mercredi 20 juin 2007

Don Niño (deuxième)


Cela suffit de parler des gros rockers buveurs de vodka, sniffeurs de coke et amateurs de dollars, j’avais vaguement évoqué le nouvel album de Don Niño mais je suis bien obligé d’y revenir et ce pour deux raisons : la première c’est le disque en lui-même, vraiment bien, et la seconde c’est que Don Nino et nlf3 (trio) seront en concert à Lyon le 14 septembre prochain -pour l’instant il y a aussi une date de prévu à Aix en Provence et une autre à Nantes. Ce sera donc une bonne occasion de revoir les trois petits gars de Prohibition, un groupe qui a su aller jusqu’au bout de sa démarche musicale, est arrivé à un excellent niveau de concrétisation puis a eu l’intelligence de se mettre en question (ce qui n’est jamais mon cas mais on s’en fout : ce n’est pas moi qui fait de la musique) et de s’arrêter là, dans un bel achèvement, pour recommencer presque à zéro sous le nom de nlf3 (trio). Presque à zéro parce que tout le monde savait que derrière cette appellation arty il s’agissait en fait des trois gaillards de Prohibition (d’ailleurs ils ne s’en cachaient pas) mais c’était en même temps difficile, nouveau nom certes mais surtout nouvelle musique -exit la guitare qui raye les tympans, la basse qui fait de l’escalade en rappel et la batterie qui ameute les chiens. Certains signes prémonitoires donnaient certes des appels du pied : les plans sitar, le saxophone alto de Quentin Rollet bientôt inclus comme un élément essentiel et à part entière du groupe, la musique de plus en plus aérienne aboutissant au très beau 14 Ups And Downs. Mais avec nlf3 les changements étaient tout de même assez radicaux, l’instrumentation s’ouvrait vers d’autres sons, d’autres façon de faire de la musique et aujourd’hui nlf3 (trio) est l’un des meilleurs groupes français, toute sa créativité culmine sur son troisième disque, Que Viva Mexico, à l’origine basé sur un film muet d’Eisenstein.





















Mais revenons à nos moutons, donc à Don Niño -le rapport entre les deux est très simple : Don Niño joue aussi dans nlf3 (trio)- et à cet album de reprises qui s’intitule Mentors Menteurs ! Un album de reprises c’est quand même la fausse bonne idée par excellence, le truc casse-gueule qui souffre de quelques exceptions notoires comme le Kicking Against The Pricks de Nick Cave, Sons Of Satan/Praise The Lord d’Entombed (un double CD incluant des reprises allant de Dylan à Unsane en passant par Kiss et Stormtroopers Of Death et qui ne doit sa réussite qu’au fait qu’il ne soit en réalité qu’une compilation de titres enregistrés pendant plus de dix années, ce qui a permis à Entombed d’éviter tout essoufflement) ou Songs From A Room de Red qui est aussi un cas spécial puisqu’il s’agit d’une reprise intégrale (pochette comprise) de l’album de Leonard Cohen du même nom.
L’écoute de Mentors Menteurs ! se fait d’une traite, c’est un véritable disque et non pas une collection de références bigarrées, il révèle plusieurs niveaux de lecture ou plus exactement plusieurs niveaux d’impressions chez moi. D’abord les chansons que je ne connais pas : elles me plaisent ainsi, je ne suis pas certain d’effectuer les recherches nécessaires pour écouter les versions originales. Viennent ensuite les chansons que je n’aime vraiment pas (Kiss de Prince ou Like A Virgin de Madonna) dont les versions proposées par Don Niño me font oublier tous mes a priori de petit branleur. Suivent les chansons que j’écoutais beaucoup trop pendant mon adolescence boutonneuse (Bela Lugosi Is Dead de Bauhaus, At Night des Cure ou Expressway To Your Skull de Sonic Youth) et dont j’aime les réinterprétations, surtout sur la dernière citée avec son piano funèbre à la Chopin. Restent les chansons populaires (comme Porque Te Vas ?) qui prennent un surcroît d’intimité et les chansons appartenant à la mythologie (A Day In A Life, la plus belle chanson des Beatles du monde avec I Am The Walrus, fallait quand même oser) qui redeviennent tout simplement de belles chansons comme les autres.