mardi 26 juillet 2011

Joe 4 / Enola Gay




Joe 4, Enola Gay : admettons tout de suite que le nom du groupe n’est pas bien terrible, que le nom du disque ne vaut guère mieux et que l’artwork est simplement moche. Tout cela est malheureusement vrai… seulement on parle de musique n’est-ce-pas ? Alors on va faire un petit effort et écouter correctement les cinq titres d’Enola Gay, CD EP* de Joe 4, un disque qui est arrivé jusqu’à nous par l’entremise de Whosbrain records. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils ont toujours eu le nez creux chez Whosbrain, qu’ils ne sont pas trop du genre à proposer n’importe quoi, alors autant admettre également que l’on aurait du commencer par là, y aller directement les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes, à la confiance.
D’ailleurs on se demande où le label est allé chercher Joe 4 puisque ce groupe est d’origine… croate ! Après les groupes italiens encore plus shellac-quiens que l’original, après la guerre des clones austro-hongrois de Jesus Lizard, voici donc que la Croatie s’y met également mais pourquoi pas, après tout ? Comme si le bon goût (supposé) et l’autorisation express de jouer la musique qui en découlerait automatiquement serait une simple affaire de nationalité et de passeport.
Nous voilà avec un groupe croate (donc) qui revendique haut et fort le côté aluminium de ses guitares, la dynamique de ses lignes de basse, la sécheresse de sa frappe de batterie et d’une manière générale une certaine vindicte et un sens de l’énergie tout ce qu’il y a de plus noise. Autrement dit on nage avec Joe 4 en plein dans le Chicago sound des 90’s… Encore ? Oui, encore ! L’originalité de Joe 4 n’est certes pas à prouver puisque le groupe n’en fait preuve d’absolument aucune mais par contre Joe 4 déballe un quota respectable d’idées et a de l’énergie à revendre. Ce qui est largement suffisant. En ces temps de décongélation musicale et de réchauffement des ardeurs d’antan Joe 4 n’est absolument pas anachronique, ringard ou dépassé – le début de 2011 a vu le dernier coup d’éclat de Big’n ainsi qu’une énième tournée triomphale d’Unsane alors qui sait, dans le même ordre d’idée, ce que la fin de cette année va encore nous réserver ? Joe 4 se permet même quelques tubes et l’ensemble ayant fière allure, on aimerait goûter au noise rock du groupe directement en concert puisque on pressent que c’est sur une scène que Joe 4 doit vraiment tout éclater. Après tout, la Croatie, ce n’est pas si loin…

* un CD, c’est l’objet qui est arrivé un beau jour dans la boite aux lettres de 666rpm mais Enola Gay existe bel et bien en vinyle, sous la forme impérieuse d’un 10 pouces, toujours chez Whosbrain