lundi 18 juin 2007

Le beurre et le cul de la crémière


Une dose de rock’n’roll ketchup pour mon hamburger numérique : en mettant des albums entiers en streaming sur internet quelques jours ou même parfois quelques semaines avant la date officielle de leur commercialisation les dernières techniques promotionnelles ont cet avantage d’épargner au fouineur de prendre quelques petits risques inconsidérés en téléchargeant (et en plus ça fait gagner du temps). Mais pour se faire une bonne idée en avant-première le peer to peer reste quand même souvent la meilleure solution, il y a plein de petits malins experts en découverte de musique bien avant l’heure et ce n’est pas près de s’arrêter. Tu bootlegues les chansons, si tu n’aimes pas tu as bien fait mais si tu aimes alors tant pis pour toi -le fin du fin chez les record geeks c’est carrément de télécharger puis de tout racheter en vinyle, vouloir le beurre et le cul de la crémière en même temps, l’argent du beurre c’est pour les maisons de disques ou ce qu’il va en rester.
























Au programme des nouveaux albums en streaming ces semaines passées il y a donc eu (attention, cela ne va être que du très lourd, ennemi du mainstream passe ton chemin) le dernier Marilyn Manson (Eat Me, Drink Me -en ligne une toute petite semaine avant la sortie du disque), le Queens Of The Stone Age (Era Vulgaris je crois qu’il s’appelle, une semaine de streaming là aussi) et le Turbonegro, Retox, dont la parution était prévue aux alentours du 15 juin.
Le Manson mérite à peine d’être téléchargé en P2P, je préférais lorsque Brian ne se prenait pas pour un homme, un vrai, de ceux que l’amour blesse et je préférais aussi lorsque sa copine Twiggy s’occupait de le recadrer et de le pousser dans le sens de l’exagération. A la place Tim Skold compose de la musique comme s’il était un agent de change au service d’une banque d’affaires et en plus il n’arrête pas de faire des soli de guitare dégueulasses.
Josh Homme aussi a déconné en mettant Nick Oliveri à la porte des Queens Of The Stone Age, tout ça parce que celui-ci essayait un peu trop souvent de jouer de la basse avec une piquouze plantée dans le bras. Sur Era Vulgaris je n’ai pas beaucoup entendu la voix de Mark Lanegan non plus. En fait je crois que je préfère le Marilyn Manson, ce doit être mon côté midinette.
Turbonegro sort son troisième album depuis le hiatus post Apocalypse Dudes et continue exactement dans la même veine, la seule chose que les norvégiens savent faire c’est du Turbonegro, avec des hauts et des bas -je trouve ce Retox bien meilleur que le précédent Party Animals mais toujours en deçà de leur chef d’œuvre de 1997, surtout il n’y a pas d’arrangements trop luxe et c’est un soulagement. Ils prétendent être the best bits of The Rolling Stones mixed with the best bits of Black Flag, but composed by Shostakovich, Stalin's in-house composer mais la vérité c’est qu’ils ressemblent à nouveau à Alice Cooper accompagné par un backing band composé de quelques Ramones survivants ou zombifiés et non plus à Mötley Cruë reprenant Let’s Spend The Night Together avec Jeremy Jordan aux chœurs. A la fin du dernier titre (What Is Rock ?) ils ont même l’air de s’adresser directement aux Queens Of The Stone Age : Where is the cash ? Money ! Money ! mais personne évidemment ne répond, puisque Josh Homme ne semble plus avoir grand chose à dire pour l’instant -je ne suis tout de même absolument pas persuadé que Turbonegro puisse la ramener pour autant.