jeudi 30 décembre 2010

Sheik Anorak - Weasel Walter - Mario Rechtern / Bass Bass Bass Bass
























Retour du trio Sheik Anorak/Weasel Walter/Mario Rechtern après un CD/DVD (The Forbidden Beat) publié un peu plus tôt dans l’année. Ce nouveau disque est en lui-même absolument magnifique : un vinyle transparent dans une pochette et avec deux inserts transparents eux aussi, un vrai plaisir pour les yeux et une musique qui à l’image de son emballage ne passe pas inaperçue. On reconnait bien là le soin habituel porté par Gaffer records à ses sorties. Et pour l’occasion le label de Sheik Anorak s’est associé à Savage Land records. Bravo.
Si vous avez déjà vu Weasel Walter en concert vous savez aussi que notre homme enregistre absolument chaque note de ce qu’il a pu jouer, quelque que soit le groupe ou la formation qui l’accompagne. Il ne sort jamais sans son petit enregistreur portatif. Et en bon grand malade monomaniaque Weasel Walter écoute ensuite absolument tout ce qu’il a enregistré. La prochaine fois que vous le croiserez, vous pourrez remarquer que lorsque il ne joue pas sur scène il a toujours un casque pas très loin de ses oreilles et qu’il réécoute tel ou tel concert donné la veille ou il y a quelques semaines, parfois à l’autre bout du monde… Il n’y aurait donc pas mieux que lui-même pour bien connaître sa musique et gare à vous si jamais vous vous permettez d’avoir un avis erroné ou tout simplement différent du sien. Mais que l’on soit d’accord avec lui ou pas a finalement peu d’importance : ce qui au contraire est important c’est que Weasel Walter sait ce qu’il veut, qu’il est son propre maître et que les critères qui font qu’il sélectionne tel ou tel passage d’un concert en vue de le publier sur un disque n’appartiennent qu’à lui.
Sur Bass Bass Bass Bass – l’ironie du titre n’aura échappé à personne puisque dans le trio personne ne joue de cet instrument – on retrouve avec plaisir Sheik Anorak, Weasel Walter et Mario Rechtern dans une forme tout simplement éblouissante. Les sélections proposées sur le disque ont donc des origines très diverses bien que provenant toutes d’une tournée effectuée en avril 2010 et ayant conduit le trio jusqu’en Suède. On découvre la pratique d’une musique improvisée en mode dur, bruyant même, et en tous les cas sans concession. La deuxième plage de la première face (Time Will Heal Us All part 2, enregistré à Lulk, Belgique, le 18 avril 2010) est absolument incroyable de vitalité et d’invention, privilégiant l’énergie dans le jeu collectif alors que la troisième (You Weird! enregistré à Stockholm le 21 avril) est plus axée sur l’écoute entre les trois musiciens – personnellement je trouve toujours que le trio est bien meilleur dans cette première option que dans la seconde.
Sur l’autre face du disque, les trois musiciens continuent de sortir le grand jeu le long de deux extraits (Frankfort le 24 avril et Hambourg le 19). Us vs Us et Treble Treble Treble Treble sont à nouveau la démonstration d’une musique improvisée intelligente et comme pour me faire mentir ces deux dernières plages – et tout spécialement Us vs Us – sont même de sacrés exemples d’interaction et de touche à touche entre les trois musiciens. Ah oui, si on a toujours tendance à attendre (et espérer) Weasel Walter et ses musiciens du côté du fracas débridé et des explosions soniques on aura surtout droit ici à un éventail de pulsations, respirations, faux départs et torpillages en sous-sol avant, bien sûr, la dite « explosion » à la fin de Treble Treble Treble Treble. On peut tout accepter de la part d’un musicien à la fois aussi conscient et déraisonnable que Weasel Walter. Le trio ne devrait toutefois pas en rester là, reviendra sûrement jouer en Europe courant 2011 et devrait également publier un DVD. Vous pouvez donc déjà savoir ce que vous allez commander pour votre prochain noël, si vous arrivez à tenir le coup jusque là.