mercredi 26 mai 2010

Room 204 / Balloons























Les groupes instrumentaux pullulent en ce moment on l’a déjà dit mais celui-ci, Room 204, ne date pas d’hier (le premier disque du duo a été publié en 2003 si je ne m’abuse) bien qu’il se soit fait un peu trop rare à mon goût (précédent album : Trans Panda en 2005). Bande de branleurs. Ce nouveau méfait – façon de parler car tout y excellent – attire l’attention et la sympathie immédiate pour deux raisons essentielles : premièrement sa pochette rigolote et colorée particulièrement réussie et qui nous change vraiment et son titre, Balloons, qui décrit un jouet universellement indémodable chez les enfants petits et grands mais qui décrit également mon état d’immobilisme avancé un lendemain de cuite à la bière/vodka ou après un bon repas de famille.
Or d’immobilisme il n’y a en pas chez Room 204, parlons au contraire de dynamisme (Bar Diving, The Chinese Plot, Hey Friendly J.!). Le crédo du duo n’est pas l’extravagance folle et le canardage/pilonnage en règle (Pneu) ni la complexité ardue mais inspirée (Don Caballero, Rumah Sakit, Chevreuil et tous leurs suiveurs, beaucoup moins inspirés, eux) mais un rock instru point trop matheux, absolument pas progressif, parfois indolent (Patrick Swayze, un titre sûrement nommé de cette façon parce que Patrick a eu la bonne idée de mourir et qu’un cadavre ça gigote rarement) et rempli de petites étincelles vivaces, de pétillements qui vont bon train, de rythmiques entraînantes, de guitares lapidaires et sournoisement crades – presque noise parfois – et d’un bon sens de l’instantané à deux : écouter ce disque c’est se taper une bonne tranche de vie, Pierre-Antoine (batterie) et Aymeric (guitare) n’ont pas ce travers du duo scientifiquement autiste et viscéralement calculateur. On est donc constamment surpris et entraîné par ce Balloons – à la liste des titres ci-dessus on pourrait sans problème ajouter tous les autres : Race To Death, Plate Pan, etc) et surtout Room 204 ne cherche jamais à s’attarder, pas de précipitation ni de fulgurances on l’a dit mais pas d’étalage et de confiturage non plus, un équilibre magiquement préservé entre le rentre-dedans et le fais comme chez toi. Les huit titres de Balloons sont donc logiquement (très) courts, tellement courts qu’ils arrivent même à tenir sur toute la première face de ce douze pouces, celle qui est orné d’une rondelle jaune.
L’autre face (rondelle rouge) est gravée des explications techniques qu’on lit habituellement sur le livret ou l’insert d’un disque tout en l’écoutant parce qu’on s’emmerde un peu. Là, ce n’est tout simplement pas possible : soit tu lis, soit tu écoutes, et de toutes façons il te sera impossible de t’emmerder lorsque ce Balloons aussi frais que coloré tournera inlassablement sur la platine. Un disque Kythibong.