Quatrième édition du Festival Expérience(s) au Périscope, suite et fin : après avoir raté le premier soir et aimé les concerts du deuxième, je pensais pourtant faire l’impasse sur la troisième et dernière soirée. Et finalement me revoilà, devant la salle, sans doute tenaillé par l’envie de revoir Kaumwald en concert et celle de découvrir Jeanne Added en solo… et puis voilà également une façon bien agréable de se laisser définitivement couler dans l’été – cette fois ci je sens bien que ce sera effectivement pour moi le dernier concert de cette saison.
Je me promets en outre de boire un peu moins de bières que la veille et je ne tiendrai uniquement parole que parce que je rencontrerai en ce samedi soir moins de connaissances personnelles que la veille et aurai donc moins d’occasions de payer/me faire payer une tournée. Au passage, la fréquentation du festival est restée très honorable, j’imagine que les organisateurs peuvent s’estimer contents et pourvu que cela leur donne envie de continuer et de remettre ça l’année prochaine…
Je me promets en outre de boire un peu moins de bières que la veille et je ne tiendrai uniquement parole que parce que je rencontrerai en ce samedi soir moins de connaissances personnelles que la veille et aurai donc moins d’occasions de payer/me faire payer une tournée. Au passage, la fréquentation du festival est restée très honorable, j’imagine que les organisateurs peuvent s’estimer contents et pourvu que cela leur donne envie de continuer et de remettre ça l’année prochaine…
En attendant je découvre que quelqu’un a installé son matériel à l’angle de la rue Delandine et de la rue Dugas-Montbel. On m’expliquera qu’il s’agit de Looper, un garçon qui s’amuse avec une guitare, des echoplex, des pédales, tables de mixage, etc. Ce qui est très drôle c’est la réaction des gens qui passent dans la rue et découvrent soudainement cet hurluberlu – il n’est rasé de près que d’un seul côté – semblant s’amuser comme un petit fou, en tous les cas bricolant entre bidouilles à la guitare et beats concassés.
J’attends patiemment qu’un automobiliste trop pressé rate de stupeur et malencontreusement le virage pour rejoindre la route menant à la voie rapide toute proche ou que la fille blonde qui tapine à moins de dix mètres de Looper se mette à danser sans raison apparente. Mais rien d’extraordinaire ne se produit, uniquement des abrutis qui klaxonnent parce qu’ils ne comprennent pas ce qu’il se passe et une relative indifférence, sauf de la part de quelques curieux et des copains du garçon qui se sont installés de l’autre côté de la rue sur des chaises pliantes et rigolent à chacune de ses nouvelles facéties. Un bon moment.
Cette attraction de rue à peine terminée, Kaumwald commence à jouer à l’intérieur du Périscope. Kaumwald c’est un duo de musique electro interprétée en direct, quelques sons ont été préenregistrés sur cassettes (de couleur, pour s’y retrouver dans le noir) mais c’est tout, le groupe s’aidant même de fiches pour l’avancement de ses compositions – la curiosité m’a ensuite poussé à aller jeter un coup d’œil dessus pour voir comment Kaumwald formalisait les structures de ses titres mais finalement je n’ai pas osé… Il faut dire également que les compositions du duo sont très longues – pas très loin du quart d’heure, Kaumwald en proposera trois – et le groupe n’hésitera pas à jouer inlassablement sur la répétitivité des rythmiques et des motifs.
Musicalement, le premier titre, au rythme plutôt rapide, fait plutôt penser à toute cette scène illbient/abstract hip-hop new-yorkaise dont tous les hipsters s’étaient entiché (à raison) dans les années 90, des choses comme DJ Olive, WE™ et Liminal (la B.O. de Nosferatu par exemple). On reconnait également ça et là quelques relents d’un Cabaret Voltaire primitif et un autre titre, bien plus lent et oppressant, fait davantage penser à Mick Harris/Scorn même si le travail sur les basses y est moins impressionnant. Kaumwald confirme donc et envisage même d’enregistrer un quatre titres, à suivre…
Arrive Jeanne Added et sa basse acoustique pour un concert en solo. On la connait pour son trio Linnake (un bon mini album chez Carton records) et on se laisse faire par cette forte personnalité, cette voix et cette retenue explosive – la façon de chanter de Jeanne Added fait en effet souvent penser à une bombe à retardement. C’est dans ce registre là qu’elle excelle, celui pour lequel elle a mis en musique des poèmes à l’émotion ténue mais palpable et que l’on pourra découvrir sur un premier album sur le point d’être enfin terminé. Un accompagnement sonore simple sur bandes intervient parfois, rompant avec la monotonie des sonorités de la basse.
Par contre lorsque Jeanne Added se lance dans une reprise de Nirvana (Stay Away me semble t-il) ou – pire – dans des reprises de Prince et flirte ainsi plus basiquement avec la chanson en oubliant, au gré de son interprétation, toute sa poésie fébrile, le résultat est nettement moins convaincant car l’écueil de la banalité n’est pas toujours évité. Autre problème : l’accompagnement à la basse montre parfois quelques limites, on en regrette d’autant plus que Jeanne Added n’ait pas joué en compagnie de son trio (surtout que son guitariste et son batteur étaient présents la veille puisque ayant joué avec IRèNE). Quoi qu’il en soit le public est ravi et conquis, réservant à Jeanne Added une ovation assurément méritée. Malgré ces quelques réserves, je reste plutôt subjugué par le mélange de volonté brulante et de trouble farouche qui émane de cette jeune femme.
Reste un dernier groupe, Poil, un trio de gugusses déguisés de manière loufoque (?), jouant du free rock déjanté et clownesque et que je ne suis absolument d’humeur à supporter, ce sont des choses qui arrivent. D’ailleurs je ne pense pas pouvoir un jour être en mesure d’aimer un groupe qui ferait passer les Molecules de Ron Anderson pour du Morton Feldman et qui singe à merveille les pitreries outrées des Monty Python (au mieux) ou de Fraggle Rock (au pire). J’évacue rapidement la salle alors que Poil se taille plutôt un franc succès – dommage que la veille Marvin n’ait pas eu droit au même genre d’accueil – et je regrette cette faute de goût (à mon sens) dans la programmation et cette fin de concert qui me gâche un peu mon petit plaisir d’auditeur égoïste. Tant pis.