Les Bad Brains : je parle d’un pur fantasme parce que, comme pour tant d’autres groupes, j’ai connu et apprécié leur musique sur le tard, elle était déjà loin l’époque de la cassette publiée par Roir, loin aussi l’album Rock For Light -tout juste ai-je eu droit aux restes de I Against I, un album bancal avec quelques chansons merveilleuses et puis aussi des gros trous d’air… Quant à Quickness il n’en a jamais été question et je ne parle même pas de l’abominable Rise et sa curieuse pochette psychédélique avec un tunnel mystérieux ne menant malheureusement nulle part.
Donc les Bad Brains sont bel et bien de retour -dans leur formation originelle ce qui en soit est déjà un exploit- et ils ont l’air vraiment décidé d’écrire un nouveau chapitre à leur histoire chaotique, après tout ces quatre garçons peuvent se vanter d’avoir purement et simplement inventé le hard core en ajoutant une bonne dose de violence et de vitesse à leur rock-funk insipide. Ils peuvent aussi se vanter d’avoir réussi à faire apprécier quelques lignes reggae aux blanc-becs qui pourtant détestent ça : pas n’importe quel reggae bien sûr, pas celui sirupeux et formaté de l’oncle Bob, mais une musique aride et au lyrisme urgent, tout un programme.
Donc les Bad Brains sont bel et bien de retour -dans leur formation originelle ce qui en soit est déjà un exploit- et ils ont l’air vraiment décidé d’écrire un nouveau chapitre à leur histoire chaotique, après tout ces quatre garçons peuvent se vanter d’avoir purement et simplement inventé le hard core en ajoutant une bonne dose de violence et de vitesse à leur rock-funk insipide. Ils peuvent aussi se vanter d’avoir réussi à faire apprécier quelques lignes reggae aux blanc-becs qui pourtant détestent ça : pas n’importe quel reggae bien sûr, pas celui sirupeux et formaté de l’oncle Bob, mais une musique aride et au lyrisme urgent, tout un programme.
Il est donc là ce Build A Nation et il est produit par Adam Yauch (alias MCA), l’un des trois crétins des Beastie Boys, groupe prétentieux à sensation qui au départ devait beaucoup aux Bad Brains (comme peut en témoigner ses premiers enregistrements pas vraiment indispensables regroupés sur Some Old Bullshit) et qui après a régulièrement continué à rendre hommage à ses illustres aînés -faudra un jour leur expliquer que la jeunesse ça ne se rattrape pas.
Il est là cet album et il m’emmerde. Je m’étais tranquillement mais fermement impatienté en l’attendant, alléché par quelques bribes produisant notamment un son de guitare digne de la préhistoire du groupe, avec des rythmiques rapides, bref du Bad Brains comme on en a pas entendu depuis très longtemps. Entre temps le disque a été publié, il est téléchargeable, il est même disponible en streaming intégral et dispose d’une version vinyle soignée. Mais son écoute assidue est douloureuse : les riffs de guitare ont déjà été trop entendus, les breaks posent le même problème -on a alors plutôt la très nette impression d’entendre un medley de vieilles recettes usées jusqu’à la corde et ce n’est pas parce que ce sont les Bad Brains qui ont inventé tout ça que je vais leur pardonner. Parce qu’il y a pire : ce disque est vraiment paresseux. Je passe sur le trop grand nombre de chansons reggae qui parsèment l’album et qui cette fois m’irritent profondément. Non, la production d’Adam Yauch n’arrive que très difficilement à masquer la resucée hard core en multipliant les effets, le cas de la voix noyée sous des tonnes d’écho est flagrant -où sont passées les paroles, où est passée la colère des Bad Brains, est ce qu’ils ne savent plus crier ?
[Pendant ce temps là les Beastie Boys publient The Mix Up, un album entièrement instrumental et inédit -à la grande différence de The In Sound From Way Out ! paru en 1996- ce qui semble beaucoup les amuser : musique cocktail pour quarantenaires en plein sevrage, branchouille jazzy et érection lounge sont au rendez-vous, personnellement je passe.]