Le Sonic a donc décidé de fêter ses cinq ans avec une grosse semaine de concerts et de soirées en tous genres… Effectivement il y en a pour tous les goûts, y compris les mauvais mais cette programmation est aussi parfaitement représentative de l’activité et de la diversité actuelle de la salle lyonnaise – de toute façon on ne peut pas plaire tout le temps à tout le monde. C’est ainsi que sur les six soirées d’anniversaire programmées par le Sonic j’ai décidé de n’en faire qu’une seule, celle du samedi 2 avril, préférant éviter consciencieusement la boom du 1er peuplée de jeunes gens défoncés à la hypattitude et avides de danses frénétiques, somme toute une vraie mauvaise blague.
Par contre renoncer au concert de Gasmask Terror, prévu également le samedi, à la même heure mais à Grrrnd Zero, a été un choix difficile à faire – il parait que le groupe a comme d’habitude été génial, excellent, fabuleux (rayer les mentions inutiles) et qu’en plus Moms On Meth c’était franchement bien également – alors tant pis : ce sera pour autre une fois, même si un vrai concert punk ça faisait plus qu’envie. Tout ça donc pour voir enfin Awhat ? en concert et revoir aussi Agathe Max : c’est en toute conscience que j’ai choisi un concert de vieux pour les vieux et non pas un concert de jeunes à fond dans le trip punk/hard core/ d-beat/etc – beaucoup trop sportif pour moi.
C’est maintenant le grand instant de vérité puisque je dois également bien avouer que dans Awhat ? je connais personnellement trois membres sur cinq et que sur ces trois membres là il y en a deux que je connais plutôt bien et depuis très longtemps : autant dire que c’est le moment ou jamais de justifier à la face du monde ignorant et crédule le slogan fédérateur de cet espace aussi virtuel qu’inutile : « partialité et mauvaise foi ».
Ce soir c’est seulement le deuxième concert de Awhat ? et le premier, auquel je n’avais pas assisté, s’est déroulé il y a déjà une éternité – si mes souvenirs sont bons c’était il y a deux ans en première partie de Triclops!... c’est même sûrement ça : si je n’y suis pas allé c’était bien pour cette raison là. A la décharge du groupe qui joue sous son nouveau line-up depuis finalement très peu de temps on peut donc considérer qu’il s’agissait en ce samedi soir d’un deuxième premier concert, après un nouveau départ.
Car le guitariste a été remplacé et le batteur également. La musique aussi a changé me prévient-on : en tous les cas les titres mis en ligne à ce jour par le groupe ont été enregistrés par l’ancienne formation. Détail intéressant pour les fanatiques, dans Awhat ? on retrouve aux samples, à la bidouille et à la voix un ancien Bästard. On reconnait également un bassiste qui auparavant était membre de Blues Butcher Club (deuxième version) et de Sun God Motel – deux groupes avec Navette au chant. On retrouve enfin un souffleur (saxophone ténor) qui officie depuis longtemps dans les milieux de la scène improvisée. En résumé : dans Awhat ? Il y a autant d’horizons différents qu’il y a de musiciens. Et cela se ressent dans la musique du groupe, d’un premier abord plutôt disparate.
Et je préfère dire tout de suite que j’ai été un poil déçu. Pourquoi ? Et bien peut être que ce ne sont que des détails mais le petit bonhomme rigolard et grimaçant qui sample et qui bidouille dans son coin tout au fond de la scène à gauche devrait être mis un peu plus sur le devant : il chante de temps à autres et il chante vraiment bien, comme un vrai tordu – pour vous rafraichir la mémoire c’est lui qui braillait sur le final de Kal, sur le premier album de Bästard. Ensuite le rythme – assez monotone – des compositions d’Awhat mériterait d’être revu à la hausse pour un peu plus de tranchant et de nervosité. Oui, je suis un sauvage et j’aime quand ça pulse et sentir un peu plus d’urgence. Ou alors Awhat ? manque encore de ce groove poisseux et lourd qui d'ordinaire nous fait transpirer les gonades de bonheur.
Les compositions du groupe sont très riches au niveau sonore on l’a dit, samples qui se bousculent et très chouette travail du saxophoniste, mais parfois une certaine confusion se fait aussi sentir. Awhat ? se cherche encore, hésite entre plusieurs formules, n’a pas trouvé ses marques, processus normal et classique d’un groupe toujours un peu tendre. Après, il y a énormément de bonnes idées, des passages vraiment intrigants et/ou tendus et/ou captivant qui font, malgré toutes les critiques mentionnées ci-dessus, qu’Awhat ? ça peut être autre chose qu’un groupe entre vieux potes qui veulent seulement passer du bon temps. J’attends donc la suite avec une certaine impatience (mais pas dans deux ans, hein).
Pour l’heure, la suite du concert c’est Sachiko accompagné de Rinji Fukuoka, jouant d’ordinaire dans Majutsunoniwa. J’ai assez rapidement quitté la salle, terriblement refroidi par le drone psychédélique du duo – comme du La Monte Young joué à la sauce P.S.F. (label plus que connu), chose dont je n’avais vraiment pas envie ce soir là. Mais si je quitte la salle, par contre je reste sur la péniche du Sonic, contrairement à pas mal de monde qui va carrément déserter les lieux et ne pas revenir, conséquence particulièrement énervante parce qu’il reste encore un groupe au programme ou plus exactement il reste une musicienne : Agathe Max.
Elle a joué un nombre incalculable de fois au Sonic – elle y a même enregistré un disque –, elle fait vraiment partie de l’histoire de la salle et ce depuis le début. J’ai assisté à nombre de ses concerts entre les murs rouges de la péniche lynchienne or curieusement cela fait plus d’une année que je n’avais pas vu la violoniste y rejouer. Il ne faut jamais trop écouter tout ce que l’on vous raconte mais il n’empêche : lorsque on m’explique qu’Agathe Max prépare un nouvel album, n’interprète plus que des nouveaux morceaux et qu’en plus ceux-ci incorporent de nouvelles sonorités pour elle, voilà qui éveille ma curiosité.
Effectivement le concert commence avec quelques notes de piano samplé et des mélodies claires et plutôt inhabituelles jusqu’ici chez Agathe Max. Je suis moins client de cette utilisation trop douce du violon mais je n’ai pas trop le temps de me demander non plus si je vais finir par accrocher ou pas puisque Agathe Max va sans trop s’attarder se livrer à un déluge ascendant comme toujours chez elle assez extraordinaire, une multiplicité de froissements et de hurlements de cordes – cordes frappées, serrées ou vrillées avec une vitesse et une force peu commune mais toujours avec précision et à bon escient. Agathe Max pourrait être une sorte de virtuose, elle a une éducation musicale classique et des années de pratique du violon or elle dépasse et de très loin le stade de l’exploit technique et de la maîtrise instrumentale : profondeur et vibration intense des sons, enchevêtrement des ondes, mur du son, fracas tellurique… Toute la beauté d’une musique aussi fulgurante que belle, minérale qu’organique, rageuse que poétique. Encore un très beau concert d’Agathe Max et donc vivement le prochain album et vivement de la revoir à nouveau en concert.
Par contre renoncer au concert de Gasmask Terror, prévu également le samedi, à la même heure mais à Grrrnd Zero, a été un choix difficile à faire – il parait que le groupe a comme d’habitude été génial, excellent, fabuleux (rayer les mentions inutiles) et qu’en plus Moms On Meth c’était franchement bien également – alors tant pis : ce sera pour autre une fois, même si un vrai concert punk ça faisait plus qu’envie. Tout ça donc pour voir enfin Awhat ? en concert et revoir aussi Agathe Max : c’est en toute conscience que j’ai choisi un concert de vieux pour les vieux et non pas un concert de jeunes à fond dans le trip punk/hard core/ d-beat/etc – beaucoup trop sportif pour moi.
C’est maintenant le grand instant de vérité puisque je dois également bien avouer que dans Awhat ? je connais personnellement trois membres sur cinq et que sur ces trois membres là il y en a deux que je connais plutôt bien et depuis très longtemps : autant dire que c’est le moment ou jamais de justifier à la face du monde ignorant et crédule le slogan fédérateur de cet espace aussi virtuel qu’inutile : « partialité et mauvaise foi ».
Ce soir c’est seulement le deuxième concert de Awhat ? et le premier, auquel je n’avais pas assisté, s’est déroulé il y a déjà une éternité – si mes souvenirs sont bons c’était il y a deux ans en première partie de Triclops!... c’est même sûrement ça : si je n’y suis pas allé c’était bien pour cette raison là. A la décharge du groupe qui joue sous son nouveau line-up depuis finalement très peu de temps on peut donc considérer qu’il s’agissait en ce samedi soir d’un deuxième premier concert, après un nouveau départ.
Car le guitariste a été remplacé et le batteur également. La musique aussi a changé me prévient-on : en tous les cas les titres mis en ligne à ce jour par le groupe ont été enregistrés par l’ancienne formation. Détail intéressant pour les fanatiques, dans Awhat ? on retrouve aux samples, à la bidouille et à la voix un ancien Bästard. On reconnait également un bassiste qui auparavant était membre de Blues Butcher Club (deuxième version) et de Sun God Motel – deux groupes avec Navette au chant. On retrouve enfin un souffleur (saxophone ténor) qui officie depuis longtemps dans les milieux de la scène improvisée. En résumé : dans Awhat ? Il y a autant d’horizons différents qu’il y a de musiciens. Et cela se ressent dans la musique du groupe, d’un premier abord plutôt disparate.
Et je préfère dire tout de suite que j’ai été un poil déçu. Pourquoi ? Et bien peut être que ce ne sont que des détails mais le petit bonhomme rigolard et grimaçant qui sample et qui bidouille dans son coin tout au fond de la scène à gauche devrait être mis un peu plus sur le devant : il chante de temps à autres et il chante vraiment bien, comme un vrai tordu – pour vous rafraichir la mémoire c’est lui qui braillait sur le final de Kal, sur le premier album de Bästard. Ensuite le rythme – assez monotone – des compositions d’Awhat mériterait d’être revu à la hausse pour un peu plus de tranchant et de nervosité. Oui, je suis un sauvage et j’aime quand ça pulse et sentir un peu plus d’urgence. Ou alors Awhat ? manque encore de ce groove poisseux et lourd qui d'ordinaire nous fait transpirer les gonades de bonheur.
Les compositions du groupe sont très riches au niveau sonore on l’a dit, samples qui se bousculent et très chouette travail du saxophoniste, mais parfois une certaine confusion se fait aussi sentir. Awhat ? se cherche encore, hésite entre plusieurs formules, n’a pas trouvé ses marques, processus normal et classique d’un groupe toujours un peu tendre. Après, il y a énormément de bonnes idées, des passages vraiment intrigants et/ou tendus et/ou captivant qui font, malgré toutes les critiques mentionnées ci-dessus, qu’Awhat ? ça peut être autre chose qu’un groupe entre vieux potes qui veulent seulement passer du bon temps. J’attends donc la suite avec une certaine impatience (mais pas dans deux ans, hein).
Pour l’heure, la suite du concert c’est Sachiko accompagné de Rinji Fukuoka, jouant d’ordinaire dans Majutsunoniwa. J’ai assez rapidement quitté la salle, terriblement refroidi par le drone psychédélique du duo – comme du La Monte Young joué à la sauce P.S.F. (label plus que connu), chose dont je n’avais vraiment pas envie ce soir là. Mais si je quitte la salle, par contre je reste sur la péniche du Sonic, contrairement à pas mal de monde qui va carrément déserter les lieux et ne pas revenir, conséquence particulièrement énervante parce qu’il reste encore un groupe au programme ou plus exactement il reste une musicienne : Agathe Max.
Elle a joué un nombre incalculable de fois au Sonic – elle y a même enregistré un disque –, elle fait vraiment partie de l’histoire de la salle et ce depuis le début. J’ai assisté à nombre de ses concerts entre les murs rouges de la péniche lynchienne or curieusement cela fait plus d’une année que je n’avais pas vu la violoniste y rejouer. Il ne faut jamais trop écouter tout ce que l’on vous raconte mais il n’empêche : lorsque on m’explique qu’Agathe Max prépare un nouvel album, n’interprète plus que des nouveaux morceaux et qu’en plus ceux-ci incorporent de nouvelles sonorités pour elle, voilà qui éveille ma curiosité.
Effectivement le concert commence avec quelques notes de piano samplé et des mélodies claires et plutôt inhabituelles jusqu’ici chez Agathe Max. Je suis moins client de cette utilisation trop douce du violon mais je n’ai pas trop le temps de me demander non plus si je vais finir par accrocher ou pas puisque Agathe Max va sans trop s’attarder se livrer à un déluge ascendant comme toujours chez elle assez extraordinaire, une multiplicité de froissements et de hurlements de cordes – cordes frappées, serrées ou vrillées avec une vitesse et une force peu commune mais toujours avec précision et à bon escient. Agathe Max pourrait être une sorte de virtuose, elle a une éducation musicale classique et des années de pratique du violon or elle dépasse et de très loin le stade de l’exploit technique et de la maîtrise instrumentale : profondeur et vibration intense des sons, enchevêtrement des ondes, mur du son, fracas tellurique… Toute la beauté d’une musique aussi fulgurante que belle, minérale qu’organique, rageuse que poétique. Encore un très beau concert d’Agathe Max et donc vivement le prochain album et vivement de la revoir à nouveau en concert.
[des photos de la soirée ici]