On connait et on aime Aluk Todolo, groupe dont a déjà parlé à l’occasion de l’excellent album Finsternis, un disque dont on ne s’est toujours pas réellement remis. Ce printemps, Aluk Todolo a notamment publié un vinyle 10 pouces (intitulé Ordre), une cassette live et un album enregistré avec Der Blutharsch. Jusqu’ici on n’appréciait par contre que fort peu le groupe d’Albin Julius, renommé depuis quelques temps Der Blutharsch And The Infinite Church Of The Leading Hand et c’est donc avec une certaine curiosité mêlée d’hésitations en tous genres que l’on s’est laissé porter par un disque sobrement et fort justement intitulé A Collaboration. Mais les hésitations ne sont pas restées très longtemps à propos de ce disque publié sur WKN, le propre label d’Albin Julius.
Sans doute faudra t-il dorénavant faire un peu plus attention lorsque on reparlera de Der Blutharsch et peut-être faudra t-il même se lancer sans se poser davantage de questions dans l’écoute des derniers enregistrements en date du groupe, parait-il fortement teintés de psychédélisme (l’un des derniers va même jusqu’à s’intituler Flying High !) car A Collaboration semble transpirer tout entier de ce nouvel élan, à tel point que l’on n’y reconnait pas plus ce que l’on avait déjà entendu de Der Blutharsch que l’on n’arrive à clairement y identifier tout ce qui nous séduisait chez Aluk Todolo. Est-ce un mal pour autant ? Doit-on le regretter ? Absolument pas : A Collaboration est un album magnifique, car en plus il s’agit d’un vrai disque, pas d’un split (donc) ou d’un montage effectué à la va-vite à base d’échanges de fichiers son – si c’était pourtant le cas, alors l’illusion d’un travail collectif et fructueux en temps réel serait alors parfaite.
Peu de disques peuvent de targuer d’être à la fois lumineux et obscur sans tomber dans le concept de l’éclat maléfique (quelle horreur…) ou du mysticisme des profondeurs. A Collaboration, de part sa beauté formelle, ses équilibres sonores, son effort de composition, ses ambiances contrastées et ses perspectives instrumentales, relève pourtant effectivement de sentiments quasiment en élévation induisant une forte spiritualité. Or qu’importe ce que les auteurs d’A Collaboration ont réellement voulu y mettre – si tant est que rajouter du signifié fut leur intention première et profonde – car ces quatre plages inspirent cette posture terriblement humaine qui consiste, tout en revendiquant un athéisme assuré et certain, à se sentir attiré par le sacré. Là réside donc l’idée supérieure – ou plutôt : « en dehors » – d’A Collaboration, dans cette faculté à restituer un ailleurs mystérieux séduisant avant toute chose par et pour ses qualités insaisissables d’impermanence et d’atemporalité (on ne parlera pas de dématérialisation puisqu’il s’agit de musique et que cela tombe forcément sous le sens).
Avec ses quatre titres principalement instrumentaux – à l’exception du deuxième ou de quelques samples parsemant le troisième – on tient assurément avec A Collaboration l’un des albums les plus beaux du moment. Guitare, basse, batterie, orgue et synthétiseurs y font preuve d’une intensité à l’occasion épique et transcendée (à tel point que l’on ne peut plus parler ici de violence « sourde ») et dont la clairvoyance semble être le fait de cet équilibre spirituel – ou, si on préfère, signifiant, bien que, encore une fois, on ne sache pas réellement signifiant (de) quoi. La sensation de se faire littéralement posséder par quelque mystère reste ainsi des plus enivrantes.
Sans doute faudra t-il dorénavant faire un peu plus attention lorsque on reparlera de Der Blutharsch et peut-être faudra t-il même se lancer sans se poser davantage de questions dans l’écoute des derniers enregistrements en date du groupe, parait-il fortement teintés de psychédélisme (l’un des derniers va même jusqu’à s’intituler Flying High !) car A Collaboration semble transpirer tout entier de ce nouvel élan, à tel point que l’on n’y reconnait pas plus ce que l’on avait déjà entendu de Der Blutharsch que l’on n’arrive à clairement y identifier tout ce qui nous séduisait chez Aluk Todolo. Est-ce un mal pour autant ? Doit-on le regretter ? Absolument pas : A Collaboration est un album magnifique, car en plus il s’agit d’un vrai disque, pas d’un split (donc) ou d’un montage effectué à la va-vite à base d’échanges de fichiers son – si c’était pourtant le cas, alors l’illusion d’un travail collectif et fructueux en temps réel serait alors parfaite.
Peu de disques peuvent de targuer d’être à la fois lumineux et obscur sans tomber dans le concept de l’éclat maléfique (quelle horreur…) ou du mysticisme des profondeurs. A Collaboration, de part sa beauté formelle, ses équilibres sonores, son effort de composition, ses ambiances contrastées et ses perspectives instrumentales, relève pourtant effectivement de sentiments quasiment en élévation induisant une forte spiritualité. Or qu’importe ce que les auteurs d’A Collaboration ont réellement voulu y mettre – si tant est que rajouter du signifié fut leur intention première et profonde – car ces quatre plages inspirent cette posture terriblement humaine qui consiste, tout en revendiquant un athéisme assuré et certain, à se sentir attiré par le sacré. Là réside donc l’idée supérieure – ou plutôt : « en dehors » – d’A Collaboration, dans cette faculté à restituer un ailleurs mystérieux séduisant avant toute chose par et pour ses qualités insaisissables d’impermanence et d’atemporalité (on ne parlera pas de dématérialisation puisqu’il s’agit de musique et que cela tombe forcément sous le sens).
Avec ses quatre titres principalement instrumentaux – à l’exception du deuxième ou de quelques samples parsemant le troisième – on tient assurément avec A Collaboration l’un des albums les plus beaux du moment. Guitare, basse, batterie, orgue et synthétiseurs y font preuve d’une intensité à l’occasion épique et transcendée (à tel point que l’on ne peut plus parler ici de violence « sourde ») et dont la clairvoyance semble être le fait de cet équilibre spirituel – ou, si on préfère, signifiant, bien que, encore une fois, on ne sache pas réellement signifiant (de) quoi. La sensation de se faire littéralement posséder par quelque mystère reste ainsi des plus enivrantes.