vendredi 4 février 2011

Binaire - Nicolas Dick / Rosemary K's Diaries volume 2





















Voici enfin la deuxième sortie officielle des Disques De Plomb et la suite tant attendue des Rosemary K’s Diaries avec une confrontation entre Binaire et Nicolas Dick en solo. Encore une bien belle affiche, moins prestigieuse que celle du volume 1 mais tout aussi évidente à mon sens. Pensez donc, d’un côté les cyber-pounks darkoïdes les plus inventifs de la planète metal alterno et de l’autre l’échappée solitaire du chanteur/guitariste de Kill The Thrill. Les gens des Disques de Plomb prennent leur temps mais ils ont raison, leurs disques sont aussi élégants qu’ils sont de qualité – et le prochain ne manquera pas de suivre la règle*.
Binaire se paie le luxe de quatre nouveaux titres directement dans la continuité d’Idole, le troisième album du duo. Seules différences notoires : moins de propension à envoyer des rythmiques chaloupées pour faire danser filles et garçons – sauf sur La Télé Commande ! – et surtout un chant exclusivement en français qui ramène Binaire au ras des pâquerettes. Le chant, il faut l’avouer, a toujours été l’élément le plus faible du duo mais Binaire s’en est toujours bien sorti en recourant à des méthodes parfaitement déloyales : premièrement brailler sa race ; deuxièmement brailler des gros mots ; troisièmement brailler en anglais avec un accent coupé au yaourt et avec quelques bribes de français au milieu. Massacre En France – et son corollaire Haine Ce Soir ! – met tout de suite les choses au poin(g)t : la langue change mais pas le discours ou, plus précisément, Binaire n’a pas de langue, le groupe est un langage à lui tout seul et si la naïveté descriptive des paroles comme celles de Putain De Soirée vous passe au dessus de la tête, le constat envoyé par le groupe n’en est pas moins vrai… quitte à aller à contre-courant : sur La Jeunesse Veut Un CDI les deux Binaires assènent La jeunesse veut un CDI/La révolte l’ennuie/Elle renie son destin/Pour manger à sa faim et se moquent de celles et ceux qui ne veulent que la même petite vie peinarde et sans vague que leurs parents. Moi, ça me parle**.
Après la calotte adressée par Binaire, Nicolas Dick nous promet monts et merveilles et surtout un peu de repos avec un Retourné ambiant et paysagiste (on ne peut pas vraiment parler de drone, d’ailleurs c’est quoi le drone ? hein ?) mais non dénué d’une vivacité et d’une épaisseur saturée qui finalement rendent ces douze minutes inquiétantes et sombres. Après un premier album solo (Une Belle Journée), l’homme de Kill The Thrill continue de nous étonner et de nous ravir. Pourvu qu’il ait la bonne idée de continuer dans cette voie là.
On notera que l’artwork de ce disque est une œuvre de Der Kommissar aka Tristan de Ned. Le disque est limité à 300 exemplaires et est accompagné d’un coupon pour télécharger gratuitement l’intégralité de son contenu en format mp3. 

* ce n’est pas trahir un secret que de dire qu’il s’agira de Bar – Bari, le nouvel album de l’Enfance Rouge, en version vinyle (un double 10 pouces), le CD étant déjà sorti chez Wallace records
** pour quelqu’un comme moi qui jure qu’il en a jamais rien à foutre des paroles mises sur les musiques qu’il écoute – voire qui pense que trop d’idéologie dans la musique tue la musique – voilà un bon contre exemple…