mardi 26 juin 2007

Sept fois dans la bouche mais c’est trop tard

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En 2006, à la sortie de Drums Not Dead, Angus Andrew, Aaron Hemphill et Julian Gross se plaisaient à affirmer à longueur d’interviews que le troisième album des Liars était différent du précédent, pour eux l’écart avec They Were Wrong, So We Drowned était aussi conséquent qu’entre celui-ci et leur premier album, They Threw Us All In A Trench And Stuck A Monument On Top. A chaque fois le message avait du mal à passer, dénégation, contradiction, avis contraire de l’interlocuteur très étonné (quelle bande de connards quand même tous ces journalistes) qui affirmait que les deuxième et troisième albums formaient une sorte de continuité, qu’ils définissaient ensemble le nouveau son des Liars. Je pense exactement la même chose, le groupe des années 2002/2003 n’est absolument pas le même que celui des années 2004/2006 et aujourd’hui -en 2007- nous avons affaire à une autre mutation des Liars, leur nouvel album (sans titre, parution prévue pour le 28 août) prenant le contre-pied quasi absolu des deux précédents.























Je ne sais pas ce qui a poussé nos trois garçons dans leur volonté de changement -l’esprit de contradiction, l’ennui, la mise en pratique radicale de leur théorie de changement de style entre chaque album ou de l’orgueil absolu, bref un truc d’artiste que je ne peux pas comprendre- mais le résultat est flagrant : je déteste ce nouvel album des Liars.
Cela me fait d’autant plus mal de l’admettre que jusqu’ici j’étais assez client de leurs inepties intellectuelles et de leurs mécaniques noisy et répétitives, il n’y avait certes pas de quoi crier au génie mais ils se réappropriaient le kraut rock (décidément je ne parle que de ça en ce moment, bientôt un article sur du death metal, ça changera un peu) de manière efficace, en tous les cas suffisamment efficace pour les gamins nés à la fin des années 60 ou au début des 70’s et qui donc ont passé leur adolescence à avoir le choix entre Scorpions ou Depeche Mode, les Smiths ou Madonna, Sigue Sigue Spoutnik ou Georges Michael.
Ce nouvel album débute par un Plaster Casts Of Everything très rapide et presque punk ; suit directement un titre résolument pop et absolument quelconque, d’une mollesse assez confondante (Houseclouds) et tout de suite j’ai l’impression que ces deux titres n’ont pas été placés ensemble en début de disque par hasard, c’est le coup vieux comme le monde du chaud et du froid, du contraste qui fait table rase, vous allez voir les gars ce que vous allez entendre, attendez donc la suite.
La suite ? Une chanson bizarrement électro mais absolument pas séduisante. Puis quelques réminiscences des précédentes tentatives kraut (mais sans l’effet de transe) et surtout du Velvet Underground et sa descendance comme s’il en pleuvait : Freak Out c’est carrément du Jesus And Mary Chain période Psychocandy, un peu plus loin surgit le fantôme de My Bloody Valentine et celui de Sonic Youth, tout ça sans grand résultat. L’ennui est physiquement palpable même si en écoutant l’intro de Cycle Time je me demande à chaque fois si les Liars ne sont pas en train de faire une reprise de Deep Purple, le plus sérieusement du monde, même pas pour rire un peu, sait on jamais. S’ils écrivent à nouveau des chansons -et même si la dichotomie couplet/refrain n’est toujours pas évidente- je ne peux pas dire que la musique des Liars ait gagné en lisibilité mais, par contre, elle a tout perdu de ses effets magiques de derviche-tourneur, elle n’enterre plus le rock dans un linceul chamanique, elle oublie l’étrangeté psychédélique. Vraiment dommage.