mardi 15 février 2011

Moha! / Kriiskav Valgus






















Kriiskav Valgus est le nom du nouveau disque de Moha! et c’est un tout petit vinyle de 7 pouces, publié par Le Petit Mignon dans sa série Bugaboo! – ce qui signifie que le disque est accompagné d’un livret sérigraphié de dix pages et concocté par Bongoût. Toutes les premières publications du Petit Mignon avaient déjà vraiment la grande classe (avec à chaque fois un dessinateur/illustrateur/graphiste différent aux manettes) mais celle-ci les surpasse allègrement. L’alliance du plaisir des oreilles et de celui des yeux. Et quoi de plus normal pour un label très arty qui est également une salle de concerts et surtout un lieu d’exposition hébergé dans les locaux berlinois de Staalplaat, célèbre maison de disques s’il en est (au passage également distributeur des productions du Petit Mignon) ?
Côté musique Moha! ne déçoit absolument pas avec deux titres enregistrés en décembre 2009 et dans la droite lignée des travaux les plus récents du duo, l’album One-Way Ticket To Candyland chez Rune Grammofon et le split chez Gaffer records. Sur Naajlos Ljom Anders S. Hana (guitare, claviers et bidouille) et Morten J. Olsen (batterie et électronique) ont même semble t-il un peu plus radicalisé leur propos – c’est le format court qui leur donne des ailes ? – avec une déferlante sans discontinuité de rythmes pour lesquels employer les termes de pilonnage explosif ne serait absolument pas usurpé. Programmation de boite à rythmes et batterie s’entremêlent, techno indus d’un côté et breakcore tribal et harsh de l’autre, avec option gamepiece pour console de jeux poussée dans ses derniers retranchements, complètement disjonctée, à la limite du court-circuit généralisé. Fin de la face XX.
Face XY Brikjande Glime poursuit dans l’optique mitraillette brésilienne et flipper mécanique pour le moins incohérent. Les deux Moha! n’ont toutefois pas bloqué la pédale d’accélérateur au plancher et les rythmes sont moins barrés. On a plus le temps de se rendre compte des allers et retours rythmiques entre les deux musiciens, de leur capacité à jouer au Tetris les yeux bandés et les mains liées dans le dos, comme s’ils passaient leur temps à se donner des coups de boule. On ne sait finalement ce qui fait le plus mal : la déculottée bio-ionique de Naajlos Ljom ou le mode d’emploi sadique de Brikjande Glime. Mais on aime.