Seijaku est le nom du nouveau groupe que Keiji Haino a fondé en 2009. La déjà très longue carrière du japonais est en effet parsemée d’expériences collectives – pour ne citer que quelques uns de ses groupes : Lost Aaraaff, Vajra (avec l'extraordinaire Kan Mikami), Nijiumu ou un peu plus récemment Purple Trap et Kikuri (avec Masami Akita/Merzbow). Mais n’oublions pas, bien sûr, le génial Fushitsusha, formation à laquelle le titre du présent album publié par Doubt music fait d’ailleurs directement allusion.
Au sein de Seijaku, comme c’était déjà le cas dans Fushitsusha, c’est Keiji Haino qui compose tout et qui commande les autres, tel un despote éclairé. Et on est très heureux de réentendre le japonais accompagné d’un vrai groupe et rejouant une musique résolument électrique et toujours aussi dérangeante. Cependant il ne faut absolument pas se fier à It Is Not That First Day, premier titre tellement minimal (à peine quelques pulsations de tom basse) que l’on croit qu’il ne s’y passe rien du tout et que cet album va être d’un mortel ennui. Mail From Fushitsusha est ainsi parsemé de quelques silences plus ou moins longs qui ne font que rendre encore plus angoissante voire effrayante une musique qui a tout du cri primal et de la découpe de plaques de métal à la tronçonneuse rouillée. Forced To Think You Love rappelle les stridences et les martèlements meurtriers d’une no wave new-yorkaise sacralisée et ritualisée à outrance alors que Seijaku relèverait presque du blues avec sa ligne de basse faussement paresseuse et ronflante et sa guitare en mode piqueur.
C’est cette coloration lente et reptilienne qui prédomine et que l’on retiendra donc avant tout de Mail From Fushitsusha. Keiji Haino semble étirer à l’infini ses lignes de chant guerrières et ses griffures de guitare (mais il y a des exceptions comme Please Send Me A New Heart et son retour à plus de rythme), prolongeant ainsi la torture physique et mentale dans la torpeur d’un bruit répétitif, toujours décharné et systématiquement empoisonné. Album aussi terrible qu’éprouvant, Mail From Fushitsusha a été enregistré en prise directe en studio, sans ajouts de post production ou autres overdubs – en résumé, la patte habituelle d’Haino, musicien qui depuis plus de trente années continue de nous fasciner avec sa vision unique et jusqu’au-boutiste de la musique.
Une version quelque peu différente (mais pas beaucoup) de cette chronique a été publiée dans le n°5 de New Noise, le magazine estival des amateurs de musiques occultes et disponible en kiosque depuis une semaine. Enjoy.
Au sein de Seijaku, comme c’était déjà le cas dans Fushitsusha, c’est Keiji Haino qui compose tout et qui commande les autres, tel un despote éclairé. Et on est très heureux de réentendre le japonais accompagné d’un vrai groupe et rejouant une musique résolument électrique et toujours aussi dérangeante. Cependant il ne faut absolument pas se fier à It Is Not That First Day, premier titre tellement minimal (à peine quelques pulsations de tom basse) que l’on croit qu’il ne s’y passe rien du tout et que cet album va être d’un mortel ennui. Mail From Fushitsusha est ainsi parsemé de quelques silences plus ou moins longs qui ne font que rendre encore plus angoissante voire effrayante une musique qui a tout du cri primal et de la découpe de plaques de métal à la tronçonneuse rouillée. Forced To Think You Love rappelle les stridences et les martèlements meurtriers d’une no wave new-yorkaise sacralisée et ritualisée à outrance alors que Seijaku relèverait presque du blues avec sa ligne de basse faussement paresseuse et ronflante et sa guitare en mode piqueur.
C’est cette coloration lente et reptilienne qui prédomine et que l’on retiendra donc avant tout de Mail From Fushitsusha. Keiji Haino semble étirer à l’infini ses lignes de chant guerrières et ses griffures de guitare (mais il y a des exceptions comme Please Send Me A New Heart et son retour à plus de rythme), prolongeant ainsi la torture physique et mentale dans la torpeur d’un bruit répétitif, toujours décharné et systématiquement empoisonné. Album aussi terrible qu’éprouvant, Mail From Fushitsusha a été enregistré en prise directe en studio, sans ajouts de post production ou autres overdubs – en résumé, la patte habituelle d’Haino, musicien qui depuis plus de trente années continue de nous fasciner avec sa vision unique et jusqu’au-boutiste de la musique.
Une version quelque peu différente (mais pas beaucoup) de cette chronique a été publiée dans le n°5 de New Noise, le magazine estival des amateurs de musiques occultes et disponible en kiosque depuis une semaine. Enjoy.