie une certaine maîtrise, une écriture, une composition, des idées rajoutées – merci pour la tronçonneuse, ça faisait longtemps et ça fait toujours autant du bien – et donc une volonté évidente de bien faire (même si c’est en souhaitant faire très mal). On comprend mieux tout ce temps passé par Headwar avant de publier Hôpital Torture Punition IV et on se tord pour le résultat, alors que chaque écoute répétée du disque révèle de nouvelles trouvailles, détails ou inventions qui le rendent si passionnant sans jamais rogner sur sa folie originelle, son arithmétique désaxée et ses instincts béants.
A tout bien y réfléchir – même si « réfléchir » est un terme pour le moins inapproprié concernant une musique aussi épidermique et sensorielle que celle d’Headwar – le groupe, en peaufinant ses bandes pour trouver d’autres formules que celles avec lesquelles il opère en concert parce qu’il sentait sans doute qu’il ne parviendrait pas à les retranscrire telles quelles sur un enregistrement** – a, par des moyens différents mais convergents, retrouvé et dévoilé un peu plus de son identité propre et réellement unique. Ainsi, si l’expérience d’Headwar en concert est un moment incroyablement fort et dense à ne rater sous aucun prétexte, l’expérience offerte par Hôpital Torture Punition IV l’est tout autant et les deux finissent par se rejoindre loin, très loin, et surtout sans que l’on puisse finalement en préférer l’une à l’autre.
* et infesté de blogueur au chômage
** au contraire le dernier disque de La Race, groupe comprenant deux membres d’Headwar, semble avoir été enregistré comme une captation de concert mais la musique de La Race étant nettement plus primale, c’est bien la solution qui s’imposait… en comparaison Headwar se révèle ainsi bien plus sophistiqué que son côté crust apparent ne le laisserait supposer
Comme l’indique la toute petite photo superbement floue au recto de la pochette, le line-up d’Headwar comprenait cinq personnes pour cet enregistrement et cette cinquième personne est celle qui accompagnait (accompagne toujours ?) Nico et Karine d’Headwar sur le J’aurais Voulu Lui Dire Soyons Amis d’Hâche Tendre. A en croire les bruits de couloir les plus fous et les inévitables ragots qui circulent toujours dans les milieux autorisés à trainer sans rien faire et surtout à parler pour ne rien dire*, Headwar aurait mis un temps infini (une année) rien que pour mixer Hôpital Torture Punition IV, pourtant enregistré de longue date (en septembre 2009 comme semble également l’indiquer le recto de la pochette). Maniaquerie ? Sens du détail exacerbé ? Tout cela n’a pas grand intérêt… Ce qui compte, à l’écoute du résultat, ce sont les différences entre le Headwar qui nous scotche violemment en concert (comme il y a une année au Grrrnd Zero de Lyon et comme ce mois d’avril au Fuckfest à Mains d’Œuvre) et le Headwar dont on peut désormais écouter un disque, enregistré et pensé comme tel. Il y a évidemment de nombreux points communs : on reconnait les cavalcades frénétiques chères au groupe, les hurlements démentiels, les guitares inspirées par la no-wave, l’amour des dissonances, le tribalisme martelé mais Headwar semble avoir bien compris que ses enregistrements ne pourront jamais être les reproductions exactes de performances en concert complètement folles – et, à défaut d’avoir déjà vu le groupe en live, on vous conseille d’écouter ses différentes cassettes ou (mieux) d’aller faire un tour sur la page de Label Brique réservée aux téléchargements, il y a plein de concerts récents d’Headwar dont certains captés lors d’une tournée américaine cet hiver/printemps 2011.
Cela ne signifie pas que Hôpital Torture Punition IV soit un disque sage ou même plat. Bien au contraire. On tient un disque qui privilégie une certaine maîtrise, une écriture, une composition, des idées rajoutées – merci pour la tronçonneuse, ça faisait longtemps et ça fait toujours autant du bien – et donc une volonté évidente de bien faire (même si c’est en souhaitant faire très mal). On comprend mieux tout ce temps passé par Headwar avant de publier Hôpital Torture Punition IV et on se tord pour le résultat, alors que chaque écoute répétée du disque révèle de nouvelles trouvailles, détails ou inventions qui le rendent si passionnant sans jamais rogner sur sa folie originelle, son arithmétique désaxée et ses instincts béants.
A tout bien y réfléchir – même si « réfléchir » est un terme pour le moins inapproprié concernant une musique aussi épidermique et sensorielle que celle d’Headwar – le groupe, en peaufinant ses bandes pour trouver d’autres formules que celles avec lesquelles il opère en concert parce qu’il sentait sans doute qu’il ne parviendrait pas à les retranscrire telles quelles sur un enregistrement** – a, par des moyens différents mais convergents, retrouvé et dévoilé un peu plus de son identité propre et réellement unique. Ainsi, si l’expérience d’Headwar en concert est un moment incroyablement fort et dense à ne rater sous aucun prétexte, l’expérience offerte par Hôpital Torture Punition IV l’est tout autant et les deux finissent par se rejoindre loin, très loin, et surtout sans que l’on puisse finalement en préférer l’une à l’autre.
* et infesté de blogueur au chômage
** au contraire le dernier disque de La Race, groupe comprenant deux membres d’Headwar, semble avoir été enregistré comme une captation de concert mais la musique de La Race étant nettement plus primale, c’est bien la solution qui s’imposait… en comparaison Headwar se révèle ainsi bien plus sophistiqué que son côté crust apparent ne le laisserait supposer