La tournée commune entreprise par Nadja avec This Quiet Army au printemps 2009 était passé par Lyon et ce soir là, au Sonic, il y avait un troisième groupe à l’affiche : Troum. Des allemands plutôt du genre légendaires dans les milieux autorisés et dont je n’avais jamais entendu parler plus que ça, ni de leur groupe précédent d’ailleurs, Maëror Tri, encore plus culte de chez culte. Maëror Tri puis Troum – manifestation discographique dès 1988 tout de même pour les premiers – ont avec le temps glissé vers une musique de plus en plus indus/atmosphérique/tribale devant beaucoup à Zoviet France. Didgeridoo et autres flûtiots exotiques passés à la moulinette de la rerverb, ambiances de fantômes bienfaiteurs (les esprits sont avec nous), rythmiques martiales par endroits, communion avec Dame Nature : à l’écoute du concert des allemands la pertinence d’une future association discographique entre Troum et Nadja s’imposait sans trop de difficultés.
Ce que je ne savais pas, c’est que les deux groupes avaient déjà enregistré ensemble un an plus tôt, en avril 2008, aux studios Ghûto-M de Brème, situés au bord de la Weser, grande et belle rivière ayant comme chacun sait inspiré nombre de poètes et musiciens romantiques allemands. Ghûto-M est en fait le studio et la maison de Troum, là où le groupe a enregistré quelques uns de ses disques les plus marquants (Sigqan par exemple). Les sessions avec Nadja ont été captées en conditions live, prise directe, sans repassage ni mise en plis (no overdubs/processings made afterwards) et il s’agit d’une séance d’improvisation totale. Les punks et autres noiseux bas du front sont d’ores et déjà autorisés à quitter la salle, ce disque n’est pas pour eux.
Ses sessions sont aujourd’hui sorties sous le nom de Dominium Visurgis, sur le propre label de Troum, Transgredient records. On y retrouve trois plages copieuses d’ambient drone cristallin qui raviront les aficionados et autres drogués du genre. Part 1 n’est qu’une mise en bouche. Les détails sont systématiquement noyés dans l’arrière plan, les textures sont brumeuses ou carrément vaporeuses, les grondements sont trop lointains pour être inquiétants, la lumière vacille et la vie ralentit, confiante. Nombre de groupes/musiciens atmosphériques se contentent en général de ce genre de mode d’exposition avant d’enclencher le pilote automatique, l’ambiant passe alors pour un exercice de style paresseux. Ici, le jeu des sonorités, les échos, les allers-et-venues sont passionnants, laissent entendre un après qui (rassurez-vous) va bientôt arriver. Nadja et Troum ne se sont en effet pas contentés de souffler dans leurs binious et d’appuyer sur leurs pédales d’effet.
Part 2 est presque colérique. Les rythmes y font leur apparition, les guitares en mode saturé également, une mécanique aveugle et désordonnée se met en place (Aidan Baker a du appuyer sur la touche random de sa boite-à-rythmes) et surtout Part 2 marque l’arrivée de fréquences basses massives qui lorsqu’elles manquent à l’appel font dire aux détracteurs de Nadja que le duo canadien c’est tout juste une plongée messianique dans Le Grand Bleu. Part 3 est de loin le titre le plus long de Dominium Visurgis, démarrant comme Part 1, infusant lentement, très lentement, mouvements inquiétants de masses obscures derrière et interférences diverses et plus ou moins mélodiques devant. La première moitié de cette dernière partie, typique d’un drone hypnotique qui s’épaissit et s’intensifie est particulièrement envoutante mais laisse brutalement sa place à un tout autre paysage – pourquoi alors ne pas avoir scindé cette piste en deux ? – qui par contre se laisse aller aux clichés aquatiques/sous-marins et cinématographiques d’une musique atmosphérique d’ascenseur. Heureusement qu’une balalaïka, un banjo (ou que sais-je ?) se fait parfois entendre, prouvant qu’il peut aussi y avoir de la vie sous l’eau. Final regrettable qui vient un peu gâcher un disque qui jusqu’ici s’était déroulé sans fautes de goût. L’ambient drone à fortes doses s’avère ramollissant et dangereux. Tant pis. Les punks ont bien plus les pieds sur terre. Oui, toutes les vérités ne sont pas toujours bonnes à dire.
Ce que je ne savais pas, c’est que les deux groupes avaient déjà enregistré ensemble un an plus tôt, en avril 2008, aux studios Ghûto-M de Brème, situés au bord de la Weser, grande et belle rivière ayant comme chacun sait inspiré nombre de poètes et musiciens romantiques allemands. Ghûto-M est en fait le studio et la maison de Troum, là où le groupe a enregistré quelques uns de ses disques les plus marquants (Sigqan par exemple). Les sessions avec Nadja ont été captées en conditions live, prise directe, sans repassage ni mise en plis (no overdubs/processings made afterwards) et il s’agit d’une séance d’improvisation totale. Les punks et autres noiseux bas du front sont d’ores et déjà autorisés à quitter la salle, ce disque n’est pas pour eux.
Ses sessions sont aujourd’hui sorties sous le nom de Dominium Visurgis, sur le propre label de Troum, Transgredient records. On y retrouve trois plages copieuses d’ambient drone cristallin qui raviront les aficionados et autres drogués du genre. Part 1 n’est qu’une mise en bouche. Les détails sont systématiquement noyés dans l’arrière plan, les textures sont brumeuses ou carrément vaporeuses, les grondements sont trop lointains pour être inquiétants, la lumière vacille et la vie ralentit, confiante. Nombre de groupes/musiciens atmosphériques se contentent en général de ce genre de mode d’exposition avant d’enclencher le pilote automatique, l’ambiant passe alors pour un exercice de style paresseux. Ici, le jeu des sonorités, les échos, les allers-et-venues sont passionnants, laissent entendre un après qui (rassurez-vous) va bientôt arriver. Nadja et Troum ne se sont en effet pas contentés de souffler dans leurs binious et d’appuyer sur leurs pédales d’effet.
Part 2 est presque colérique. Les rythmes y font leur apparition, les guitares en mode saturé également, une mécanique aveugle et désordonnée se met en place (Aidan Baker a du appuyer sur la touche random de sa boite-à-rythmes) et surtout Part 2 marque l’arrivée de fréquences basses massives qui lorsqu’elles manquent à l’appel font dire aux détracteurs de Nadja que le duo canadien c’est tout juste une plongée messianique dans Le Grand Bleu. Part 3 est de loin le titre le plus long de Dominium Visurgis, démarrant comme Part 1, infusant lentement, très lentement, mouvements inquiétants de masses obscures derrière et interférences diverses et plus ou moins mélodiques devant. La première moitié de cette dernière partie, typique d’un drone hypnotique qui s’épaissit et s’intensifie est particulièrement envoutante mais laisse brutalement sa place à un tout autre paysage – pourquoi alors ne pas avoir scindé cette piste en deux ? – qui par contre se laisse aller aux clichés aquatiques/sous-marins et cinématographiques d’une musique atmosphérique d’ascenseur. Heureusement qu’une balalaïka, un banjo (ou que sais-je ?) se fait parfois entendre, prouvant qu’il peut aussi y avoir de la vie sous l’eau. Final regrettable qui vient un peu gâcher un disque qui jusqu’ici s’était déroulé sans fautes de goût. L’ambient drone à fortes doses s’avère ramollissant et dangereux. Tant pis. Les punks ont bien plus les pieds sur terre. Oui, toutes les vérités ne sont pas toujours bonnes à dire.