Cela fait quand même plusieurs mois, pour ne pas dire années, que nous n’avions pas eu de (bonnes) nouvelles de Ned. Plus vraiment de disques – mis à part un single il y a deux ans avec le tube Bob Denard, présenté ici dans une nouvelle version – et de moins en moins de concerts. Alors, est-ce qu’ils vous ont manqué ces trois là ? Non ? Vous en êtes bien sûrs ? Ça, c’est seulement ce que vous pensez croire. Parce que vous n’avez pas encore écouté Bon Sauvage, l’album que Ned s’apprête à sortir en vinyle sur Africantape*, oui, enfin un digne successeur à Rien, Merci.
Enregistré du côté du pays basque dans les studios Amanita de Stefan Krieger il y a déjà quelques mois, Bon Sauvage surprend par sa fraicheur et sa juvénilité. Mais c’est une bonne surprise : Ned s’éloigne toujours un peu plus des animaleries skingraftiennes sans pour autant les oublier totalement, maîtrise le groove d’une rythmique souvent résolument dansante, aiguise et affine ses mélodies, soigne ses lignes de chant et déborde d’idées à la minute. Bon Sauvage pourrait ainsi être une sorte de « Best Of Ned » – des hits, des tubes et même un slow (perverti, bien sûr) en fin de disque mais pas un slow pour faire rire, sorte de clin d’œil à je ne sais quelle ringardise et à ses pratiques douteuses, non, au contraire, une vraie chanson, émouvante, crue et sensible, et de loin le meilleur titre de cet album (d’ailleurs cette chanson s’intitule justement Bon Sauvage).
Cet album est de très loin ce que les Ned ont fait de plus pop serait-on tenté de dire, encore que le terme de « pop » convienne assez mal à moins que l’on ne veuille évoquer par là une propension à distiller de l’attractivité et de l’aimantation au kilomètre sans pour autant donner en même temps l’impression de trop en faire. Ned maîtrise son sujet mais il le maîtrise les doigts dans le nez, easy babe, en dilettante, avec cet air de désinvolture et de je-m’en-foutisme qu’on leur connait bien mais qui après tout n’est qu’un jeu : le groupe a beaucoup travaillé, travaille toujours beaucoup, est très perfectionniste, a souhaité également prendre son temps, n’a pas voulu sortir n’importe quoi, dans n’importe quelles conditions et c’est tout à son honneur.
Au rayon des meilleurs titres de l’album signalons, en plus des Bon Sauvage et Bob Denard déjà mentionnés, Wanna Be Beta City et ses synthétiseurs qui grésillent, All Middle Ages – une composition assez complexe et en plusieurs tableaux – ou Bigger Penisses et le finalement très punk Turn Of The Punk… En fait on ne sait que choisir mais on se délecte de ces rythmiques caoutchouteuses, de ces riffs à la simplicité tordue et à l’occasion d’un solo de guitare à se rouler par terre. Les Ned sont enfin de retour et au meilleur de leur forme, alors tant mieux.
La release party de Bon Sauvage aura lieu à la maison, lors de la première soirée du festival Africantape qui se tiendra du 29 avril au 1er mai au Grrrnd Zero de Lyon. Rappelons que le festival Africantape fait partie d’une stratégie d’ensemble de domination mondiale plus connue sous le vocable de Printemps de la noise – une sorte de grande fête du slip démarrant par le festival Avatarium de St Etienne, passant par le Fuckfest #3 à Paris et s’étalant jusqu’au mois de juin avec quelques dates de Conformists, Pneu ou Marvin.
* et un jour prochain en CD sur SK records, le propre label des Ned ?