jeudi 14 janvier 2010

Pyramids With Nadja / self titled





















L’année dernière, il m’a été strictement impossible de venir à bout du premier album de Pyramids, incommensurable bouse néo-prog-black-emo-shoegaze-metal-sirop publiée par Hydra Head, le label préféré des graphistes post hard core. Un album double, en plus, puisque incluant un deuxième disque de remix par James Plotkin, Blut Aus Nord, Justin Broadrick ou Campbell Kneale/Birchville Cat Motel. Une horreur se suffisant amplement à elle-même. Tu écoutes une seule fois ce disque et tu le jettes vite fait bien fait à la poubelle, pas la peine d’en rajouter avec une chronique assassine. Et bien fin 2009 Hydra Head et Pyramids ont remis ça mais cette fois s’il s’agit d’un album en forme de collaboration avec Nadja… A cette annonce mon sang n’a fait qu’un tour, je suis devenu livide de haine baveuse, déjà prêt à jeter tout mon fiel sur ce disque. Et puis le label a eu la bonne/mauvaise* idée de le balancer en streaming sur internet : horreur, stupéfaction et dégoût ont bien été au rendez-vous, difficile même d’en rire un bon coup – la distance nécessaire et vitale du second degré et de la mauvaise foi – pour conjurer le sort et oublier fissa une telle catastrophe.
Parce que catastrophe il y a bien. Quelques écoutes supplémentaires et un peu de temps ont légèrement atténué la violence d’une réaction hautement et malheureusement prévisible. Mais quand même : quelle merde ce disque. Et je le dis aussi directement que possible, tel que je le ressens, de façon toute entière et proportionnelle à une nausée persistante. Et donc tant pis, celui-ci sera finalement chroniqué et en mal – lapidairement si je puis dire – et de réserve ou de retenue il n’y en aura pas.
Si cet enregistrement s’appelle Pyramids With Nadja et non pas Nadja With Pyramids, la raison en est toute simple : on peut toujours chercher le long de ces quatre titres et cinquante minutes de musiques la trace d’idées pouvant émaner d’Aidan Baker et de Leah Buckareff. Des guitares distillant du plomb grésillant ou des vapeurs d’éther ? Non, du moins à peine sur Into The Silent Waves. Du chant de mormon psychorigide ? Non plus. Des rythmiques lourdes en forme de couloirs ascensionnels ? Encore moins. De la répétition lysergique ? Que nenni. A la place, quelques pulsations de boite à rythmes poussées inutilement au-delà du 200 bpm, des voix de Freddy Mercury imitant Liz Frazer ou de goéland sodomisé par Neil Diamond, des lignes de chant encombrantes et d’une grandiloquence ridicule, de l’emo pour rien dire, du petit cœur bleu en bandoulière, du plastic metal et même un piano éperdu de réverbération pour faire pleurer. Sans compter que les compositions n’ont ni queue ni tête, structure zéro, semblant démarrer ou s’arrêter au gré d’un montage de bandes calamiteux et aléatoire sur ordinateur.
Il y a donc pire que le revival 70’s qui pourrit le cerveaux des métallurgistes sans imagination, il y a pire que les post coreux qui se prennent pour Pink Floyd, il y a pire que les amateurs de touche-pipi qui se prennent pour King Crimson, il y a pire que les acrobates sportifs qui imitent Emerson, Lake & Palmer : il y a Pyramids dont la musique atteint les sommets du ridicule et de l’abscons, cumulant vantardise, préciosité et vide abyssal. Un exploit dans le genre et tant pis pour Nadja – mais qu’est ce que Baker et Buckareff sont allés faire dans cette galère ?

* bonne : on sait à quoi s’en tenir désormais / mauvaise : on est définitivement horrifié…