samedi 19 février 2011

In Zaire - The Skull Defekts / split


Le nouvel album des Skull Defekts, Peer Amid, est l’un des deux disques les plus attendus de ce début d’année – l’autre étant bien sûr le deuxième enregistrement studio de Psychic Paramount – et avant de vérifier si cette attente était justifiée ou pas, petit retour en arrière avec un 12’ split publié par le label italien Holidays records avec d’un côté nos suédois préférés en effectif réduit et de l’autre In Zaire, un groupe italien avec des membres de G.I. Joe dedans. Ce disque est sorti il y a à peine moins d’une année mais est complètement passé inaperçu… la faute à un artwork spatio-loukoum sous acide ? tout ça parce que le groupe italien n’a pas l’air bien terrible ? ou alors parce que lorsque les Skull Defekts jouent en formation resserrée on se doute que l’on va entendre le mauvais côté expérimental/drone-indus du groupe et qu’en général ça ne vaut pas tripette ?
On s’attaque courageusement à la face In Zaire et à un long titre de quinze minutes intitulé Space Age (les clichés continuent). Entre psychédélisme baba et space rock à la Hawkwind, Space Age ravira les béotiens qui sont nés trop tard pour avoir été traumatisés durablement par les disques de leurs parents ou de leurs grands frères et grandes sœurs – ces derniers les ayant fort heureusement jetés à la poubelle avant que leurs cadets aient eu la mauvaise idée de les leur piquer. Tout confère donc à ce que l’on découvre dans Space Age les joies véritables d’un rock progressif jouant au long court, avec surcharge d’échos et faille interstellaire que n’aurait pas reniées un Pink Floyd lénifiant. A partir de sa seconde moitié Space Age passe en mode autoroutier façon Maserati, la basse vrombit dans les limbes et le batteur devient le roi du déhanchement en tapant à contretemps sur sa charley. Puis retour à Hawkwind avec un chant de baleine en pleine overdose de plancton fluorescent… En vérité tout ceci est réellement à vomir : on a déjà mis beaucoup trop d’années à tenter de se débarrasser du rock progressif, on avait cru y être arrivé pour de bon mais non, l’échec est en fait total – alors pendant combien de temps devrons-nous encore supporter ce genre d’étrons musicaux pour arriérés mentaux ?





















La journée est foutue. On a entre les mains un LP dont la première face nous a atrocement fait souffrir et on écoute la face B – celle des Skull Defekts – uniquement pour en avoir le cœur net. Comme on pouvait le craindre lorsque les suédois jouent en formation resserrée, The Lower Part Of Yourself est un titre expé à base de bourdonnements de salle des machines à peine dérangés par des grincements plastifiés et une guitare moulinée au delay. Comme d’habitude ce n’est pas si mal mais on préfèrera toujours et encore les Skull Defekts dans la version deux guitares + batterie + chant et bidouille du groupe. Or, miracle, c’est exactement ce qui se produit sur Human Horse Head pour une version ralentie, sale et psychotique de la musique des Skull Defekts qui n’est pas sans rappeler non plus les sables mouvants diaboliques d’un Chrome. La guitare égrène trois ou quatre notes répétitives et aigrelettes tandis que la rythmique pédale dans les bas-fonds alors on se dépêche de vérifier dans les notes de pochette au milieu desquelles on repère le line-up suivant : Daniel Fagerström à la guitare, Joachim Nordwall à la deuxième guitare et à la voix et Henrik Rylander à la batterie, les trois étant crédités à je ne sais quelles manipulations sonores le reste du temps. On comprend beaucoup mieux comme ça
Et on comprend surtout que l’on a donc eu tort de soupçonner le groupe d’avoir encore succombé aux tentations arty-bruitistes dont il ferait mieux de se défaire. Sur Skull Oscillator on retombe pourtant dans le même type de remplissage qu’avec The Lower Part Of Yourself et il faut attendre XXX pour goûter à nouveau au post punk tribal et enlevé des Skull Defekts, mélange de dissonances garages et de froideur noisy. XXX pâtit par contre un peu de son côté inachevé et du caractère souffreteux du chant. Malgré une fin pyrotechnique la tendance est à l’essoufflement et XXX finit par ressembler à ce qu’il doit sûrement être : une composition que les Skull Defekts auraient jugée trop faible et donc n’ont jamais enregistrée pour un de leurs albums. Pourtant il ne manquerait pas grand-chose à ce XXX pour atteindre le niveau d’excellence habituel du groupe mais comme on reste également bien au dessus des plages bidouillées et autres facilités pseudo expérimentales, ce split – au moins en ce qui concerne les Skull Defekts – devient un disque à écouter avec soin et à apprécier avec plaisir. Finalement cette journée n’a pas été si foutue que cela.