mardi 20 décembre 2011

Black Cobra / Invernal





Black Cobra n’est pas à proprement parlé un groupe de poètes mais on va finir par le regretter. Invernal est le quatrième album du duo – le deuxième pour Southern Lord – et a été enregistré et mixé par Kurt « je casse tout ce que je touche » Ballou, le guitariste/sorcier/producteur de Converge. Il n’y a pas que la laideur proverbiale de ses artworks qui soit une constante chez Black Cobra : d’album en album le groupe n’a en effet que peu voire même pas du tout évolué. Pour parler d’un disque du duo il faut donc se replier sur deux facteurs… premièrement l’estimation subjective du degré d’excellence des compositions ; deuxièmement la qualité même de l’enregistrement et de la production.
Ainsi Chronomega, troisième album et prédécesseur direct d’Invernal, en avait déçu plus d’un à cause de la présence aux manettes de Billy Anderson, lequel avait été accusé d’avoir par trop policé le son du groupe. Rappelons que sur le génial Bestial (2006) et le légèrement en dessous Feather And Stone (2007) c’est un parfait inconnu, Dan Escauriza, qui avait fait office d’ingénieur du son et donné une coloration résolument crade au hard core métallisé de Black Cobra. Malgré toute la propreté induite par le travail de Bill Anderson sur Chronomega, on avait fini par s’y faire et peut être Invernal suivra-t-il le même chemin dans nos cœurs assoiffés de violence gratuite et de sang frais. Mais ça va être dur. Parce que si ce cher Billy avait eu la main un peu lourde question ripolinage sonore, que dire du travail de Kurt Ballou ? Sur Invernal il s’en faut de peu pour que l’on soit d’emblée complètement dégoûté par ce son testostéroné et glacé comme un marron dans le cul d’une dinde de noël – oh oui fais-moi mal mon chéri mais pas trop quand même.
Reste donc le niveau des compositions… celui-ci n’est ni mieux ni pire que celui des albums précédents de Black Cobra mais sans doute que la lassitude n’incite pas à tendre l’oreille plus que ça. Ce qui n’incite pas non plus c’est l’absence d’un ou deux vrais titres lents, lourds et dégueulasses (« sludge » comme ils disent chez les jeunes) comme il y en avait sur Bestial et Feather And Stone et domaine dans lequel Black Cobra excellait pourtant. Il n'y a plus qu’à se farcir un chapelet de bourinades à l’image de cet Avalanche dont les relents thrash ne sont même pas drôles. Heureusement que pendant toute cette débauche d’énergie génératrice de lassitude on peut tout de même admirer la technique du batteur Rafael Martinez et compter les roulements de grosse caisse, wow. Seule exception au milieu de cette surenchère trop bien ordonnée : Abyss, un titre instrumental qui ferait pleurer ma mère.
Enfin il y a un dernier point à aborder : qu’est-il donc arrivé au chant du guitariste Jason Landrian ? Il a toujours mal chanté c’est vrai mais au moins il savait brailler comme un porc et c’est tout ce que l’on peut demander au chanteur d’un groupe tel que Black Cobra. Sur Invernal on n’ose pas croire que l’ami Kurt et sa production maléfique soient les seuls responsables d’un chant aussi plat, convenu, parfois doté d’une reverb totalement merdique et tristement agressive. Véritablement, s’il y a un élément qui fera tomber Invernal dans les oubliettes encore plus vite c’est bien ce chant pas loin d’être calamiteux et qui gâche tout ce qui aurait pu être sauvé par ailleurs.