mercredi 20 avril 2011

Pord / Valparaiso


On avait apprécié la toute première démo de Pord, on avait encore plus aimé Joyeux Minosa, la contribution du groupe à un split single inoubliable partagé avec Xnoybis, et puis on avait adoré découvrir le trio sur scène – enfin ! – lors d’une tournée des bars pourris de France effectuée à l’automne dernier, tournée qui fort heureusement était passée dans la ville merveilleuse et chaleureuse où j’ai le bonheur d’habiter.
Depuis on attendait le premier album de Pord. On l’attendait avec cette fébrilité intense et cette impatience fanatique qui vous aveuglent complètement d’espoir mais vous détruit totalement le cœur et le gras du bide en cas de cruelle déception. Valparaiso sortira officiellement le samedi 23 avril 2011, à l’occasion du passage de Pord au Fuckfest #3. Puis le groupe refera une énième tournée en compagnie des lyonnais de Burne – à noter un passage aux Capucins de Lyon le 28 mai, avec également Quartier Rouge.




















Valparaiso est bien ce disque que l’on espérait. Mieux : Valparaiso est LE disque que l’on attendait. Pord fait bien plus que confirmer tous les espoirs que l’on portait dans le groupe avec un album de noise/hard core intense et complexe, meurtrier et sans pitié, braillard et immédiat. Que ces trois garçons aient réussi à atteindre un tel niveau d’excellence laisse pantois, d’autant plus que cette excellence là on finit rapidement par l’oublier ou plus exactement elle n’est pas une fin mais un moyen, un moyen pour atteindre un plaisir sans nom et saisir toute son intensité.
L’intensité c’est qui caractérise le plus Pord et sa musique, intensité et densité devrait-on dire car Pord, tout en déployant une puissance de feu rarement égalée avec une conviction jamais démentie, ne se donne pas non plus tout ce mal pour rien : le groupe sait mettre du contenu dans ses compositions, a de l’épaisseur, donne du sang à boire et offre de la chair pour mordre dedans. Mais il n’y a rien non plus d’inutile ou de superflu ici, il n’y a pas d’effets de manches stériles et de positions racoleuses : Pord aime donner des structures complexes et progressives à ses compositions mais on ne pourra jamais accuser le groupe d’en rajouter, de trop en faire et de vouloir se faire remarquer en surenchérissant constamment. Comment le groupe pourrait-il d’ailleurs surenchérir puisqu’il est totalement et constamment dans le rouge ?
Équilibre parfait entre sauvagerie et maîtrise, entre chaleur et toute absence de pitié, Valparaiso est le grand album d’un grand groupe. Ecoutez ce disque, procurez-le vous si vous le pouvez et allez voir Pord en concert, sinon vous risquez de passer complètement à côté de l’une des meilleures choses de cette année 2011 en matière de noise/hard core. Et puis merci à Contreplaqué records, Gabu, Ocinatas Industries, Prototype records et Rejuvenation d’avoir bien voulu se cotiser pour permettre la parution de Valparaiso.