C’est bien connu, c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes et question vieux pot, Venomous Concept en connaît un rayon. Jugez plutôt : Kevin Sharp de Brutal Truth au micro, Dan Lilker des mêmes Brutal Truth à la basse, Shane Embury de Napalm Death à la guitare et Danny Herrera toujours du même groupe à la batterie. A noter qu’à l’origine le meilleur ami des nerds, King Buzzo des Melvins, tenait la guitare alors qu’Embury jouait de son instrument habituel : la basse atomique.
Le premier intérêt de Poisoned Apple (deuxième album du groupe publié en 2008 par Century Media mais enregistré il y aurait déjà deux ans, en 2006) c’est d’offrir du neuf côté Kevin Sharp, l’homme aux hurlements d’or et portant les plus belles chemises du monde : en effet il va falloir attendre encore un peu avant de pouvoir entendre un nouvel album de Brutal Truth reformé l’année dernière ou alors se contenter du malheureux titre de la compilation This Comp Kills Fascists lorsque celle-ci sera disponible.
Avec un peu de mauvais esprit on peut considérer que la désaffection de Buzz Osborne du poste de guitariste -c’est parce qu’il est beaucoup trop occupé par les Melvins mais il n’est pas sorti de l’auberge si on considère les versions de Nude With Boots à paraître début juillet qui circulent depuis presque deux mois sur le net- est une déception, faisant passer Venomous Concept du statut de super groupe partouzard à celui d’alliance anglo-américaine du punk hard core.
Et c’est en fait le second et principal intérêt de Poisoned Apple, ce pacte de fer, cette intransigeance à perpétuer la jouissance de chansons qui ne répondent qu’à deux ou trois caractéristiques essentielles mais suffisantes : c’est court, c’est speed et c’est violent. Parfois aussi jouissif qu’un vieux titre d’Exploited (mais la voix d’alcoolique écossais en moins) comme sur l’introductif Drop Dead, Venomous Concept n’hésite pas non plus à cracher ses gammes grind (Toxic Kiss, en deuxième position du disque). Avec des mid tempos tels que A Case Of The Mondays on en vient à soupçonner que c’est dans le registre de l’hymne à bière et au headbanging que nos quatre garçons sont les meilleurs mais peu de temps après retentit la furie simplissime d’un Workers Unite (agrémenté d’un magnifique solo de guitare au démonte-pneu) et soudain on sait, on sait que l’on écoute un disque qui tient toutes ses promesses alors qu’il n’en avait faite aucune, à part celle d’atomiser des lapins comme sur la magnifique illustration de la pochette. De l’énergie pure et enfin un véritable rayon de soleil de printemps.