Un passé Aride est un album tellement dur et hermétique qu’il est quasiment impossible à écouter en entier sans souffrir. Danishmendt n’y va jamais avec le dos de la cuillère, et bien que l’on puisse penser déjà connaitre toutes les possibilités de la science des riffs et des rythmiques qui plombent l’ambiance, le metal de Danishmendt est très dur à avaler. Sur La Source c’est comme si le groupe avait pompé le côté le plus sombre et le plus désespéré de Neurosis – du côté de Soul At Zero – et de Godflesh – Streetcleaner et c’est tout – avant de se lancer dans la composition d’un titre aussi incroyablement long que douloureux. Ces deux références, on les retrouvera tout au long d’Un Passé Aride même si à des degrés divers. Lumpen Héros, en deuxième position, surprend déjà avec son rythme plus rapide et sa ligne de basse mise en avant. On pensait l’affaire bâchée, prêt à caser Danishmendt dans la catégorie groupe de metal hermétique et lourd et bien c’est raté. Ainsi Chutes surprend également avec ses triturages de guitare et on espère que Danishmendt va tenir la route, saura nous surprendre ainsi jusqu’à la fin. La seule chose qui ne change à vrai dire pas beaucoup c’est le chant, rauque, et les paroles, en français (vous l’aurez bien compris).
Le groupe arrive ainsi à chaque fois à attirer l’attention, comme lorsqu’il accélère encore le rythme sur l’excellent Révélations. S’en suit un curieux sentiment de surenchère et malgré tout de plaisir exponentiel : et si sur ce disque chaque titre était meilleur que son prédécesseur ? On n’ose y croire, la barre étant déjà placée très haut, Danishmendt étant déjà allé très loin. Heureusement pour notre santé Das Boot marque une pose avec son instrumentation dark-indus. Une sorte d’interlude avant que ne déboule Une Houle d’Un Siècle qui marque comme un tournant dans le disque. Pour la première fois Danishmendt tente de s’y faire plus léger, le mix est moins oppressant, permet de mieux entendre (et comprendre) les paroles. Ce Danishmendt là, moins jusqu’au-boutiste et moins claustrophobique – plus romantique si j’osais ce mot – est moins convaincant que celui à l’œuvre sur la première moitié du disque. Peut être plus ambitieux également mais les résultats sont moins probants. Les deux derniers titres, Refuge et le très long Credo – Zéro Absolu (un quart d’heure de torture sonique) surprennent moins également que les quatre titres d’ouverture d’Un Passé Aride : sur Refuge le groupe ne se renouvelle pas mais ne nous épuise pas non plus ; par contre avec Credo – Zéro Absolu c’est l’effet boomerang. Tout ce que l’on avait aimé jusqu’ici chez ce groupe a tendance à se retourner contre lui, lassitude peut être, fatigue sûrement. En tous les cas l’illustration qu’un album trop long et conclu par un morceau fleuve ce n’est pas forcément une bonne idée. Cela n’enlève rien aux nombreuses qualités de la musique de Danishmendt décrites un peu plus haut mais trop, c’est trop. Dommage.