lundi 20 décembre 2010

Minorpieces By Zëro























Les nouveaux titres joués par Zëro et entendus dans une cave il n’y a pas si longtemps que cela sont plus que prometteurs mais les disques du groupe se font bien trop rares puisque Zëro n’a rien publié depuis un an et son album Diesel Dead Machine. J’imagine que le groupe doit en ressentir une certaine frustration. En attendant du neuf, du vrai, Zëro lâche dans la nature un deuxième CDr d’inédits, live et raretés du nom de Minorpieces By Zëro et reprenant le visuel d’un célèbre album de Duke Ellington – on se rappellera également que pour le premier volume de la série, Recorded Live - Epicerie Moderne - Oct 28 2008, le groupe était allé chercher son artwork du côté de Franck Zappa et de ses Mothers Of Invention. Pour les accrocs et les collectionneurs Minorpieces By Zëro est disponible auprès du groupe à sa table de merchandising après les concerts ou par correspondance ici. Si vous en avez les moyens, vous auriez tort de vous en priver.
Pour les béotiens et les incultes les Zëro ont repris l’idée de la pochette originale d’Ellington en notant dessus tous les titres figurant sur le disque. Mais ils ont fait bien mieux : ils ont également mentionné les auteurs des versions originales qu’ils proposent parce qu’ici – à une exception et demi près – il ne s’agit que de reprises. Et moi je n’avais jamais entendu parler de The Primitive Calculators* mais ce Pumping Ugly Muscle plait instantanément : est-ce l’attaque franche du morceau ? son dynamisme, euh…, post punk ? sa ligne de basse ? On peut y entendre un très lointain ancêtre de Pigeon Jelly, titre phare des concerts de Zëro. Suit The Big Ship, un titre instrumental de l’album Another Green World de Brian Eno. Je ne compte plus les groupes actuels que j’apprécie mais qui se réclament de ce cher Brian, lui vouent un culte déraisonnable ou tout simplement aiment le reprendre. Voilà la preuve tangible que l’on peut être totalement froid envers un musicien et sa musique mais que l’on peut aimer sa descendance**. Reste que ce The Big Ship est magnifique, va comme un gant à Zëro et donnerait presque envie d’aller réécouter l’original.
Autre reprise et pas des moindres : I Am Damo Suzuki de The Fall. Autant dire un monument pour certains et un chef d’œuvre pour tous les autres. Aussi reprendre un tel titre est le piège parfait pour tous les groupes du monde. C’était sans compter sur la capacité de Zëro à maitriser l’art de la reprise (le tableau de chasse du groupe est éloquent : Jocko Homo de Devo, Hello Skinny des Residents mais aussi Helter Skelter des Beatles que Zëro a joué trop peu souvent en concert alors que le groupe s’en sortait vraiment très bien) aussi I Am Damo Suzuki version Zëro reste honorable, certes bien loin de l’original mais on peut penser aussi que le groupe cherchait surtout à se faire plaisir.
Desert
est l’un des meilleurs titres de Deity Guns toutes périodes confondues. Zëro a joué quelque fois en concert cette chanson de l’ancien groupe de Franck Laurino et Eric Aldea – tout comme Zëro joue encore Rock’n’Roll Star de Bästard – et cette version alternative ne fait pas que rappeler de très bons souvenirs, elle se révèle presque aussi indispensable que celle que les Deity avaient enregistrée pour leur album Trans Line Appointment. Une façon de rappeler que même s’il ne s’agit pas des mêmes groupes, Deity Guns, puis Bästard et Zëro sont liés par une même histoire. Reste Sugar Ray, unique titre de ce CD composé par Zëro, un titre enregistré en 2006 avant ceux de l’album Jokebox et qui était resté dans les tiroirs du groupe. On se demande bien pourquoi, il est vrai qu’à l’époque Zëro se cherchait encore un peu – le groupe ne s’est vraiment trouvé que sur Diesel Dead Machine – aussi on comprend qu’il n’ait pas souhaité inclure dans un album cet instrumental aux relents progressifs avec sa ligne de basse typique et tournoyante et ses synthés à bulles métalliques. C’est pourtant une bonne idée de l’avoir rajouté ici, les complétistes et les fanatiques peuvent s’estimer heureux. Moi aussi.

* encore un groupe qui s’est semble-t-il reformé des années après sa mort clinique
** l’inverse est tout aussi vrai : combien de Sundays sans saveur et tête à claques pour un seul Beatles ?