Jeune trio de vieux basé à Paris, DesiCobra ne cache pas son jeu pendant très longtemps : son Live à Bombay débute par un(e) Chimie qui permet d’emblée à John Carpenter de nous sauter au visage, accompagné de quelques cauchemars pourtant bien réels. Impossible en effet de ne pas penser au réalisateur américain – également compositeur de beaucoup de ses musiques de films – sauf qu’ici c’est la basse (tenue pas un ancien Schoolbusdriver) qui va inlassablement égrener les mêmes notes, minimales et entêtantes, et non pas un synthétiseur. Je vous rassure malgré tout, il y a du synthétiseur dans DesiCobra, beaucoup même, et sur Chimie il finira par s’y mettre aussi mais c’est toujours cette basse que l’on va garder en tête sur toute la première partie du titre, avant que l’acide ne fasse effet sur une seconde tranche aussi virevoltante que sidérale.
Malgré l’aversion naturelle que peut ressentir tout mélomane normalement constitué face au synthétiseur, un instrument à touches et en plastique permettant de moduler des ondes électriques et certainement inventé par le diable, on est bien obligé d’admettre que DesiCobra ne pratique pas vraiment ce rock progressif et boursouflé tant haï, celui qu’écoutaient nos grands frères et grandes sœurs dans les années 70. Il y a sûrement moult références seventies dans la musique du trio, et peut être même des bonnes – comme des musiques de gialli italiens – mais ce sont des choses dont en fait on n’est guère spécialiste par ici. L’important c’est que DesiCobra ne fasse pas de la musique à moustaches (quoi que : sur Silver on ne peut pas s’empêcher d’entendre les Stranglers et les parties incroyables de Dave Greenfield) et propulse son acid rock à l’aide d’une rythmique qui elle est la digne héritière de l’assèchement post punk et de la tension du noise rock – on a déjà parlé de cette basse au son métallique et rond (la quatrième titre s’intitule Weston) mais il y a également un batteur shubien dans l’affaire, affaire qu’il tient magistralement du bout de ses baguettes.
Morceau à part, Ta Bouche Immense est le titre le plus robotique, le plus métronomique, le plus post punk et le plus dansant de Live à Bombay, avec une insistance qui frise la crise de nerfs. Je n’ai par contre toujours pas trop compris pourquoi des textes/paroles étaient associés à cette ultime composition du disque, puisque comme toutes les autres elle est purement instrumentale – à moins que j’aie encore raté quelque chose. Qu’importe, Live à Bombay est un chouette bon disque, dans tous les sens du terme puisqu’il a été pressé sous la forme d’un 10 pouces et qu’il a été édité avec l’aide de Rejuvenation ainsi que celle de Et Mon Cul C’est Du Tofu ? sur le site duquel vous pouvez d’ailleurs le télécharger librement et en entier ; sinon Live à Bombay est également en ligne sur la page Bandcamp de DesiCobra. Enfin, et ce n’est pas la moindre des informations, le trio fait partie de la programmation du Fuckfest #3, les 23 et 24 avril, c'est-à-dire demain et après demain. Be there.