vendredi 9 juillet 2010

The Blood Of Heroes / self titled























Voilà un album précédé d’une réputation on ne peut plus flatteuse. La raison en est que The Blood Of Heroes est un groupe composé d’une poignée de musiciens émérites, aux champs d’action complémentaires et suffisamment ouverts pour travailler ensemble, la preuve. The Blood Of Heroes est donc la réunion au sommet de Justin Broadrick*, Submerged, Enduser, Bill Laswell et Dr Israel. Rajoutez deux batteurs sur quelques rares titres (quatre pour être plus précis) et un certain M Gregor Filip (connais pas) à la bidouille ou à la guitare et vous aurez une bonne idée du line-up de The Blood Of Heroes.
Cet album sans titre a été enregistré en de multiples endroits, de Brooklyn à Seattle en passant par le pays de Galles et la Hongrie. Une année de composition, d’échange de fichiers – merci internet –, de mixage, d’arrangements, de remixage, etc… Un album créé par des bidouilleurs et des laborantins de studios mais un album sans réelle unité** : il est assez tentant en l’écoutant de jouer à qui a fait quoi ? tout comme il est facile de deviner lequel de ces musiciens est responsable de la base de tel ou tel titre. Les exemples les plus flagrants sont Repositioned (Bill Laswell inside) immédiatement suivi de Remain (qui fleure le Jesu/Justin Broadrick à plein nez…). On note aussi qu’une grosse majorité des titres sont des instrumentaux, que Dr Israel n’est présent que sur cinq d’entre eux, que The Blood Of Heroes n’est pas uniquement un album composé de titres terroristes pour toaster fou et guitare malade sur fond de breakcore assassin avec mitraillette sur la tempe. En un sens ce n’est pas plus mal.
En son temps l’album The Brotherhood Of The Bomb de Techno Animal – avec Broadrick et Kevin Martin dans ses rangs – incluait déjà nombre de plages instrumentales entre les différentes interventions de MCs (issus de Cannibal Ox, Dälek ou Anti Pop Consortium). On peut rapprocher ces deux albums que presque dix ans séparent, sauf que, logiquement, celui de The Blood Of Heroes est infiniment plus varié**. Trop varié ? Il n’y a pourtant rien à jeter sur ce disque – du moins si on aime le dub, le breakcore, la drum’n’bass, le metal, la musique industrielle et deux ou trois autres trucs pas très catholiques. L’avantage d’un tel disque c’est qu’il est très facile de zapper dessus : si un titre ne vous plait vraiment pas vous pouvez aisément passer au suivant sans avoir l’impression de trahir l’esprit d’un enregistrement ou sans avoir l’impression d’avoir été trahi par lui. Est-ce que cela veut dire qu’en définitive de l’esprit cet album n’en a pas beaucoup et que cette musique est condamnée à n’être que la bande son jetable de nos petites angoisses urbaines transformées en assaut sonique ? Il y a de ça. The Blood Of Heroes est un bon album mais c’est déjà aussi un souvenir de l’année 2010, un bibelot sur l’étagère.

* une bonne nouvelle à propos de ce disque est que l’on y retrouve avec bonheur le son de guitare de Justin Broadrick et ce dès la première plage, Blinded – ce son que l’anglais a un peu trop mis en veilleuse depuis qu’il a démarré Jesu
** varié/sans réelle unité : il s’agit bien de la même idée, tout dépend du point de vue que l’on adopte