mardi 17 mars 2009

Mais qu'est il arrivé à The Drones ? (part two)





















Il est clair -et ce dès les premières écoutes d'Havilah, dernier album en date de The Drones et déjà le second pour ATP recordings- qu’il ne s’agit plus du tout du même groupe. S’en suit le schisme inévitable entre les vieux fans désormais fatigués par les facéties un rien nombrilistes du leader et chanteur/guitariste Gareth Liddiard et les nouveaux, ceux qui restent exaltés par la découverte jalouse d’un joyau secret. En comparaison d’Havilah, son prédécesseur Gala Mil était finalement un disque de blues punk outrancier.
Au contraire cette nouvelle livraison fait la part belle au sirop voire même aux balades (c’est le syndrome Nick Cave ?). Le piano y fait à l’occasion des interventions encore discrètes mais énervantes (Cold And Sober, la chanson la plus insupportable de l’album ?) tandis que les guitares ne rechignent pas à délaisser l’électricité pour lorgner vers l’acoustique. Et pour celles et ceux qui n’auraient pas encore remarqué que The Drones est devenu le groupe du seul Gareth Liddiard, sa voix est mixée toujours plus en avant. Conséquemment ses tics de chanteur sont encore plus évidents -cette tendance à commencer ses parties de chant en début de morceaux toujours sur la même note, la montée un ton au dessus en prenant une voix de canard. Havilah est un disque de bavardages longuets et c’est lorsque on se dit que la voix du chanteur que l’on appréciait jusqu’ici frôle les limites de l’insupportable que l’on doit bien admettre qu’il y a dorénavant quelque chose qui cloche chez The Drones.
On cherche fatalement les guitares sur Havilah, on cherche ces croisements noisy et décadents (Blue Oyster Cult en mode Sonic Youth ?) entre Gareth Liddiard et Rui Pereira mais il n’y en a pas. Il faut dire que ce dernier a quitté The Drones, laissant sa place à un certain Dan Luscombe -c’est lui qui joue du piano, délation !- qui comme les deux autres membres du groupe ne sert désormais que de faire valoir au chanteur. A la place du mordant on a ainsi droit à des balades pleutres et intimistes (Penumbra, pseudo fantomatique), à du country rock mollasson (Your Acting’s Like The End Of The World) ou à des titres bancals hésitant encore entre les anciens Drones et les nouveaux (le single The Minotaur, Luck In Odd Numbers ou l’inaugural Nail It Down). Seul I Am The Supercargo et son texte désabusé -mysanthrope ?- donne un semblant d’ivresse à l’auditeur mais un seul titre sur dix, ce n’est vraiment pas beaucoup.

[et pour ce qui est de ne jamais avoir vu les australiens en concert, ceux-ci figurent au programme des Nuits Sonres 2009, le 22 mai…]