jeudi 14 juillet 2011

Burmese / Lun Yurn




On a toujours gardé un œil sur Burmese, ne serait-ce qu’en évoquant le split que le groupe a publié en compagnie de Potop ou le très bon mini album Colony Collapse Disorder mais ces deux disques datent déjà de plus de deux ans... Depuis Burmese a enregistré Lun Yurn, paru ce printemps sur le label de Weasel Walter, ugEXPLODE (pour la version CD uniquement, le LP est disponible avec une pochette noire ou grise chez Rock Is Hell). Le groupe serait déjà en train de mettre en boite un nouvel album, alors on n’aura donc peut être même pas le temps d’encaisser et de digérer confortablement Lun Yurn, l’un des disques les plus monstrueux publiés depuis bien longtemps.
Le line-up du groupe comprend toujours Mike Green et Mike Glenn aux basses (ils sont également les deux pères fondateurs de Burmese) ainsi que Weasel Walter et Mark Small aux batteries. N’oublions pas non plus le chant qui contre toute attente est le fruit des entrailles de C. Tissue, une japonaise qui a l’air tellement tranquille dans le civil que vous n’hésiteriez pas à l’engager comme baby-sitter et à lui confier vos enfants pour un soir. Grave erreur ! Mlle Tissue est un véritable démon et si jusqu’ici vous pensiez que Katherine Katz d’Agoraphobic Nosebleed ou que Emilie Eurogirl de Monarch! étaient, chacune dans leur genre, absolument insurpassables alors il va vous falloir rapidement réviser votre jugement : avec C. Tissue un nouveau pallier dans l’innommable et l’insondable a été franchi car, même sans savoir que la personne responsable de ces cris inhumains et borborygmes terrifiants est une fille, ce chant vous colle une nausée et une frousse difficilement maîtrisable – d’ailleurs on s’était fait avoir sur Colony Collapse Disorder, disque sur lequel C. Tissue était déjà présente…
Si on a souvent comparé Burmese à un mélange de grind core, de noise foutraque et même (pouquoi pas) d’indus avec des relents de punk ou de metal, on doit bien également avouer que toute tentative de descriptif se révèle incomplète et donc inexacte au sujet de ce qu’il faut bien appeler un cas très à part. Plutôt que de s’évertuer à trouver des comparatifs et des appellations, il est préférable de se concentrer – si on en a encore la force après l’écoute des douze titres de Lun Yurn – sur les effets déclenchés par une musique répulsive qui relègue à la fois tous les groupes pseudo haineux et tous les groupes déclarés frappadingues de la planète au rang de joyeux plaisantins et de mauvais clowns. Il n’y a aucune hésitation à avoir : Burmese est bien le groupe le plus malade et terrifiant du moment et sa musique rotative, concassée, broyée, épileptique et fissionelle est d’une folie sans partage et vous pulvérise, vous lamine, vous annihile et vous détruit autant que possible.
Le seul avantage du CD sur le vinyle c’est parfois les titres en plus en dans le cas de Lun Yurn il s’agit plus précisément d’un bonus track de près de 45 minutes qui à lui tout seul rempli plus de la moitié du disque. Bien qu’il s’agisse sûrement d’un montage effectué en studio, on y retrouve tout Burmese mais sous la forme d’un chaos sans discontinuité ni répit, une centrifugeuse tortionnaire ou un processus de désintégration/reconstruction sans fin et hors-normes : sorte de ressac maléfique et de flux crématoire, Burmese rivalise grâce à ce dernier titre avec un Khanate qui se serait mis en tête de faire une reprise longue durée de Terrorizer en appliquant le sens du chaos d’un To Live And Shave In L.A. Aussi bizarre que cela puisse paraitre, l’intégralité de Lun Yurn et en particulier ce treizième titre est aussi hypnotique que sujet à l’accoutumance, il démontre un caractère aussi monolithique qu’imposant qui se révèle lors de son écoute – caractère qui prend définitivement forme à la fin des 45 minutes du titre bonus – et ainsi, lorsque le disque s’achève enfin, le silence qui lui succède est d’autant plus choquant.