jeudi 29 juillet 2010

Child Abuse / Cut And Run





















Child Abuse. Avec un nom pareil, il faut assumer et surtout assurer, surtout lorsque vous partagez le même label que ces ectoplasmes à mèches plastifiés de Health ou ces couillons anamorphiques de Gengis Tron : on a déjà fait franchement plus intéressant comme voisins de pallier. Vous détestez les deux groupes précités ? Moi aussi. L’amour a ses raisons que la raison ignore mais dès qu’il s’agit de détester, expliquer devient tellement plus aisé. Question gros haine justement et surtout question j’assure, Luke Calzonetti (claviers et voix), Tim Dahl (basse) et Oran Calzonetti (batterie) ne doivent de toutes façons rien à personne et leur Cut And Run – plus un mini album qu’un véritable long format et produit par Ben Greenberg de Zs – réjouira les amateurs du groupe qui ont déjà eu la chance de poser une oreille sur leurs précédentes productions (également parues pour la plupart sur Lovepump United). Et mise à part l’instrumentation à proprement parler (claviers/basse/batterie et voix) qui rappelle celle des géniaux White Mice, je ne vois pas beaucoup d’autres groupes comparables à Child Abuse dans le monde des musiques exterminatrices. On pouvait reprocher à l’occasion un côté trop foirefouille et bordélique au grind mathématique et à l’indus jazz des new-yorkais (inventer de nouvelles étiquettes juste par jeu est un plaisir sans fin) mais on constate avec Cut And Run que Child Abuse, loin d’abandonner sa vigueur explosive, en rajoute également une couche dans le domaine de l’outrage terroriste et du sévice compris – les enfants amateurs de musiques bruyantes n’ont jamais été aussi heureux et comblés.
Sur la première face, le très court et très violent Hold This ravira les amateurs d’éjaculation faciale et de décapitation au couteau électrique mais c’est surtout Cut And Run avec ses incroyables glissés et ses lignes dissonantes de synthétiseurs à vous donner envie de chier dans votre froc qui remporte la palme de la terreur incontrôlable tandis que le bien nommé Bebe impressionne par sa mise en place où rien ne semble laissé au hasard : Child Abuse est un groupe de sadiques mais ce sont des sadiques froids et calculateurs. La deuxième face du disque assure à peu près les mêmes prestations en matière de bondage infantile et d’équarrissage de moutards et confirme que Child Abuse sait définitivement faire régner la terreur avec un sens de l’organisation et de la mise en place à rendre jaloux un planificateur de camp d’extermination. Sur Opportunity Zone, peut être le meilleur titre de Cut And Run, Luke Calzonetti en profite pour varier quelque peu sa technique de chant, sombrant définitivement dans le psychotique. Quant à Financial Burden on se demande un temps ce qui peut bien produire de telles plaintes stridentes avant de sombrer à notre tour dans le trou noir. Froze Toe enfonce définitivement le pieu de l’efficacité sadique dans les orifices béatement consentants des enfants que nous sommes tous restés oreilles ensanglantées de l’auditeur captif et captivé. Un vrai carnage, méthodique et prémédité, tout en restant complètement foutraque, et c’est ça qui est le plus traumatisant sur Cut And Run, cette folie organisée, ce perpétuel pétage de plombs sanguinaire en même temps millimétré et qui ne fait pas de cadeau. Bon, après, ceci n’est qu’un disque. Pas une incitation au meurtre ni un catalogue de tortures appliquées. Libre à chacun de se masturber dessus ou pas. Quelqu’un pourrait me prêter un kleenex ?