mercredi 27 juin 2007

La bande originale de l’été : le massacre continue

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Et toi qu’est ce que tu fais pour les vacances ? Peut être partir en camp de naturisme en compagnie de Jacques Vergès ? Passer ton temps à mâter les seins qui tombent de la vieille allongée à côté de toi et fricassant dans son bain d’huile solaire ? Ou bien vas-tu faire du sport pendant trois semaines parce que tu n’arrives pas à oublier que tu es un winner en sursis de dégringolade sociale ? Préfèreras tu rester chez toi pour regarder Intervilles et les poubelles qui brûlent ? Vas-tu retaper l’ancestrale maison de famille pour tes enfants parce qu’il faut toujours laisser quelque chose derrière soi ? Peut-être aimeras tu aller pisser dans les piscines des hôtels quatre étoiles en Tunisie alors que le pays manque cruellement d’eau potable ? Une petite pute de dix ans du côté de la Thaïlande avant qu’un Tsunami ne tire la chasse alors ? Ce n’est pas le choix qui manque.
Pour ma part je n’ai encore rien décidé, j’hésite encore. Mais je suis ravi rien qu’à l’idée de pouvoir à nouveau sortir de chez moi en bermuda à rayures et marcel CK, tongs à fleurs aux pieds et sourire aux lèvres : l’été est vraiment une chouette saison, les filles sont à moitié nues, les garçons jouent aux boules et la nouvelle Assemblée Nationale fraîchement élue va pouvoir légiférer en toute quiétude. Ne manque que la musique, il n’y a que la musique qui m’intéresse.

Je suis parti à la recherche du ou des disques qui marqueront mon été 2007, à chaque occasion il faut sa bande son c’est bien connu. J’ai déjà passé en revue (même succinctement) quelques cas désespéré tel l’album instrumental des Beastie Boys, le Liars particulièrement décevant et d’autres moins redoutables comme le Retox de Turbonegro mais rien n’y fait, ce n’est pas facile de trouver la musique qui donnera le groove à mes tongs à fleurs. Reste le cas clinique de Our Love To Admire, nouvel album d’interpol -parution imminente aux alentours du 10 juillet. Voilà des new-yorkais sympathiques, du moins j’ai apprécié le premier album et j’ai même réussi à apprivoiser le deuxième, pourtant partiellement ridicule. L’annonce d’un troisième était donc bienvenue : Interpol n’est qu’un groupe actuel et revivaliste de plus, certes, pas très original mais honnête, avec cette petite pointe de noirceur proprette et aseptisée et cette légère distanciation qui rendaient le regard un peu vague mais pas trop.

J’ai alors écouté Our Love To Admire, plusieurs fois même, en sirotant une bouteille de vodka glacée et très très légèrement parfumée aux baies rouges sauvages (celle-là je la conseille vivement, c’est l’une des meilleures vodkas que j’ai pu boire ces derniers temps mais je change de sujet), j’ai écouté ce disque épouvantable et j’ai tellement été décontenancé par tout ce lyrisme de stade, ces claviers qui trompettent, ces guitares ronflantes, le piano qui la ramène, le chant qui désormais n’a plus rien à envier à celui de Wayne Hussey (jeune) que je n’arrive même pas à établir la théorie ronflante qui me tirera de l’embarras et règlera un sort à toute cette catastrophe. Seul le bassiste qui a troqué sa coupe de cheveux façon jeunesse hitlérienne contre une moustache de représentant de commerce me parait être le seul mystère digne d’intérêt d’un groupe dont la musique, elle, n’en a plus aucun.
Je m’arrête là-dessus, je veux dire que je sais bien que c’est entièrement de ma faute : depuis quand faut il obligatoirement chercher une musique pour chaque occasion ? Qu’est ce que tu écouterais toi, perdu dans un camp de naturisme avec Jacques Vergès qui te court derrière ? Quel con. Tiens, prend un disque au hasard (oui, celui-ci fera très bien l’affaire) et écoute le. Il ne te plait pas alors que d’habitude tu l’aimes bien ? C’est juste que ce n’est pas le bon moment. Je suis toutefois intimement persuadé qu’il n’y aura jamais de bon moment pour ce Our Love To Admire -ni amour, ni admiration.