lundi 30 juillet 2007

Twenty songs less

.

Lorsque en 1997 David Grubbs et Jim O’Rourke ont réédité The Serpentine’s Similar via leur micro-label Dexter's Cigar, ce premier album de Gastr Del Sol initialement paru sur Teenbeat était réputé introuvable et c’était donc une bonne nouvelle : pouvoir enfin écouter ce disque dans de bonnes conditions, même si à l’époque de cet enregistrement Gastr Del Sol n’était pas vraiment le groupe que l’on a connu par la suite -c'est-à-dire Grubbs et O’Rourke- mais la continuation/dépérissement de Bastro, autrement dit toujours Grubbs mais cette fois ci accompagné de Bundy K Brown et de John McEntire.
Le seul regret que j’avais était que Twenty Songs Left, le single enregistré tout de suite après l’album, n’avait pas été inclus dans cette réédition, ce qui lui aurait donné un peu plus de consistance et de qualité -The Serpentine’s Similar ne comporte que huit titres et ne dure qu’une demi heure, c’est bien peu d’autant plus que la musique n’y est pas toujours fameuse. Par la suite Brown et McEntire quitteront rapidement Gastr Del Sol pour fonder Tortoise tandis que Grubbs trouvera en O’Rourke un nouveau partenaire et dans un cas comme dans l’autre c’était bien la meilleur idée que chacun pouvait avoir lorsque on connaît et apprécie a posteriori la musique et la carrière des deux groupes.
















Twenty Songs Left restait donc comme un lointain témoignage d’une époque marquée par les interrogations et les mutations d’un musicien qui visiblement se cherchait et allait très vite se trouver dès 1994 avec l’album Crookt, Crackt, or Fly pour exploser sur Upgrade and Afterlife, le chef d’œuvre de 1996 de Gastr Del Sol. Mais c’est un single dont les traces s’amenuisait peu à peu, une copie magnétique de mauvaise qualité, une cassette abandonnée parmi tant d’autres et un disque introuvable, une musique perdue et finalement oubliée. C’était sans compter sur l’instinct de conservation d’un allumé tchèque qui en 2006 a réédité ce disque sur son label Minority records sous la forme d’un petit vinyle transparent dont le rond central reprend l’illustration de la pochette originale. Cette madeleine sonore n’est elle-même publiée qu’à mille exemplaires, aussi il est à prévoir qu’un jour ou l’autre Twenty Songs Left disparaisse à nouveau dans les souvenirs, ressurgissant peut être à nouveau plus tard de la mémoire des entomologistes pointilleux comme le lointain repère d’une époque un peu floue.
A l’heure actuelle David Grubbs ne donne que peu de nouvelles, publiant de temps à autres des enregistrements toujours aussi parcellaires et collaborant parfois aux disques de ses amis, un homme vraiment discret somme toute. Il s’occupe également de son propre label dont j’aime beaucoup le catalogue, on y trouve notamment une réédition indispensable du Tautologos de Luc Ferrari.