mardi 18 décembre 2012

Report : Totale Eclipse, House Of John Player, Maman Brigitte et Die Grosse Stille à Grrrnd Zero - 14/12/2012




Retour à Grrrnd Zero = braver le froid hivernal du nouveau hangar + éviter les pincements au cœur... car on se rapproche dangereusement de la date « officielle » de fermeture  du lieu – au 1er janvier 2013 les bâtiments changent de propriétaire et le nouveau landlord, une méga société d’investissement urbain, est censé récupérer un endroit vidé et déserté. Autant dire que personne, les groupes qui y répètent et tous les autres, n’a envie de partir de Grrrnd Zero ; personne ne se résigne non plus à s’y préparer réellement mais tout le monde y pense quand même très fort.
Et puisque aucun ange-gardien, et surtout pas les responsables locaux, ne semble pouvoir assurer le relogement du collectif et la poursuite de ses activités dans un futur proche, il va sûrement y avoir un grand trou d’air dans le paysage lyonnais, sans compter les perturbations qui vont avec, comme un vide qu’il va falloir absolument remplir. Encore une fois, pour se tenir au courant de l’évolution de la situation de Grrrnd Zero, le plus simple c’est de s’abonner à la newsletter du collectif – on vous tiendra aussi au courant des bonnes comme des mauvaises nouvelles…




Le concert de ce vendredi 14 décembre donne à revoir TOTALE ECLIPSE – Nico Poisson de Ned/Satönay à la guitare et au chant ; Seb Radix de feu Kabu Ki Buddah et de lui-même à la basse et au chant également ; Franck Gaffer aka Sheik Anorak à la batterie et au chant, toujours. Il est assez curieux de penser que Totale Eclipse est à la fois un vieux et un jeune groupe : le trio reprend les choses là où The Rubiks les avaient laissées mais ce n’est pas tout à fait non plus la même chose.
Disons que l’esprit est le même – du punk progressif, on vous dit – et que de surprendre les sourires parfois hilares des trois musiciens en dit long sur leurs motivations. Et voir et entendre un groupe qui passe son temps à piocher ici et là, à voler des plans éculés pour les remettre à neuf, à rendre hommage sans se prosterner stupidement, tout ça sans adopter d’attitude préfabriquée, est un vrai plaisir ; ça change des groupes de hardcore qui doivent forcément avoir l’air méchant pour prouver qu’ils ont des grosses couilles ou des groupes de noise qui doivent forcément être bordéliques pour faire arty.
Malheureusement et alors que le concert était bien parti pour exploser les compteurs de l’hilarité crétine, le matériel du guitariste a commencé à donner de sérieux signes de faiblesse voire à tomber en lambeaux : un jack qui déconne puis un ampli qui grésille puis une pédale de distro qui devient muette… Au début c’était plutôt amusant de voir monsieur Nico Poisson rattraper le coup pendant que ses deux petits camarades rallongeaient la sauce pour faire patienter tout le monde ; puis, les ennuis techniques recommençant et perdurant, cela a littéralement plombé un concert qui s’annonçait excellent – ce fut une fin de queue de poisson m’a alors soufflé à l’oreille un mauvais plaisantin dont je préfère taire l’identité (et je décline par la même toute responsabilité sur ce qui vient d’être dit). A la prochaine.




Suit HOUSE OF JOHN PLAYER, le projet solo d’un membre d’Action Beat (?) réfugié politique à Grrrnd Zero depuis cet été et qui en a profité pour composer quelques chansons/morceaux avant de partir en tournée avec les Ned (tournée dont il est fort heureusement revenu sain et sauf). House Of John Player c’est un truc très pop, c’est chanté avec une voix  très aigue et donc je souffre beaucoup. Ouais, OK, je suis un indécrottable rabat-joie.




Arrive MAMAN BRIGITTE. Maman Brigitte c’est assurément le nom le plus nul/pourri de toute la scène lyonnaise depuis l’apparition de Totale Eclipse (c’est dire). Madame Brigitte c’est aussi un vieux et un nouveau groupe à la fois car il s’agit des anciens Pan Pan Pan avec un membre en moins : l’un des deux guitaristes est parti voir ailleurs et Thibaut/Raymond IV reste seul maitre à bord question six-cordes.
Mais Maman Brigitte n’est pas qu’un groupe à guitare, pas plus que Pan Pan Pan n’en était un d’ailleurs : le batteur joue sur le devant de la scène, encadré par le bassiste et le guitariste – formation resserrée, tout le monde peut se regarder et sentir les autres transpirer et tout le monde se tient chaud. Le froid persistant c’est pourtant le principal problème à ce moment là de la soirée, le hangar de Grrrnd Zero se transformant peu à peu en bac à légumes de réfrigérateur et le bassiste de Maman Brigitte n’enlèvera pas sa grosse doudoune de tout le concert… le grand retour des anoraks ?
Non, vraiment pas. Maman Brigitte ça ne change pas fondamentalement par rapport à Pan Pan Pan et le trio joue un kraut hyper hypnotique et tribal (le batteur est ingénieur diplômé en mouvements circulaires) traversé de nappes de guitare célestes (le guitariste est expert en manipulation de pédales d’effets psychotropes) et de lignes de basses météorites (le bassiste n’a que deux points communs avec Steve Harris d’Iron Maiden, mais pas n'importe lesquels : il joue sur une Fender bleue et il joue avec ses petits bouts de doigts à lui, sans médiator).
Maman Brigitte c’est donc le changement dans la continuité. Et j’ai beau détester le nom du groupe, j’aime déjà sa musique.




Le dernier groupe qui joue ce soir s’appelle DIE GROSSE STILLE – « le grand silence » dans la langue de Gérard Depardieu – et regroupe quelques membres du collectif H.A.K. et un autre de Ned. Je résiste encore un peu malgré l’heure tardive parce que les invectives de Tristan (habituellement bassiste de Ned) me font bien rigoler et contrastent salement avec le côté indus/cold/robotique/glacial des trois autres qui bidouillent et tapotent derrière lui. Et puis j’abandonne, vaincu par le froid du hangar… à revoir dans de bien meilleures conditions. A bientôt aussi.

[les habituelles photos pourries du concert]