J’en ai toujours entendu de toutes sortes à propos des allemands de Kodiak, parfois même de très méchantes sur l’ultra doom baltringue et convenu d’un groupe peinant à sortir des sentiers battus. Et alors ? Et alors c’était bien vrai, en tous les cas au sujet de la première face de ce 12 pouces partagé entre Kodiak et Nadja : le groupe ne sait faire qu’une seule chose c’est à dire insister, insister, insister. Il n’y a absolument rien de déshonorant là dedans, on ne peut pas dire non plus que Denovali a publié avec ce split le disque le plus inintéressant de tout son catalogue, mais avec MCCCXLIX The Rising End Kodiak ne va pas plus loin qu’un long étalage de drones sursaturés aboutissant imparablement au bout de six minutes (inter)minables à un doom massif de garçons coiffeurs tatoués. Il ne manque que le headbanging en rythme pour que le tableau soit complet. C’est dans ces cas là que j’en viens à plaindre le batteur, bien obligé le pauvre de s’occuper – oui mais à quoi ? – entre chaque coup de cymbale ou chaque coup de caisse claire.
MCCCXLIX The Rising End aurait pu être l’introduction réussie d’un vieux titre de Godflesh tant la lourdeur saturée et glauque dispute la première place à une efficacité presque mécanique de la rythmique seulement voilà, il n’y a ici aucune progression de style ni enjeu dramatique, uniquement une succession de plans ambiancés et ajustés les uns aux autres avec une précision et un savoir-faire qui ne peuvent que laisser froid. L’absence de chant – on se serait même contenté d’un chant hurlé de métalleux primate des cavernes – n’arrange pas les choses, la musique purement instrumentale gagnant en pertinence si elle se révèle purement hypnotique ou harmonique (et quand c’est les deux à la fois, comme chez les regrettés Grey Daturas, c’est encore mieux) ce qui ici n’est absolument pas le cas. Moins de monolithisme et plus d’imagination s’il vous plait.
Sur l’autre face les deux Nadja déçoivent terriblement avec un KITSUNE Fox Drone faiblard et insignifiant. Un titre enregistré pendant l’été 2009 à Berlin – ville dans laquelle les canadiens semblaient s’être installés plus ou moins durablement – et on ne peut pas s’empêcher de penser que cet été là Nadja a enregistré un seul long titre en studio que le groupe a ensuite découpé en tranches pour satisfaire tous les labels auxquels le duo avait d’une manière ou d’une autre promis un inédit. Les productions enregistrées à cette époque par Nadja ont en effet le tort de toutes se ressembler et en plus elles ne sont guère fameuses, montrant que le groupe a traversé un sacré passage à vide pour ne pas dire qu’il n’arrivait plus à se renouveler – alors qu’il avait bien l’air décidé à le faire, ce qui est tout à son honneur. C’est peut être bien le début de la fin pour un groupe qui jusqu’ici était un maître du studio (en concert c’était déjà effectivement tout autre chose…).