dimanche 4 juillet 2010

Don Vito / IV























Quand je vous disais que le LP monoface était le truc furieusement à la mode : pour leur quatrième disque, logiquement intitulé IV, les allemands de Don Vito viennent à nouveau de succomber aux charmes de la matérialité. Mieux, la face où absolument rien n’est gravé est par contre ornée d’une vraie illustration sérigraphiée et qui représente des poulpes délicieusement répugnants ou autres méduses (presque) atrocement enfantines*. Ça me rappelle la salade de calamars aux épices que faisait ma grand-mère en pensant toujours me faire plaisir : je trouvais ça hyper beau toutes ces petites tentacules teintées de rouge mais en même temps cela me dégoûtait, je n’ai jamais pu en manger une seule bouchée. Le disque est également accompagné d’un CD avec l’intégralité des mêmes dix titres dessus (ça aussi c’est à la mode), gadget auquel Don Vito avait déjà eu recours pour son précédent disque, lui aussi très logiquement appelé III, un 25 centimètres sorti chez Gaffer records. Cette fois ci ce sont les labels Bar La Muerte, Discorporate records et Tremor Panda qui se sont faits les poches pour publier un objet dans l’intérêt est complètement inversement proportionnel à son espérance de vie. Lorsque les gros patrons de l’édition phonographique auront définitivement décidé que le support physique en musique appartient au passé et lorsque le verrouillage d’internet ne permettra plus que de se procurer des mp3 dégueulasses en payant, j’espère qu’il restera toujours de ces petits labels qui continueront à produire artisanalement des disques originaux et décalés. Merci et au revoir.
Pour les amateurs de cubes de calamars aux épices et pour les amateurs de musique, puisqu’il en reste malgré tout, précisons que cette quatrième poussée de fièvre signée Don Vito – dix titres, douze minutes – ne change pas grand-chose de fondamental par rapport aux précédentes livraisons du trio qui, bonne nouvelle, se montre toujours en aussi grande forme, bien débile voire joyeusement taré. Une saine exubérance. Toujours pas de chant à signaler hormis quelques glapissements orgasmiques ici ou là mais toujours une no wave nouvelle génération, et complètement instrumentale donc, privilégiant le fun option défouloir sans passer par la case sport et jus de fruits. Quelque part entre Arab On Radar pour l’outrance généralisée mais finalement bon teint (cette musique n’est pas dangereuse) et Melt Banana pour la stridence et les zigouigouis de la guitare, Don Vito pique les yeux, donne le fou-rire, fait occasionnellement danser sous la boule à facettes et permet de passer un bon mais court moment. Un peu plus d’épices rougeoyantes comme dans la salade de calamars de ma grand-mère et quelques tentacules davantage récalcitrantes pour gratouiller là où on s’y attendrait le moins auraient pu donner un peu plus de relief à l’ensemble. Mais le relief c’est comme la signification profonde, on s’en fout un peu beaucoup dès qu’il s’agit d’un disque qui se dédouane ainsi de toute prétention. Don Vito n’est finalement pas arty pour deux sous.

* tu aimes ? va donc faire un tour par ici afin de découvrir d’autres illustrations de Lilas