mercredi 26 décembre 2012

Marteau Rouge / Noir




Les enregistrements de MARTEAU ROUGE sont tellement rares que l’on ne devrait jamais hésiter une seule seconde et se jeter dessus ; à tout bien y réfléchir aussi, l’unique prédécesseur que l’on connait vraiment à ce Noir est un album en collaboration avec le saxophoniste anglais Evan Parker et publié en CD par le label In Situ en 2009 ; à tout bien y réfléchir (encore) on reconnaitra également que Marteau Rouge est avant tout un groupe à écouter et à voir en concert.
Sur une scène, c’est même là qu’on les avait découverts, ces trois musiciens iconoclastes et un rien dilettantes : en première partie de Sonic Youth plus précisément, à une époque où la bande à Thurston Moore et Kim Gordon n’avait déjà plus rien de bien reluisant (quelque part aux alentours de l’année 2002 et de l’album Murray Street des new-yorkais) – on se rappelle alors que les trois Marteau Rouge avaient commencé à jouer dès l’ouverture des portes de la salle de concert, devant une fosse presque vide et bien en peine de se remplir parce que le public arrivant avait tendance à fuir aussitôt ce qu’il entendait alors. Marteau Rouge, c’est donc ça, une idée certaine mais jamais définitive de l’intransigeance et une sacrée bande de sculpteurs de sons, des poètes à vrai dire, des poètes qui se foutent bien du reste.
Jean-Marc Foussat (synthèse analogique – il joue sur un EMS VCS3 – et voix), Jean-François Pauvros (guitare et voix) et Makoto Sato (batterie et percussions) me font toujours l’effet d’être une bande de vieux anars facétieux et irrévérencieux. Mais en fait, ils croient dur en ce qu’ils font ; ils y croient même tellement qu’ils sont au delà de tout schéma et de toute conception préétablie : Marteau Rouge c’est peut-être de l’improvisation libre en mode pur et dur mais c’est surtout de la vie. Une leçon de vie même, pour peu que l’on aime cette musique.
Ici, vous l’aurez compris, on aime énormément Marteau Rouge. Et on n’a pas vraiment d’autres arguments à vous soumettre pour vous inciter à écouter cette musique là. Une musique qui va entortille le bruit, le malaxe et l’élève presque jusqu’au sublime. Des murs de saturation et des monceaux de finesse à la fois. De la beauté et de la violence. De la frontalité et de la perspective. Des horizons et des parallèles. De la générosité et du nihilisme. Marteau Rouge c’est tout ça en même temps et toujours beaucoup plus. A chacun d’y trouver tout ce que ces trois musiciens ont à offrir et puis d’en faire ce qu’il veut (de toute façon, ils s’en foutent, on vous l’a déjà dit). Merci.

Noir est publié en vinyle uniquement par Gaffer records et est constitué d’enregistrements qui commençaient à sérieusement pourrir dans un coin en attendant une hypothétique parution ; on essaie d’imaginer la tête des trois musiciens lorsqu’ils ont été contactés par le label… et heureusement qu’ils ont accepté.