vendredi 22 juin 2007

De la bouillie dans les crânes

Des Skull Defekts je ne connaissais rien si ce n’est deux ou trois disques d’industriel ambient qui parfois virent franchement au bruit -sur le live Open The Gates Of Mimer il y a un passage vers la fin avec ce son suraigu particulièrement irritant, ma conseillère technique en matériel médical m’a soufflé à l’oreille que cela lui faisait penser à un bip d’IRM qui s’emballerait- et donc j’ai été assez surpris d’apprendre que dans ce groupe se retrouvaient un ancien Union Carbide Productions ainsi qu’un ex Kid Commando. Certes, il y a de la guitare sur ces longues plages chargées à la fois en acétone et en plomb mais on est loin du rock'n'roll des premiers cités ou de la noise desséchée des seconds. Mais j’ai vérifié : Henrik Rylander (percussions, feedback) et Joachim Nordwall (guitares, voix, machines) viennent bien de ces deux groupes et sont bien présents sur Blood Spirits And Drums Are Singing, le nouvel album de Skull Defekts.






















Ce disque, c’est Conspiracy Records qui en assure fièrement la sortie, dans des termes particulièrement élogieux et imagés (genre je n’aurais pas fais mieux mais de toutes façons je ne bosse pas pour eux) et c’est amplement mérité, Blood Spirits And Drums Are Singing est un disque étrange, expérimental peut être mais sans ostentation et s’il fallait rapprocher cette musique de quelque chose ce serait des deux derniers albums des Liars, toutefois dans une version moins éthérée et sans l’odeur de papier d’Arménie, pour raccourcir le propos on peut dire que The Skull Defekts est la version punk rock des Liars ou quelque chose d’approchant.
Il y a donc beaucoup de guitare sur cet album, il y a également beaucoup de batterie -en fait deux à chaque fois- mais surtout il y a des répétitions, des boucles, des motifs infinis et parfois aussi quelques voix fermement traînantes (oui, oui : comme si par exemple G.W. Sok avait inhalé un peu trop d’eau écarlate) et des bruits bizarres greffés comme on met des tableaux de merde sur les murs de son salon, des bruits dont je sais très bien qu’ils ne sont là que pour faire désagréable et vu sous cet angle c’est plutôt réussi.
The Skull Defekts prétendent convoquer l’Allemagne du tout début des 70’s et le New York de la toute fin de cette même décennie et ils ont tout bon, ayant presque retrouvé le Faust beat originel, répétitif à souhait, et réussissant à exprimer l’urgence tout en l’étirant sur la longueur. Du coup, voilà un groupe qu’il me tarde vraiment de découvrir sur une scène, j’imagine le genre de transe que cela provoquerait, le bain de sueur aussi -parce cette musique n’est pas une bouillie cérébrale de plus (comme le nom du groupe peut à tort le faire penser) mais sent aussi le gros bouillon sexuel et la débauche binaire.