jeudi 26 mars 2009

Wino / A Bottle Of Pills With A Bullet Chaser





















Le groupe disparu, oublié, retrouvé par hasard et compilé en bonne et due forme, on nous l’a déjà fait plus d’une fois. Je t’en foutrais moi, du génie à chaque coin de rue. Putains d’amerloques. Cette fois ci c’est Temporary Residence qui a ouvert la boite de Pandore avec la publication d’un double CD bourré jusqu’à la gueule de tous les titres jamais enregistrés par Wino, obscur combo de Louisville, Kentucky. Le label nous vante les mérites d’un groupe essentiel de cette bourgade de bouseux attardés et qui aurait par la suite influencé plus d’un groupe originaire du même endroit -derniers exemples en date : Coliseum ou Young Widows. Lorsqu’on sait que des trucs aussi essentiels que Rodan et Slint viennent justement de Louisville et qu’ils ont précisément précédé Wino de quelques années, on est dans l’obligation de lever une oreille attentive sur ce cas suspect. Car le coup du chaînon manquant, on nous l’a déjà fait aussi de trop nombreuses fois.
A Bottle Of Pills With A Bullet Chaser est un joli digipak de deux disques. La différence entre les deux rondelles c’est le bassiste qui a changé entre les débuts du groupe (1994) et sa mort prématurée (1998). Pour le reste, difficile de s’y retrouver. Il y aurait un album entier là dedans. Une bonne poignée de singles aussi. Mais il n’y a aucun détail discographique dans le livret car il n’y a pas de livret. A toi donc de te démerder et de prendre cette musique comme elle vient. Ce qui est une option fort judicieuse de la part de Temporary Residence. Pour une fois qu’intelligence de la conception et économie sur les coûts de fabrication d’un disque font bon ménage, il ne fallait manquer de le signaler.
Une méthode pertinente donc. Parce qu’à l’intérieur c’est le bordel. Dutch Oven (le premier titre) est une courte salve de punk rock fleur bleue ? Oui. Yam Hand aurait mérité de figurer sur le premier album d’Unsane ? Aussi. On en est donc seulement au troisième titre que Wino nous fait déjà une démonstration de grand écart. Et ce n’est fini, le groupe s’offrant le luxe de titiller à peu près tous les genres de musiques à guitares en cours du côté de la scène indépendante US (metal mis à part). La plupart du temps c’est extrêmement réussi -sauf Eon, ersatz electro à la fin du premier CD- bien qu’un peu fatigant… non ce double CD n’est pas une compilation avec plusieurs groupes.
Il y a vraiment de quoi rester perplexe à l’écoute de A Bottle Of Pills With A Bullet Chaser. Perplexe parce que forcément enthousiaste. Wino méritait bien cet hommage posthume. La singularité de ce groupe aux cent visages (sans visage ?) valait bien cet éclairage nouveau. Ce n’est pas tous les jours que l’on découvre un groupe qui a le cul entre plusieurs chaises et qui fonctionne parfaitement ainsi. Quant à l’influence de Wino sur la scène de Louisville post 1998, on laissera ça aux historiens. Et pour savoir ce que sont devenus les quatre ou cinq losers qui jouaient dans le groupe, il suffit d’aller faire un tour par ici, petite visite qui permet également d’avoir après coup plus de détails discographiques sur ce groupe fossilisé au siècle dernier.