On ne pourra surement jamais en finir avec l’énumération des enregistrements signés Nadja et Aidan Baker mais voilà la parution la plus récente du duo de Toronto : Ruins Of Morning est en plus le tout premier 10 pouces jamais réalisé par Nadja. On aurait préféré pour l’occasion un artwork un peu moins laid mais ce n’est que du chipotage, hein… N’empêche que cette œuvre picturale digne d’un groupe dark prog en quête d’obsessions apocalyptiques et post industrielles fait un peu froid dans le dos. Qu’est ce qu’on attend pour interdire aux graphistes et illustrateurs sans talent l’usage unique de l’ordinateur ? – tout comme on devrait bannir Protool des studios d’enregistrements… Et puisque on parle art, chiffons et emballage : Ruins Of Morning a été gravé dans un vinyle quant à lui annoncé par le label Substantia Innominata (une filiale de Drone records, spécialisée dans le 10 pouces à tirage limité) comme étant de couleur gold. Doré ? Oui si tu veux. J’y verrais pour ma part plutôt une tentative réussie de la reproduction colométrique d’un breuvage sudiste, également parfait compromis entre le Perroquet et la Momie et que ces couillons de Marseillais appellent gas-oil par simple soucis d’identification pertinente et de rationalité objective. En résumé cette couleur est autant à vomir que l’artwork de la pochette, regrettable constat parce que lorsqu’on aime bien un disque on apprécie également que sa présentation soit à la hauteur.
On se lève vite pour retourner la galette et attaquer la suite de Ruins Of Morning exactement au moment où l’explosion sonique est proche, où les rythmes s’alourdissent, ou la guitare partirait presque dans un solo sans queue ni tête mais comme rien ne doit jamais être simple, la tension redescend et la violence s’estompe, laissant derrière elles ce gimmick de guitare toujours aussi entêtant mais plus marqué qu’auparavant, c’est vrai. Le titre passe alors en mode planeur des hauts plateaux, la vue est belle mais lointaine et l’auditeur a tout le loisir de la contempler alors qu’il redescend lentement, lentement, lentement… pour atterrir sur un tapis de mousse au milieu des pâquerettes et des amis de la nature. Nadja semble avoir définitivement abandonné le metal vaporeux et avec Ruins Of Morning le duo réussit enfin là où il achoppait régulièrement sur ses derniers enregistrements, remplaçant la densité et les mouvements telluriques par des trames plus affinées et des glissements plus pointillistes. Moins metal et peut être plus folk la musique de Nadja est à nouveau passionnante.